Touristes

« Arrête de gigoter ! »

Eliote pinça la taille de la jeune fille. Quand il s’agissait de kimono, il ne plaisantait pas. Attacher l’obi en forme de papillon était une tâche des plus ardues. Heureusement, il était passé expert dans cet art, sa mère possédait des kimonos par centaine et insistait toujours pour qu’il l’aide [elle en profitait pour le travestir quand il était plus jeune : « Oh ! Essaye ce kimono, Lioliotte d’amour. Tu vas être trop mignoooon »]. Une fois le nœud finit, il admira son œuvre : parfait.

La situation était tout de même étrange, il avait l’impression d’être dans un rêve éveillé. Et toutes les peluches qui ornaient la pièce le faisaient douter sérieusement. Un énorme lapin rose le fixait de ses yeux exorbités avec un tout aussi grand sourire d’où deux longues incisives dépassaient. Il lui donnait la chair de poule. Un pirate qui a peur d’un lapin en peluche, on aura tout vu. Pirate…Ce mot résonnait dans l’esprit d’Eliote. Alors, ça y était. Il était devenu pirate, finder de l’un des plus grands clans de la Confrérie. Son cœur se mit à battre plus vite et un sourire béat naquit sur ses lèvres. C’était vraiment trop beau. Il savait bien que sa situation était plus qu’instable, que personne ne devait savoir ce qu’il était devenu sous peine de ne plus jamais pouvoir revoir sa famille. C’était un risque qu’il fallait prendre, et il adorait le risque. Eliote se voyait déjà dans les missions les plus folles : il aurait été invité à un bal de la Haute ; de là et après un repérage rapide et efficace, il aiderait ses camarades ( camarades ! Les pirates, ses camarades !) à s’infiltrer dans le somptueux manoir qu’ils dépouilleraient de tous ses biens de valeurs. On le féliciterait pour son travail impeccable et ses capacités d’observations. On le porterait en triom…Une douleur à la tempe le fit revenir sur terre. Pour le moment, elles étaient bien loin les missions : on l’avait pris « à l’essaie », et essaie chez Leila semblait vouloir dire « comme esclave personnel ». Eliote était arrivé la veille au soir à Evraska et il n’en avait encore rien vu. Il avait à peine eu le temps de déposer ses affaires dans la chambre de bonne qu’on lui avait attribuée et de dormir quelques heures avant d’être trainé jusqu’au manoir de la Bête. Car sous ses aires de poupée qui avait trompé Eliote lors de leur première rencontre se cachait une véritable amazone. Et cette amazone prenait un malin plaisir à le martyriser ! Elle lui avait fait faire TOUTES ses corvées : de la vaisselle au repassage en passant par jouer à la dinette avec Monsieur Guimauve. Le dit Monsieur Guimauve était la peluche préférée de Leila, un lapin encore plus grand que celui cité précédemment d’un joli blanc aux oreilles, pattes et queue roses qui faisait penser à ce fameux bonbon, d’où le charmant nom que lui avait attribué Eliote. Il fallait avouer que Monsieur Guimauve était très mignon. Lui faire prendre le thé avait été un petit plaisir, surtout que Monsieur Guimauve avait beaucoup de conversation ! Eliote et lui avait beaucoup de point commun. Monsieur Guimauve avait d’ailleurs été très gentil, le laissant manger tous les gâteaux du service à thé. Mais il avait fallu s’y remettre et Eliote avait enchainé avec la lessive et la poussière. Et par Eros ! Toutes ces peluches étaient un nid à acariens.

C’est avec des crampes et des ampoules aux mains qu’il était allé aider Leila à s’habiller. Et maintenant, il en avait plus que marre. Il alla s’effondrer sur un canard géant (qui lui faisait atrocement penser à Marcel) en poussant un soupire à fendre l’âme. Il était en sueur, ses mèches rousses lui collaient au front, le tissu de son débardeur était humide. Il voyait par la fenêtre le soleil disparaitre derrière l’horizon. Que n’aurait-il pas donné pour aller faire un tour dehors, profiter de la fraicheur de la nuit.

« Dis Leila…On pourrait pas aller visiter la ville ? J’ai vraiment envie de voir à quoi ressemble la cité ! Et si on allait au Dreams Park ? Je suis jamais allé dans un parc d’attraction ! Allé, s’il te plaiiiiiiiiiiiiiiiit ! fit-il des larmes de crocodile pleins les yeux. »

Il n'attendit pas la réponse pour la prendre par la main et la trainer à sa suite, dévalant les escaliers. Il sortit en trombe de la villa et se retourna vers la jeune pirate. Il appréhendait quelque peu sa réaction mais elle l'avait exploité toute une journée : elle lui devait bien ça. Alors qu'il allait lui faire part de son itinéraire, il rentra violemment dans un passant. Il s'excusa rapidement, tendant une main pour aider le jeune homme ROUX à se relever.

- Hnnn...

Voilà ce qui arrivait lorsque le soleil se plaisait à envahir toute une pièce de ses rayons dorés en une fin de journée plutôt prononcée. Ayant lâché ce simple gémissement alors qu'il se retournait paresseusement dans les draps de satin blanc qui le recouvraient, Tiky tenta de retomber dans les bras d'un sommeil profond. Enfouir son visage dans l'oreiller était bien souvent la meilleure méthode possible pour y parvenir, si ce n'était qu'il manquait presque à chaque fois de s'étouffer. Cela ne dura donc que peu de temps avant qu'il ne décida de se redresser légèrement pour regarder par la fenêtre qui venait de provoquer son tracas. Clignant des paupières à plusieurs reprises, il finit par s'asseoir doucement et par se frotter les yeux : manie qu'il avait conservé depuis son plus jeune âge et qui ne semblait pas prête de le quitter de si tôt. Il avait horriblement mal à la tête... Sans aucun doute avait-il un peu trop bu la nuit précédente à Anthélima... Lâchant un nouveau gémissement à fendre l'âme, le jeune homme passa une main dans ses longs cheveux roux avant de regarder autour de lui sans vraiment reconnaître les lieux. Pendant un moment, il avait songé demander à son frère où ils se trouvaient, mais, se remémorant un peu la soirée arrosée qu'il avait passé, il se rendit soudainement compte qu'il n'avait probablement pas eu le réflexe de rentrer à la maison. Idée qui fut d'ailleurs renforcée par la présence d'une jeune femme auprès de lui, profondément endormie. Où se trouvait-il donc ?

Tiky se gratta l'arrière du crâne en affichant un air perplexe : s'il avait dormi nu avec cette fille, cela voulait probablement dire qu'il venait de passer une nuit à faire quelques galipettes... Et s'il y avait passé la nuit, cela signifiait qu'il n'était pas rentré... Et s'il n'était pas rentré de la nuit, Asch devait déjà ratisser toute la ville à sa recherche... Et si Asch le retrouvait... Bref, tout un tas d'enchaînements logiques qui vinrent lui arracher une expression tristounette qu'il se hâta de chasser pour se redresser à la recherche de ses vêtements. Il s'agissait désormais de sortir de cette maison et de retrouver son chemin avant d'être tout simplement retrouvé. Le roux retrouva ses effets personnels éparpillés un peu partout dans la pièce, cherchant dans les moindres recoins, mais sans faire le plus petit bruit par crainte d'éveiller sa compagne d'un soir et de se retrouver à se justifier au sujet de son départ précipité. Tiky détestait être vu lorsqu'il fuyait les bras de la gente féminine de la sorte...

Lorsqu'il fut enfin habillé et qu'il eut quelques peu arrangé ses cheveux, ses yeux verts se reportèrent une fois de plus vers les rayons du soleil, et vers le ciel qu'il avait l'impression de voir devenir de plus-en-plus sombre... Allons bon, il n'avait tout de même pas dormi durant toute une journée ? Cela justifiait néanmoins le fait qu'il eut une migraine atroce, ainsi que quelques courbatures... Cela ne faisait donc pas une nuit qu'il se trouvait là, mais une journée !

- Catastrophe ! S'exclama-t-il en se dirigeant vers la porte de la chambre rapidement pour emprunter les escaliers les plus proches et chercher une porte de sortie.

Lorsqu'il rentrerait, ce n'était pas seulement Asch qui ferait preuve de sévérité à son égard, mais aussi le boss, et Nathalia, qui allait probablement hurler... Tant de regards qui se poseraient sur lui et le réprimanderaient par quelques mots difficiles à entendre... Pourrait-il alors compter sur un petit regard malheureux pour se sortir de cette situation déplaisante qui lui vaudrait probablement de passer les jours suivants à Eprona ? A moins qu'il n'inventât une situation imaginaire dans laquelle il aurait pu se retrouver, ce qui aurait sans nul doute pour effet de provoquer la colère de son jumeau... Ce dernier aurait tôt fait de repartir pour flanquer une raclée aux coupables qu'il ne trouverait pourtant jamais. Tout à sa réflexion, il finit par trouver la porte de sortie de la maison, la passant sans demander son reste pour se faufiler dans des rues qu'il ne reconnaissait pas.

Après un temps passé à errer dans les divers endroits près desquels il passa, Tiky sentit soudain une drôle de boule se former dans le creux de son estomac. Oh, il n'était plus un enfant, ni même n'avait véritablement peur, mais cette angoisse naissante ne lui était pas inconnue : Il ressentait toujours la même chose lorsque sa moitié ne se trouvait pas là où il était sûr de la retrouver... S'il avait été un gosse, comme autrefois, sans aucun doute se serait-il recroquevillé dans un coin en attendant qu'Asch vienne à son secours. En l'occurrence, il avait perdu cette habitude puisqu'il se trouvait être bien plus sûr de lui qu'en ce temps-là. Perdu dans ses pensées, il ne se rendit pas compte que quelqu'un venait droit devant lui, le percutant de plein fouet pour l'envoyer se réceptionner sur les fesses ! Qui avait-il bousculé comme ça ? Secouant la tête, un peu sonné, le jeune homme leva simplement les yeux vers la main qui se tendait dans sa direction avant de remarquer une présence cette fois familière... Ce n'était pas celle qu'il aurait le plus attendu, mais, au moins, pourrait-elle le sortir de cette situation...

- Leila... Ton copain pourrait faire plus attention ! Lança-t-il en prenant un air faussement détaché avant de hausser un sourcil et d'adopter un léger sourire taquin.

Il s'agissait simplement de sa façon à lui de dire bonjour à l'adolescente blondinette qui dirigeait le Clan Momiji.

Invité

La villa de Leila était grande. Assez grande pour y accueillir quelques personnes, mais pas assez pour qu’elle se sente seule. C’est pour ça qu’elle aimait sa maison. En plus de cette qualité qui la faisait se sentir chez elle, la jeune pirate aimait par-dessus tout décorer les pièces selon ses goûts. C’est sans doute pour cette raison que la plus grande partie des pièces étaient roses parsemées de quelques touches de vert clair. Pour la plupart, elles comportaient un grand nombre de peluche en toute sorte, même si Leila avait un faible pour les lapins.
C’est au bout d’une longue journée que Leila se rendit dans sa chambre. Évidemment, celle-ci possédait la plus grande partie de la collection de Lapin du boss. Un lit à baldaquin rose, les murs tout aussi roses avec des étoiles vertes (oui, quel drôle d’idée). Soit, il ne sert à rien de discuter des goûts d’une fille de son âge.
Eliote était présent lui aussi. Durant toute la journée, elle s’était amusée à lui faire faire les corvées. Il était bien rare qu’elle fasse faire ces corvées aux membres de son clan, mais il était le genre d’homme qu’elle aimait ennuyer. En plus, il était tellement déterminé qu’il n’avait pas osé lui refuser quoique se soit.

« Rolalaaaa Lioliotte, tu devrais avoir un peu plus de caractère » ,lui avait-elle dit plus tôt dans la journée.

Il la vénérait tellement, qu’Eliote n’avait pas pris en compte sa phrase et la journée c’était terminée sur une autre flopée de corvées.
C’est de cette façon que Leila s’était retrouvée debout sur une chaise dans son antre. Tenant absolument à mettre son nouveau kimono rose et vert, Eliote avait proposé de lui attacher le nœud de ceinture. Véritable origami en matière de vêtements, Leila en avait bien été incapable la première fois qu’elle avait essayée. Heureusement, Eliote lui aura au moins servi à ça.

« J’ai faimmmmm »

« Dis Leila…On pourrait pas aller visiter la ville ? J’ai vraiment envie de voir à quoi ressemble la cité ! Et si on allait au Dreams Park ? Je suis jamais allé dans un parc d’attraction ! Allé, s’il te plaiiiiiiiiiiiiiiiit ! fit-il des larmes de crocodile pleins les yeux. »

À peine Eliote avait terminé sa phrase qu’il entraînait Leila en dehors de sa villa. C’est alors qu’elle vit deux éclairs rouges entrer en collision. Elle assista à un étrange phénomène : deux roux étendus par terre. Un, par bêtise, l’autre, par malchance.

- Leila... Ton copain pourrait faire plus attention !

Leila ne put s’empêcher d’éclater de rire suite à la remarque de Tiky. Après tout, c’est lui qui se trouvait dans la situation la plus étrange. Il se trouvait dans la cité du clan momiji, sûrement venait-il de quitter le lit d’une femme et en plus, personne ne devait être au courant de sa présence ici. Et lui, sans hésitation, il lui balance un « ton copain pourrait faire plus attention ! ». Soit, de toute façon, Leila aimait bien Tiky. Ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’est sa naïveté cachée par son « rôle » de don juan. C’est sans doute pour ça qu’elle adorait faire semblant de le draguer. (N’étant pas encore intéressée par les hommes, à son âge, peu de chance pour que ça soit vrai.)
C’est donc comme ça, que quelques secondes après que Tiky se soit levé, Leila s’était jetée dans les bras de Tiky et lui avait fait un énorme bisou sur la joue.

« Si tu veux passer la nuit chez une femme, t’as qu’a venir chez moi »

Oh, notre cher pirate était vraiment audacieuse. Bien entendu, elle savait que Tiky lui répondrait non. Elle savait aussi que ça choquerait la paire de roux. Et bien, tant mieux, elle ne s’ennuierait pas.

« Lioliotte si tu veux qu’on aille à Dreams park faut que tu me coupe ce kimono, je bouge comme un robot dedans. Fais-moi ça plus court »

Comme toujours Leila était intraitable. Toujours pendue au cou de Tiky, elle attendait que le canari vole jusque chez sa maîtresse.

« Leila…Ton copain pourrait faire plus attention ! »

Et voilà que la pirate explosait de rire. Eliote devait-il relever une pointe de sarcasme ? Bon, il était peut être un peu tête en l’air [juste un peu !] mais ça faisait partie de son charme. Il allait répliquer vertement quand ses yeux rencontrèrent ceux de l’homme. Il le jaugea rapidement : un pirate [s’il se trouvait ici, il l’était forcément] roux aux yeux verts de 18,19 ans, un peu débraillé et inconnu au bataillon. Mais il semblait que Leilei le connaissait plutôt bien si l’on considérait que se pendre au cou d’un homme en lui claquant la bise était un signe de bonne entente. A bien l’observer, le visage du sieur lui paraissait familier. Impossible de remettre un nom dessus. Ça finirait bien par lui revenir.

« Si tu veux passer la nuit chez une femme, t’as qu’à venir chez moi »

Oula ! Il semblait que le finder ait vu juste [ses capacités d’observation était vraiment sans faille !] mais qu’il ait atténué un peu la chose. Eliote écarquilla les yeux sous la surprise, s’étouffant avec sa salive. Sans aucune amorce, elle venait de lui faire une proposition des plus suggestives. C’était comme ça que l’on se saluait chez les Momiji ? Etrange…Vraiment une bande de dépravés ! Mais Leila avait quand même 13 ans, elle était en pleine puberté avec des hormones beaucoup trop actives. Enfin…« actives » n’était peut être pas le mot juste, elles paraissaient prendre leur temps au niveau poitrine. Eliote doutait sérieusement qu’elle puisse intéresser un homme mature et sain d’esprit [comprendre ici qui ne fait pas dans la pédophilie].

Eliote finit par reprendre contenance, les joues un peu rouges et la gorge brulante. Il s’essuya d’un revers de main les larmes qui menaçaient de couler. Il avait bien envie de lui répondre « Et c’est toi qui dit ça, planche à pain ? » mais les mots « à l’essaie » raisonnaient dans sa tête. Il fallait être sage : aujourd’hui Eliote allait être un grand garçon et prendre sur lui. C’était son avenir qu’il jouait. Mais avenir ou pas, une voix au fond de lui hurlait à la révolte. Il finirait bien par lui dire le fond de sa pensée. Bien qu’il ait beaucoup de respect pour elle [c’était une de ses idoles, l’une des Sept], elle commençait vraiment à lui taper sur le système. Combien de fois cette après midi s’était-il retenu de prendre le premier lapin géant à porté de main et de l’étouffer avec ? Ah oui ! Vingt-quatre fois.

Mais la relation entre Roux Numéro 2 [il était Numéro 1, bien sûr] et Leilei l’intriguait. Et le plus simple était encore de demander.

« Euh…J’ai loupé quelque chose ? Comme l’identité de ton pote par exemple. Vous semblez plutôt proche tous les deux, un pirate du clan ? Alors je me présente, je m’appelle Eliote et je suis nouveau. J’espère réussir à bien m’intégrer parmi vous. On partait pour le Dreams Park, tu veux te joindre à nous ?»

« Lioliotte, si tu veux qu’on aille au Dreams Park, faut que tu me coupes ce kimono : je bouge comme un robot dedans. Fais-moi ça plus court !»

« Fais moi ça plus court et gnagnagna et gnagnagna ». C’était au niveau du cou qu’il allait raccourcir ! Zen Eliote, zeeeeeeeen.

« J’ai l’air de savoir coudre ? Et un kimono ça se porte long. Mais si tu veux raccourcir, on va raccourcir. Eh, rouquemoute ! Passe-moi ton cure dent ! »

Eliote s’en saisit, sortant l'épée de son fourreau de cuir. Il s’accroupit devant Leila et craqua les coutures jusqu’à mi cuisse avec la pointe. Il passa ensuite la lame dans la fente, tint fermement le tissu pour le lisser d’une main et le coupa droit d’un geste expert de l'autre.

« Voilà, comme ça madame peut gambader à son aise. En exclusivité pour vous, le Kimini ! »

Eliote préférait garder l’épée encore un peu, en prévision de la réaction de Leila. Il avait toujours ses armes sur lui [on ne se baladait pas sans armes dans une cité pirate !] mais une épée en plus ne serait pas de trop pour contrer la folie meurtrière de la jeune fille. M’enfin, peut être apprécierait elle le concept du Kimini…vraiment mini. Le bas du vêtement s’effilochait, il avait bien envie de sortir un briquet pour en bruler le bout, comme avec les rubans qu’il s’accrochait à la cheville étant enfant. Mais il doutait du résultat…Par prudence, il se rapprocha imperceptiblement du pirate : entre roux, on s’entraidait, non ?

« Si tu m’aides à m’en sortir, je te donne l’adresse de mon coiffeur. Ta coupe est vraiment horrible ! » lui souffla-t-il discrètement.

Quelque chose lui disait que son argument n’était pas des plus convaincants…

La réaction ne se fit pas attendre, comme attendu de la part de Leila Isydhor. Cette dernière éclata d'un rire cristallin face à une telle remarque, faisant apparaître un nouveau sourire sur le visage de Tiky alors que ce dernier se redressait sur ses deux jambes, s'époussetant les fesses tranquillement et tâchant de remettre de l'ordre dans ses vêtements enfilés à la hâte. La phrase qui s'en suivit ne manqua pas de provoquer un certain silence de sa part, contrairement aux rougeurs qui s'affichaient sur le visage du garçon qui accompagnait la jeune fille. Tiky ne rougissait plus pour grand chose avec tout ce qu'il avait pu vivre depuis son adolescence. Alors une petite phrase provocatrice aurait tôt fait de provoquer un petit air défiant qu'il se plaisait à arborer lorsque l'on pensait pouvoir le "dominer". Il s'apprêtait à répondre qu'il ne prenait jamais les filles au berceau, lorsque le compagnon en question vint subitement les interrompre pour se présenter. Eliote ? Ca ne lui disait absolument rien... Il se demandait même ce que ce petit gars -qui ne l'était guère moins que lui- pouvait bien faire en compagnie de l'une des sept étoiles de la Confrérie. A dire vrai, c'était probablement parce qu'il s'en moquait un peu que le roux ne posa pas la question, se contentant de les regarder qui s'affairaient à donner une nouvelle coupe au kimono que la gamine portait. C'était une drôle de façon de porter un tel vêtement, mais puisque les désirs de l'adolescente étaient vraisemblablement des ordres, mieux valait s'y tenir au risque de subir un léger caprice.

"Rouquemoute" ? Tiky demeura si surpris par un tel surnom qu'il céda à ce petit le soin de s'emparer de son épée pour l'utiliser à des fins de couture somme toute pas très sympathiques. Allons bon, c'était indéniable, s'il était débrouillard, il ne l'était sûrement pas avec une arme... Tout Kage qu'il était, Tiky songeait être capable de prouesses bien meilleures que ce que pouvait effectuer ce gars. Tout à sa petite observation, le jeune homme repensa aux quelques mots qui lui avaient été dits quelques instants plus tôt : le dénommé Eliote pensait qu'il appartenait au clan Momiji. Si Leila se taisait, l'expérience pourrait être marrante, tout comme le fait de se rendre à Dreams Park : mais c'était sans compter l'horrible gueule de bois qui s'éprenait du cerveau de notre épéiste. Aller s'amuser alors que son propre clan se faisait du soucis ajouterait à sa peine lorsqu'il daignerait enfin rentrer. Tiky était plutôt je m'en-foutiste sur beaucoup de points, mais, comme chacun le savait ou presque, lorsqu'il s'agissait de son allégeances, il était bien loin de prendre les choses à la légère ! N'était-il pas l'un des protecteurs de son boss après tout ? Si Ash Ezo savait se défendre seul, son Kage numéro deux avait pour habitude de veiller au grain, et ceci même sans qu'on eut besoin de lui demander de le faire.

« Si tu m’aides à m’en sortir, je te donne l’adresse de mon coiffeur. Ta coupe est vraiment horrible ! »

A peine eut-il entendu la phrase suivante qu'il se contenta d'afficher un sourire enjoliveur avant de s'emparer du couteau qui était attaché à son mollet droit d'un tour de main rapide. L'action suivante n'en fut pas moins hâtive puisqu'il ne se priva pas de trancher la ceinture du pauvre pantalon de son interlocuteur, avant de lui arracher son arme de la main pour la ranger dans son fourreau avec habileté.

- Désolé, les armes ne sont pas pour les gosses et tu risques de blesser quelqu'un !

Et, le snobant littéralement pour approcher de Leila, Tiky passa directement au sujet qui l'intéressait pour la suite des évènements. Il savait la jeune fille définitivement peu prompte à se laisser berner par ses petits stratagèmes, bien que quelques uns eurent parfois fonctionné par le passé, mais décida tout de même d'adopter ce petit ton mielleux et ce regard de chiot abandonné histoire de lui montrer qu'il était réellement dans une situation urgente. Mieux valait qu'il eut le réflexe de dire la vérité pour une fois, bien qu'il ne rentrerait pas dans les détails qui vaudrait à Leila d'aller tout raconter à Anise. S'il appréciait énormément la petite brune, il la savait suffisamment peste pour venir le charrier avec cette histoire pendant des semaines.

- Leilaaaa, Cinquième Etoile brillant au-dessus de nos humbles têtes, Première Etoile de mon coeur... J'aurai besoin de tes conseils avisés avant toute chose... Permets-tu ?

Ce qui voulait dire, au bas mot "Puis-je te parler ? C'est extrêmement important ! S'il te plaît ! Je suis dans une mouise pas possible !". Il espérait qu'elle aurait le bon sens de comprendre ce qu'il sous-entendait...

Invité

[HJ : Je ne savais pas trop comment faire évoluer tout ça, désolée Wink

Je me rattraperais au prochain post]

« J’ai l’air de savoir coudre ? Et un kimono ça se porte long. Mais si tu veux raccourcir, on va raccourcir. Eh, rouquemoute ! Passe-moi ton cure dent ! »

Leila laissa à Eliote le droit de montrer un peu d’impertinence dans ses phrases. Après tout, c’est elle qui l’avait poussé à bout. Après avoir emprunté l’épée de Tiky, il coupa le kimono de la jeune fille. Le final n’était pas parfait, mais lorsque l’on savait que c’était Lioliotte qui avait coupé le tissu, on ne pouvait que s’étonner de ses prouesses.

« Voilà, comme ça madame peut gambader à son aise. En exclusivité pour vous, le Kimini ! »

Soit, Leila avait été rude, mais là, Eliote aurait mieux fait de tenir sa langue. Surtout que ce n’est pas avec une épée en main qu’Eliote aurait pu faire quoique se soit à la jeune fille. Elle s’élança alors sur lui, projeta la lame en l’air avant de faire trébucher Eliote et pointer sur lui son poignard.

« Sache, mon cher Eliote, que tu n’es pas en position pour me parler de la sorte. D’ailleurs, je ne te permets pas de te présenter comme membre de mon clan, pour le moment tu n’es rien et tu ne ferais que salir mon nom en te présentant de la sorte. N’oublie pas les conditions qui ont été prononcées lors de ton entrée en tant qu’apprenti. D’ailleurs, vu tes capacités, tu devrais être plus qu’heureux d’avoir été pris comme tel. »

Le visage rouge de colère, Leila s’apprêta à égorger Eliote, lorsque Tiky s’approcha d’elle en lui baragouinant quelques mots qui signifiaient qu’il voulait lui parler. Elle hésita quelques instants à laisser Eliote comme ça, puis finit par lui chuchoter à l’oreille :

« Sache que tu as deux choix devant toi : soit tu me respectes, moi et mes ordres, soit je te tue. Pour le moment tu ferais bien de rester ici.»

Elle resta encore quelques secondes au-dessus d’Eliote pour finalement s’approcher de Tiky. Bien, la jeune fille se doutait, pour une raison des plus évidentes, le sexe, qu’il s’était retrouvé dans sa cité. Elle se doutait aussi des répercutions de ses actes sur certains membres du clan Ezo. Malgré ça, Leila laissa l’occasion à Tiky de lui parler et de soumettre son problème. La boss n’aimait pas parler avant que l’on expose ses problèmes, même si dans la majorité des cas elle avait une idée de ce dont ils allaient lui parler.
C’est pour ça que l’étoile s’éloigna à une distance de sécurité d’Eliote, pour ne pas qu’il entende leur conversation et qu’elle sourit à Tiky.

« Parle, je t’écoute »

S’il y avait bien une chose à retenir de cette altercation avec les deux pirates, c’est qu’ils prenaient facilement la mouche. Le sermon auquel il avait eu droit l’avait un peu remué : il avait eu le mérite de le faire redescendre sur terre. Alors c’était inévitable la hiérarchie ? Même chez les pirates il se devait de la respecter ? Ce classement qu’il avait en horreur et qu’il avait dû subir toute son enfance, qui étiquetait les gens sur leur simple apparence, leur naissance, leur ancienneté… La hiérarchie rythmait les règles de bienséance de la Haute Société. Dès son plus jeune âge, il avait vu défiler des trombinoscopes remplis de mille et un visages inconnus dont il fallait retenir le nom, les principales possessions et le rang : au dessus, en dessous. Ceux de haut rang étaient des descendants de grandes familles de l’ancienne noblesse aux arbres généalogiques compliqués, aux fortunes colossales et aux possessions nombreuses. Les Monnin faisaient parti de ceux-là bien que l’on trouvait toujours plus haut placé. En public et lors des bals, Eliote se devait de respecter les règles de la hiérarchie que son père s’était charger personnellement de lui inculquer : « Lorsque tu arrives, tu salues en premier les invités d’honneur, peu importe leur rang, puis la maitresse de maison si elle est d’une classe plus élevée, sinon il lui faudra venir d’elle-même : ce serait un affront. Lors de la première valse, tu laisses les invités d’honneur commencer, s’ils sont au dessus, tu te joins à eux au bout de quatre reprises, sinon tu attends la moitié de la valse. Tu n’invites pas de personnes d’un rang inférieur à danser si elles ne sont pas venues te saluer avant. Tu salues uniquement les gens d’un rang supérieur ou égal au tiens. En public, aucunes démonstrations d’affections, pas même à moi ni à ta mère. Ces règles doivent être respecté pour tous les invités, quelque soit leur âge. ». Il se rappelait très bien de ses premiers bals à ses six ans, la plupart de ses camarades des cours d’art du temple étaient présents aussi. Mais fini les chamailleries, les cache-cache et les chats bougies. Avant de se saluer, un trombinoscope défilait devant leurs yeux : au dessus, en dessous ?

Quand il fut arrivé à l’âge de raison, le petit Eliote s’était interrogé sur toutes ses pratiques : ne pouvait-il y avoir d’égalité même dans leur société ? « L’égalité n’existe pas Eliote. Certains naissent humains, d’autres elfes, élus ou rejetés, hybrides ou sang-mêlés, héritier de la famille Monnin ou sixième fils d’une famille de roturier dans les bas fond de Tinkreet. La hiérarchie, c’est ce qui organise tout ça, il faut la respecter scrupuleusement et se tenir aux règles. La société c’est comme la chaîne alimentaire : manger ou être mangé. Tu as la chance d’être né loup plutôt que mouton alors ne réclame pas l’égalité car elle n’est pas de ce monde. Mais saches qu’on est toujours le mouton de quelqu’un alors ne commets jamais d’impair, la société ne pardonne pas. ». Son père ne croyait pas si bien dire. Car chez les pirates, Eliote se retrouvait mouton : un petit nouveau mollasson à l’air niais pas débrouillard pour un sous. Mais si pour monter dans la hiérarchie de la Haute, le mariage ou les pots-de-vin étaient les seules solutions, chez les pirates, il lui fallait juste faire ses preuves. Et le mouton ne le resterait plus longtemps. Mais il allait falloir qu’il s’habitue à avoir un loup toujours prêt à montrer les dents sur le dos. Il devait juste apprendre à se tenir, tirer un peu sur la bride de son âme trop rebelle qu’on avait modéré déjà trop longtemps. Il avait bien tenu 17 ans, un peu plus, un peu moins… Il tiendrait au moins jusqu’à ce qu’il ait remonté un peu dans la chaine alimentaire : le statue de ruminant n’était pas des plus flatteurs. Il espérait bien atteindre celui d’un quelconque oiseau qui puisse voler de ses propres ailes, avoir juste un semblant d’autonomie. La patience était de mise.

Eliote se releva un peu fourbu, son dos n’avait pas vraiment apprécié sa rencontre trop violente avec le sol. Son pantalon tombait un peu trop bas sur ses hanches, laissant sans doute voir le haut de ses sous-vêtements. Il ramassa les chutes du Kimini et y découpa une bande qu’il noua autour de sa taille comme ceinture de fortune. Ça lui donnait un style un peu étrange la ceinture rose en tissu… Ses deux compagnons semblaient avoir des choses à se dire et même si la curiosité le démangeait, sa bonne éducation le fit s’éloigner un peu. Juste à côté, un pirate avait installé sur une caisse un mini étal pour jouer aux dés. Et le jeu de dés ça le connaissait, le plus populaire de la cour de récrée de Kélatolie : quand on est riche, on peut se permettre de tout parier et c’est toujours plus gratifiant d’obtenir quelque chose par soit même. Tout ça pour dire qu’Eliote était passé maître dans l’art des dés et qu’il savait exactement dans quelles positions les lancer et avec quelle force pour obtenir un 421.

« On veut jouer petiot ? La première partie c’est 300 myrs. Après on double la mise. Partant ? Les règles c’est simple : un seul lancer, il faut obtenir le plus grand nombre possible avec la somme des trois dés.
-Bien sûr que je suis partant ! Je vais te plumer, j’ai une chance de cocu.
-Ce que tu crois, gamin. Je te laisse commencer avant de te mettre une raclée. »

Eliote place habilement les dés dans sa main sur les faces voulues, il les lance d’une impulsion précise du poignet. Pour commencer, il préfère une faible combinaison, nul doute que le pirate s’y connait aussi en jeu de dés : il faut lui faire baisser sa garde. Il sort un 431. Le pirate, un 544. Ils reparient comme promis le double. Eliote reperd. Le schéma se répète plusieurs fois, il en est à plus de 3000 myrs de déficit. Il fait croire à un excès de rage et parie gros : 6000 myrs. Le pirate est confiant, il joue en premier : 564. Un sourire fripon nait sur les lèvres d’Eliote : 666. Il empoche rapidement l’argent sur la caisse avant de repartir en sautillant vers ses deux comparses.

« TRICHEUR ! RENDS-MOI MON FRIC SALE GARCE !
-Le jeu c’est le jeu, papy. Faut penser à se recycler. »

Il accélère le pas jusqu’aux deux pirates qui ont fini de discuter. Il leur sourit comme si de rien n’était et qu’il n’avait jamais eu à subir les foudres de la Cinquième quelques instants auparavant.

« Et si on y allait, hein ? DREAMS PARK ! »

Au loin, il entend le bruit d’une caisse qui valdingue. Papy n’a pas l’air content…

Durant l'instant qui suivit la confrontation des deux résidents d'Evraska, Tiky s'estima heureux d'être au service du clan Ezo pour beaucoup de raisons : celle de ne pas se retrouver avec un couteau sous la gorge était bien la première de la liste, juste avant celle de ne pas satisfaire les caprices de cette gamine. Il n'aimait pas beaucoup les enfants, ayant bien du mal à comprendre leur comportement ou encore leur façon de penser parfois exagérée. Le plus comique dans tout ça était qu'en retour, les petits bouts le lui rendaient bien en lui témoignant une affection quelques fois démesurée. Leila n'y allait pas de main morte avec ses hommes, Ash, en revanche, était beaucoup plus posé. Le jeune homme n'avait jamais eu à souffrir de telles remontrances, même si, cette fois, il aurait probablement quelques ennuis avec le boss pour n'être pas rentré depuis deux jours. Il espérait vraiment qu'il n'y aurait aucun problème et que son frère n'aurait pas l'idée de se rendre au QG des sentinelles pour leur demander des comptes : Tiky n'était pourtant pas si facile à capturer. Pour l'instant, il n'avait pas encore connu ce genre de choses et préférait se montrer totalement prudent afin de ne pas y goûter de trop près. Les sentinelles n'étaient pas réputées pour leur tendresse envers les pirates et vice-versa.

- Il se trouve que je me trouvais à Anthélima hier soir, dans un bar sympathique, et qu'une jeune femme de chez-toi, ne sachant probablement pas que j'étais un pirate aussi, a eu la bonne idée de me séduire. -Ce qui était bien entendu l'inverse, mais ne nous attardons pas sur les détails compromettants- J'avais un peu bu et je me suis retrouvé ici... Oh ! Par le plus grand des hasards ça par contre !

Dernière affirmation tout à fait vraie néanmoins, Tiky ne se serait jamais aventuré dans un autre clan sans obtenir une permission de son boss. Il avait beau être peu sérieux et très tête en l'air quand il l'avait décidé, mais se retrouver dans une situation qui pouvait porter du tord à ses compagnons d'armes était bien la dernière chose dont il avait envie au monde.

- Ceci expliquant cela, il doit y avoir bien deux jours que mon clan n'a aucune nouvelle de moi... Ajouta-t-il en affichant un léger sourire gêné. Le boss et mon frère doivent s'inquiéter...

Sans parler d'Anise ou de Nathalia, cette dernière se ferait probablement un plaisir de lui hurler dessus en un parfait unisson avec Asch. Quelle serait la meilleure tactique pour s'en sortir ? Les grands yeux larmoyants marchaient bien sur son frère, les soupirs avaient tendance à enrager Nathalia et à la pousser à parler seule pour râler dans son coin, mais si Ash Ezo se mettait en colère... Tiky aurait de quoi sentir passer sa douleur durant un bon moment. En d'autres termes, le jeune Kage demandait un léger coup de pouce de la part de Leila, qu'il ne saurait pas gratuit, mais qu'il trouvait tout de même mieux que se faire engueuler par tout le monde en rentrant.

Ce fut au bout d'un moment à discuter qu'il se rendit compte du vacarme qui avait lieu non-loin d'eux. Vacarme provoqué par Eliote semblait-il. Que s'était-il passé pour que le vieillard hargneux de là-bas fût aussi en colère ? Glissant ses mains dans ses poches, Tiky remarqua bel et bien que les choses allaient sûrement mal tourner. Néanmoins, il ne se faisait aucun soucis pour Leila dont le visage était connu de tous en ces lieux : ne faisait-elle pas suffisamment parler d'elle pour cela ? D'ailleurs, le papy en question n'était pas seul puisqu'un petit groupe de cinq hommes tendaient à s'approcher d'Eliote. Comme toujours, et se sentant très impliqué dans cette affaire en ce qui concernait la protection de quelqu'un qu'il ne connaissait pas, Tiky se contenta de rester à sa place, tournant un regard interrogateur vers la Chef du Clan Momiji :

- Doit-on intervenir ?

Si elle le lui demandait, cela ne le dérangerait pas de leur mettre une raclée, mais il n'avait pas son mot à dire face à l'une des Etoiles de la Confrérie. Bien qu'il ne fût pas sous ses ordres directs, il la respectait tout de même assez pour savoir que la discipline était de mise dans certains cas : et puis, qui pouvait bien savoir comment Leila réagirait face à une intervention impromptue ? Peut-être avait-elle simplement envie de faire montre de son autorité.

Invité

Leila était en train de faire attention à deux choses à la fois. Dans un premier temps, elle suivait ce qu’Eliote faisait du coin de l’œil et dans un deuxième temps, elle écoutait ce que Tiky lui disait. Elle se rendit compte rapidement dans quel pétrin était en train de ce fourrer Eliote, cependant, elle s’en foutait. Après tout, il était majeur et il savait plus ou moins à quel point pouvait être dangereux un pirate. Et puis, s’il ne le savait pas, il le découvrirait.
Là, elle devait plutôt écouter ce que Tiky avait à lui dire. Après tout, son cas était plus important que celui de son petit nouveau et d’ailleurs, le kage était mieux éduqué que le jeune roux qu’elle avait prit comme recrue.

- Il se trouve que je me trouvais à Anthélima hier soir, dans un bar sympathique, et qu'une jeune femme de chez-toi, ne sachant probablement pas que j'étais un pirate aussi, a eu la bonne idée de me séduire. -Ce qui était bien entendu l'inverse, mais ne nous attardons pas sur les détails compromettants- J'avais un peu bu et je me suis retrouvé ici... Oh ! Par le plus grand des hasards ça par contre !

- Ceci expliquant cela, il doit y avoir bien deux jours que mon clan n'a aucune nouvelle de moi... Ajouta-t-il en affichant un léger sourire gêné. Le boss et mon frère doivent s'inquiéter...

Aaaah… et bien, peut-être que Tiky était mieux éduqué qu’Eliote, mais il savait se fourrer dans des problèmes beaucoup plus gros que ceux du jeune rouquin. Deux jours ? Ash devait sûrement remuer ciel et terre pour retrouver son garnement. Leila se doutait que la tâche serait ardue de convaincre le pirate avec des mensonges, mais elle avait une petite idée derrière la tête. « Tiky qui passe une journée avec Leila, il devrait rentrer, mais une femme le séduit, il se retrouve dans mon clan et voilà. » Après tout, elle a juste changé son histoire de deux jours d’absence en une… Une avec moi, ce qui ne devrait pas trop fâcher Ash – enfin espérons-le – et une de son plein gré. Ca devrait arranger les choses. Après reste à convaincre le boss du clan Ezo…
Oh et puis, il est dur à Ash de résister à Leila, soit parce qu’elle est trop mignonne soit parce qu’il souhaite s’en débarrasser au plus vite, après tout, c’est une reine lorsqu’il s’agit d’ennuyer autrui.
Par contre, il faudrait réfléchir à ce que Tiky donnera en échange de la précieuse aide de l’étoile. Après tout, ces services n’étaient pas gratuits. Pour le moment, Leila n’avait besoin de rien, mais qui sait plus tard ?

« Bon, je veux bien t’aider, mais alors tu me devras un service… »

- Doit-on intervenir ?

Soit, Tiky semblait s’inquièter du sort d’Eliote. Elle ne voyait pas trop pourquoi il devait s’en faire. Ici, on était dans sa cité pirate, avec ces pirates et la loi était stricte. Pas de bagarre entre camarades.
Elle pensa qu’il était juste de répondre à Tiky, que de toute façon, lorsqu’Eliote arriverait près d’elle, ils n’oseraient plus approcher.
Ah, et bien, Tiky aurait fait un bon pirate à ses côté. Loyal, sincère, fort, un grand sens de la justice… Dommage… De toute façon, s’il trahissait le clan Ezo, elle ne voudrait plus de lui. Les traîtres ne sont bons qu’à tuer…
Il suffit de se remémorer la mort des parents de Leila. De quelle autre façon seraient-ils morts ? La pirate était sûr qu’un traître avait dénoncé ses parents… Elle ne savait pas qui l’avait fait et ne voulait pas soupçonner les membres de son clan, mais un jour ou l’autre, elle aurait la main dessus et pourrait le torturer, comme il l’a fait avec elle.
Son esprit retourna à l’instant présent et elle vit qu’Eliote allait arriver. Les pirates, eux, le suivaient toujours et avaient sortis leurs armes, histoire de lui faire regretter sa tricherie. Leila, ne voulait pas de violence pour quelqu’un chose d’aussi bête. Elle leur lança un regard meurtrier et ampli de sens. Ils étaient les seuls à l’avoir vu et finirent par rebrousser chemin en courant.
Elle détourna son regard et un grand sourire s’étendit sur ses lèvres. Après tout, elle avait toujours été douée pour ça. Jouer la comédie. Savoir être faible et montrer sa force lorsque l’adversaire ne s’y attend pas. Son corps de jeune fille l’aidait beaucoup dans cette tâche, mais personne ne doutait qu’elle serait tout aussi douée dans le futur.

« Et si on y allait, hein ? DREAMS PARK ! »

« Ok! On va au Dreams Park ! »

Elle leur raconta alors, comment était le parc d’attraction d’Evraska. Il était rond et les attractions se suivaient l’une après l’autre sur la limite du parc. En son centre, se trouvait le centre commercial de sa cité. C’est elle qui l’avait imaginé, lorsqu’elle était enfant, avec son père.
Elle prit Tiky et Eliote par la main, comme une petite fille prendrait celle de ses parents et les tira dans l’avenue qui se trouvait devant eux. Elle se retourna, alors, et leur offrit un magnifique sourire.