Suria
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 D'estoc et de taille [Dante]

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Alpha Claus
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MessageSujet: D'estoc et de taille [Dante]   D'estoc et de taille [Dante] Icon_minitimeVen 8 Avr - 20:06

03 h 15 - Par une belle nuit de pleine lune

Sur la porte d'entrée, un nom : Gabriel Lindèn.

Avec un léger cliquetis métallique, la clef joua dans la serrure de la porte. Ladite clef ne se bloqua pas une seule seconde durant, ses dents ne frottèrent aucunement contre le pourtour de métal. Il ne s'agissait donc pas d'une fausse, ni d'un passe-partout ou de quelque autre objet dont la détention n'aurait rien eu de très légal.
Alpha n'était ni en train d'entrer par effraction dans l'appartement, ni même d'y pénétrer contre le gré de son occupant.

L'ex-assassin rentrait simplement chez lui.

Il n'avait pourtant pas changé de nom. Il se prénommait toujours Alpha, même - et surtout - officiellement.

En un an, quelques changements s'étaient opérés sur le visage de l'homme qui poussait la porte. On pouvait sentir une tension plus faible sur ses traits fins. Sa peau, jadis d'un blanc parfait, tirait désormais vers une nuance plus lumineuse, plus vivante, qui témoignait de nombreux mois passés au bord de mer.
Quoiqu'il dût se cacher, en compagnie de la scientifique Camelia Rosenshield, puis mener par la suite une traque sans merci à une poignée d'hommes, Alpha ne semblait pas avoir souffert physiquement. Sa silhouette souple était, au demeurant, parfaitement reconnaissable.
Autre modification notable, Alpha souriait. Oh, peu. Mais il souriait à la manière de ceux qui ne sont pas mécontents de retrouver un peu de tranquillité.
Seuls ses yeux n'avaient absolument pas changé. Toujours, il s'y logeait une obscurité d'une profondeur sans égale.

La porte s'ouvrit sur un vaste salon désert, meublé dans un genre nordique, qui n'était pas du tout le style de prédilection d'Alpha. Un rai de lumière dorée filtrait à travers des rideaux dentelés, pour éclabousser le centre de la pièce, mettant en valeur les meubles de bois blanc et quelques tableaux abstraits. Une odeur d'encens mêlé d'after-shave flottait dans l'air.
Alpha entra, déposa son sac sur un canapé et, quoique éreinté, se dirigea vers la cuisine pour prendre un verre d'eau glacée. Tout en marchant, il avait vaguement l'impression que des fragments de pénombre fourmillaient dans son champ de vision, tant il manquait de sommeil.
Un bruit attira alors son attention, dans son dos.

Deux yeux. Deux yeux d'un bleu absolument glacial, perdus dans une fourrure blanche surmontée d'oreilles pointues, attentives - des oreilles de loup.
Un frisson descendit insidieusement le long de la colonne vertébrale d'Alpha.
"Dante". Dante. Ce fut le premier et seul nom auquel il pensa.

Puis il cilla, pour réaliser tout à coup que ce n'était que le clebs. Le chien de Gab. Un superbe chien-loup blanc que son compagnon du moment, Gabriel, avait ramené de voyage.
L'animal, sans un bruit, vint lécher les doigts pâles d'Alpha, ignorant de ce qu'il avait pu réveiller en lui.

Un instant plus tard, Alpha se rendait dans la chambre. Gabriel se trouvait là, étendu paisiblement. Il dormait toujours ; quoiqu'ayant le sommeil léger, il n'avait jamais été réveillé par Alpha lors des retours nocturnes de ce dernier.
Alpha, tout en se glissant à côté de lui, poussa un léger soupir. Il pensait à Dante.

*

Le lendemain, Alpha se leva tard. La chambre était inondée de soleil ; on entendait le ronronnement de la rue, en contrebas, quand ce n'était pas le sifflement d'un dragonfly dans le ciel.
Le jeune homme s'habilla sobrement. Gabriel, tout sourire préparait à manger pour Lullabee.
Lorsqu'Alpha le vit, son visage se détendit. Gab lui souhaita une bonne journée.

10 h 37 - Dans le bus

De derrière la vitre, l'on pouvait voir contempler les toits d'Anthélima la Vieille, faits d'ardoises rouges et ocre.
Alpha lisait, debout près d'une porte. Pourtant, l'immense engin volant était presque vide, à cette heure.
L'ex-assassin descendit à l'arrêt du Parc. L'air tiède de cette fin de printemps l'apaisa un instant.
Ce serait la troisième fois qu'il verrait Rèn. Après l'avoir cachée un certain temps, il s'était chargé lui-même de placer la fillette dans une famille d'adoption qu'il avait soigneusement choisie. Mais il souhaitait vérifier que tout se passât bien, afin d'éviter à la gamine de pousser de travers.

Tout en s'avançant sur l'une des allées du jardin de ville, Alpha la cherchait des yeux. Il n'eut aucun mal à la trouver, assise sur un banc, le nez baissé. Il aurait pu aller la voir. Il l'aurait saluée, et elle se serait précipitée pour lui raconter tout ce qu'il lui était arrivé depuis la dernière fois.
Seulement, il se produisit quelque chose d'inattendu. Alpha fut certain de sentir Dante. C'était exactement sa chaleur, il n'en pouvait douter.
Aussitôt, il calcula la probabilité qu'il avait eu de le croiser : il en déduisit sans peine que cela ne se reproduirait plus avant quelque chose comme une dizaine d'années.
Il le chercha des yeux, le trouva, et se lança à sa suite sans hésiter.

Les mains enfoncées dans les poches de sa veste, Alpha marchait vite. Il arriva au niveau du coursier près de la grille opposée du parc.

Un flot d'interrogations submergeait son esprit. Avec efficacité, il tâchait de toutes les classer. Pouvait-il vraiment interpeller Dante ? Oui. Était-ce une bonne chose ? Pour Alpha, qui vivait avec le fantôme du loup blanc dans un coin de sa tête, oui. Pour Dante ? Probablement pas, non. Et que feraient-il ? Bonne question...

Alors que Dante allait s'avancer sur un passage piéton, Alpha saisit son poignet.

«Attends.» dit-il simplement.

Dans ses yeux noirs brillait une nette détermination, qui durcissait ses traits. D'ailleurs, il serrait la mâchoire. Il était presque beau, ainsi, avec les mèches de ses cheveux ébouriffés par la marche qui tombaient sur son front.

Si Dante tentait de fuir, Alpha le retiendrait. S'il le frappait, il recevrait le coup, sans lâcher prise. Il ne le laisserait pas partir comme ça, pas avant d'avoir parlé un peu. Et si jamais Dante lui proposait simplement de prendre un café ? Ah ah. Et pourquoi pas ?
A cet instant, Alpha aurait pu prononcer quelques mots de circonstance, s'il avait su ce que pouvait dire un ex-assassin à la victime d'un rapport sexuel forcé.

En réalité, tout dépendait de la façon dont Dante avait vécu l'épisode, puis l'avait digéré.
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Dante Kilstrong
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MessageSujet: Re: D'estoc et de taille [Dante]   D'estoc et de taille [Dante] Icon_minitimeMar 12 Avr - 23:31

Quatre mois plus tôt.

Ce jour-là, il songea qu'il était temps de se relever. Ses longues mains frêles se posèrent sur les murs, cherchant à tâtons le rebord d'une quelconque fenêtre. C'était, pensa-t-il, la meilleure façon de s'éveiller face au monde après une nuit qui avait duré trop longtemps.
Pourtant lorsqu'il ouvrit les volets et que la noirceur de l'orage l'inonda, il retomba dans une inertie violente, s'effondrant à même le sol.
Il fut pris de violents tremblements, songea une nouvelle fois à la mort puis au reste. Sous ses paupières closes et celées par les larmes et la rage, il resta là des minutes, des heures, trois nuits. Jusqu'à ce que le temps change et lui donne le courage de se redresser et de se cloisonner à nouveau dans un monde où rien ne pourrait l'atteindre. Le ciel n'avait eu de cesse d'être gris, avant que son monde ne puisse redevenir noir, les volets verrouillés, une couverture par-dessus le visage.
Reclus dans un monde que l'on appelait l'entre du loup.

Dante ne supportait plus le bruit qu'il avait entendu, ces reflets soyeux qu'il avait vu sur le sol, ni moins ce temps qui s'écoulait d'un ciel assombrit.
Ce jour-là aussi, il pleuvait.

*

La veille.

Un bruit.
Et son œil s'était ouvert, lumière pâle dans la nuit noire. C'était la première fois depuis un an qu'une chose autre que ses cauchemars le sortait de son repos.
C'était un bruit, sourd et répétitif. D'un objet métallique qui en gratte un autre. Une pince dans une serrure. Quelqu'un tentait d'entrer dans la planque où il se laissait mourir.

Le bruit se répéta. La personne qui tentait d'entrer n'avait aucun don, ni aucune discrétion. Ce ne pouvait être qu'un...Un voleur, un assassin.
D'ailleurs, le loup recroquevillé dans un coin de la pièce savait de qui il pouvait s'agir. Cette unique raison le poussa à se redresser, s'appuyant sur ses mains, glissant à quatre pattes vers la porte de la chambre, où il colla son oreille. Il était recherché, depuis ce jour-là.
Comment le savait-il, lui qui n'avait plus eu aucun rapport avec le monde vivant?

Elisa. Weitharp. Employée sensée assurer la survie des coursiers, ou plutôt assurer l'employeur que le petit personnel était toujours viable, toujours à son service.
Elle était venue chaque mois, déposant à Dante un panier de courses et des lettres. Des multitudes de lettres, des journaux, des revues et quelques livres. Pour s'assurer qu'il se souvienne de son rôle, de son utilité, et du fait qu'il appartenait toujours à l'ordre des coursiers. Qu'il le veuille ou non.
D'une certaine façon, elle était la seule à connaître la raison de la disparition de Dante, et la seule à savoir qu'il était encore en vie. Il y a un an, elle l'avait trainé sur les dalles humides pour le sauver. Depuis lors, il n'avait jamais prononcé le moindre mot, mais uniquement le désir de se noyer dans la noirceur de son âme et du monde en général. Elisa était persuadée qu'il avait perdu la tête.

Le mur auquel Dante se colla était recouvert de sang. Son sang, ainsi que celui de quelques rats et souris qu'il avait traqué dans les couloirs de la maison vide.
« Alpha, Alpha, Alpha...». Même dans l'obscurité, ce nom lui brûlait les yeux.
Mais l'urgence était ailleurs. La porte d'entrée grinça, imperceptiblement. Les pas lourds d'un homme se posèrent sur le parquet du couloir qui menait au salon.
Dans la chambre, les volets s'ouvrirent à nouveau, pour la première fois depuis des mois. Le loup saisit son sac à dos, y mit rapidement ce qu'il restait du panier en osier déposé par Elisa, il y a quelques jours de cela.
Le garçon prit même le soin de saisir ses lunettes de soleil, posées sur le bureau. Il enfila sa veste, mit son canif ensanglanté dans son étuis. Il se préparait à sortir.

Lorsque la porte de la chambre s'ouvrit, un silencieux déversa son chargeur autour de l'unique matelas présent. Puis seulement, une main se glissa dans l'intersection que créaient le panneau de bois et le mur, se faufilant jusqu'à l'interrupteur qui n'alluma aucune lampe.
Un courant d'air apporté par la fenêtre fit s'ouvrir en grand la porte. Il n'y avait plus personne ici.

*

Il y avait une notion dont il avait du mal à se souvenir, depuis cet évènement. Que voulait dire « vivre »? Il s'était posé la question lorsqu'il avait commencé à retirer le coeur d'un rat pour le voir battre dans sa main. Ça n'avait strictement aucun sens à ses yeux. Il suffisait de posséder un coeur sain, pour vivre. Pourtant, enfermé dans sa cage, il n'avait plus eu cette impression.
Que voulait dire « vivre », avant, quand il se considérait encore comme étant un être vivant? Est-ce que porter des AT's et faire des cabrioles sur les toits, respirer et sentir le vent dans ses cheveux faisaient partie de cet réalité?
Assit sur un toit, à quelques kilomètres de sa planque, il conclut qu'il ne devait pas être bien loin de la vérité. En levant les yeux vers le ciel découvert, il vit la lune, vit les étoiles. Ce monde lui disait vaguement quelque chose. Pour le redécouvrir et l'assumer à nouveau, Dante devrait passer des années à arpenter ces rues, les parcs, les moindres petits passages qui mènent à d'autres endroits aussi beaux que celui-ci.
Un instant, il se pensa sur le toit du monde. L'air frais balayait sans retenue ses cheveux blancs devenus plus longs. Il se sentit sale, triste.
Et quelque peu heureux à la fois.

Durant cette nuit sans bruit, il se prépara à affronter le monde et à y sauter à pied joint. Il n'avait de toutes façons aucun autre endroit où aller. Et cette délivrance quoique prématurée et imprévisible lui serait bénéfique.
A la grande horloge du village, il était trois heures et demi. Il ne lui restait que quelques heures de répits. Quelques heures qu'il mit à profit pour se laver dans la chambre d'un hôtel miteux, pour prendre un déjeuner et s'observer dans un miroir pour la première fois depuis un an.
Il restait une cicatrice sur son épaule. L'unique et dernière trace de ce qui avait basculé sa vie dans cet entre-deux où il n'avait fait que survivre. Ses griffes, quant à elles, n'avaient pas repoussés.
Ses yeux aussi, avaient changés. Ils n'étaient plus si bleus et tendaient à présent vers le blanc. Ils étaient pâles, morts. Cette vision l'horrifia plus que le reste.
C'est pourquoi il reprit son sac, ses vêtements sombres qu'il n'avait plus porté depuis si longtemps et qui sentaient encore l'adoucissant. Il se donna l'impression de jouer la comédie, à essayer de retrouver ce qu'il avait perdu. Un semblant d'identité.

Puis à l'aube couchante, il reprit sa route. Il ne savait pas où il allait, ni combien de temps sa route durerait. Il sut juste que croiser des gens lui faisait du bien. Que se souvenir que le monde continuait de tourner malgré tout était un point positif. Que peut-être Rèn serait quelque part dans cet univers, qu'elle sourirait.
Mais il changea bien vite de préoccupations. Ses cauchemars reviennent comme des flashs sous ses paupières. Des heures étaient passées depuis sa renaissance. Et il ne cessait de revoir ce visage terrifiant, ces gestes.
Prit de vertiges, il alla s'asseoir sur un banc. Dans un parc qui ne lui disait rien de particulier, où les arbres lui procuraient l'obscurité dont il avait besoin, encore un peu. La réinsertion serait plus difficile qu'il ne l'avait pensée. Mais quelque chose le poussait à s'éloigner. Il se releva, sac sur l'épaule, avant de se mettre à courir. Une odeur. Une simple odeur. Ou peut-être avait-il rêvé. Un flash, encore un, une torture qui l'effraya et qui, lorsqu'il entreprit de traverser la rue pour se mettre à l'abri de cette foule qui ne semblait observer que lui, saisit son poignet.

Cela le tira en arrière. Il pivota sur ses talons sans le désirer, ouvrit ses yeux en croyant les avoir fermés pour de bon, saisit son canif au passage et le dégaina.

« Attends. »

Face à face avec Alpha, son canif soulevant le menton de l'autre, avec l'unique désir de lui trancher la gorge pour de bon. Il avait grandit. Beaucoup grandit. Ses épaules s'écartaient un peu plus, sa carrure n'était plus tout à fait celle d'un gamin.
Et la froideur de son visage, la dureté de ses traits. En réplique à l'autre homme, il secoua légèrement son bras pour le forcer à lâcher.
Il aurait dû mourir, rester dans ce matelas et attendre qu'on vienne le torturer, l'anéantir pour de bon. Plutôt que de recroiser cette abomination et commettre l'acte qui le dégoutait le plus: tuer. Son canif ne quittait pas la gorge de l'homme. Et les gens autour passaient, ne voyaient rien. Il n'y avait de toutes manières rien à voir.

Puis soudainement, il posa ses yeux dans la noirceur de ceux de l'autre. Et il baissa alors son bras armé, dessinant une trace blanche sur le cou de sa proie.
Cette obscurité le rassurait, et toute sa logique s'effondrait alors, comme son couteau qu'il faillit laisser tomber.
Lui qui avait tant fuis la lumière du jour pour se réfugier dans l'obscurité se rendait soudainement compte qu'il n'avait fait que préserver le souvenir de ce regard.
Ce regard qu'il maudissait et qui le révulsait.

Que voulait dire « vivre », depuis Alpha?
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MessageSujet: Re: D'estoc et de taille [Dante]   D'estoc et de taille [Dante] Icon_minitimeVen 15 Avr - 23:03

Le métal glacial de la lame appuyait dangereusement sur la peau tendre, qui n'offrait aucune résistance.
Alpha aurait, a minima, pu faire fondre l'arme. Ou bien, en une fraction de seconde, il aurait pu faire éclater la tête du jeune homme qui menaçait sa vie. Si l'ex-assassin n'avait pas grandi, lui, si sa carrure demeurait fine, il n'en avait pas moins gagné en force. Ses pouvoirs d'Elu n'avaient cessé de se développer, au fil des entraînements quotidiens.

Cependant, Alpha ne broncha absolument pas. C'était assez. Assez. Il ne lèverait plus la main sur Dante, au sens propre comme au figuré.
L'ex-assassin songea un instant qu'il allait mourir.
Avec un détachement cynique, il se dit que, si la lame tranchait sa gorge, alors il tenterait tout de même de cautériser instantanément la plaie. Mais cela serait inutile si le Loup coupait la jugulaire. Alors, dans ce cas-là, le jeune homme déconnecterait son propre cerveau. Tant qu'à mourir, mieux valait que ce soit bref.
Les pupilles de l'homme aux cheveux sombres se dilatèrent.

« Je ne l'ai pas fait pour te blesser, » murmura-t-il.

Et ce n'était ni une excuse, ni une explication.
Toujours, dans sa main crispée, il serrait le poignet de Dante.
L'autre venait d'abaisser son arme. Alpha relâcha à son tour son emprise. Ce geste mis à part, rien dans son attitude n'avait changé. Au lieu d'exprimer un bref soulagement, il se montra, au contraire, bien plus attentif. Les paupières légèrement plissées, se mordillant imperceptiblement la lèvre inférieure, il dévisagea Dante.
Les idées fusaient dans sa tête ; il semblait n'avoir même pas remarqué le filet de sang qui s'écoulait de sa propre peau.

« Sais-tu, Dante ? »

La voix d'Alpha s'était faite douce et, surtout, très lente. Il prononça le nom de Dante en détachant chaque son, afin qu'ils happent l'ouïe, comme s'il s'en délectait.
Ses yeux ne se détachaient pas du visage de l'autre, qu'il détaillait avec minutie.

« Quel qu'aie pu être la dureté, la noirceur de ton calvaire... »

Alpha tendit les doigts, comme pour les refermer sur le manche du canif. Dante réagit. Aussi Alpha n'insista-t-il pas. Il recula d'un pas, pour se caler contre la lourde grille de fonte noire.
A la jointure entre les barreaux et le bas de ladite grille, poussait un lichen brunâtre, qui évoquait vaguement des caillots de sang sec, que le vent secouait à chacun de ses lentes expirations.

« ... Je l'appréhende dans toute son entièreté, et ne le sous-estime pas. »

Que cela signifiait-il ? Alpha exprimait-il là un regret, ou bien était-ce la marque d'une certaine maîtrise de sa situation ? Ou encore, peut-être, désirait-il montrer à Dante combien il le comprenait ?
Il y avait encore autre chose qu'Alpha savait. Il avait conscience de la multiplicité des réactions que pouvaient adopter les victimes, quelles qu'elles soient. Passée la première douleur, le repli sur soi et les auto-mutilations, qu'elles fussent seulement psychologiques ou non, qu'advenait-il ?

Alpha se tut un instant. Au-dessus de son épaule droite, une fourmi escaladait l'un des barreaux de fonte. Elle se hissait péniblement à reculons sous le soleil de onze heures, traînant derrière elle un lambeau dégoulinant - du lichen, peut-être, on aurait dit du sang. Elle ne semblait pas prête à lâcher prise, et s'échinait sans halte. Jusqu'où irait-elle, ainsi égarée ? Un étourneau, jailli de nulle part, frôlant la tête d'Alpha, arracha l'insecte à sa barre.

Alpha poussa un léger soupir. Il n'y avait peut-être plus rien à faire. Plus rien. Il allait se retourner lorsque, dans sa poche, son mini talkie-walkie version Sentinelle se mit à vibrer. L'ex-assassin n'hésita pas : il décrocha.

Son regard se porta à nouveau sur le visage fermé du Loup.
Ce faisant, il lui tendit l'objet, commentant d'un ton neutre : « Tiens, prends. C'est pour toi. »

De l'appareil, une petite voix s'élevait, chantante à la manière de celle d'un oisillon - une voix de petite fille.

« Alpha ? C'est Rèn. Tu ne viens pas ? »
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Dante Kilstrong
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MessageSujet: Re: D'estoc et de taille [Dante]   D'estoc et de taille [Dante] Icon_minitimeSam 16 Avr - 1:12

Du sang.
Son regard quitta celui de l'autre pour suivre cette lueur d'espoir qui s'extirpait de son corps pour rejoindre un ailleurs plus plaisant. Tout le sang doit couler. Dante ferma les yeux, cessa de respirer cette odeur alléchante. Il avait envie d'écrire « Alpha, Alpha, Alpha » partout sur les trottoirs, les bâtiments, avec le sang de ce salaud qui le narguait. Était-ce un piège? Avait-il a nouveau besoin du loup pour satisfaire une envie salissante, un besoin dégoûtant et vicieux?
Le gamin aurait craché par terre si sa bouche n'avait pas été si sèche. Son couteau baissé, il avait à nouveau peur. Il était trop proche de ce qu'il considérait être un monstre. Pourtant, il songea qu'il devrait ranger son arme.
Le sang des rongeurs qui y avait coagulé se mêlait à celui de l'étranger, rendant le tout plus nauséabond que jamais.

« Je ne l'ai pas fait pour te blesser...»

De quoi ce merdeux pouvait-il bien parler? S'il osait aborder ce qui s'était passé il y a un an...La main droite de Dante se resserra sur son poignard. Au fond, le mélange de ces différents sang ne serait qu'un banal retour à la normale. Cet homme ne valait pas plus qu'un pauvre rat d'égout. Il valait même bien moins aux yeux du garçon.
D'ailleurs lorsque l'immonde créature le relâcha, il en profita pour remonter sa manche de son sac sur son épaule et ses lunettes sur son crâne.
Il avait fait le même geste, il y a un an. Sauf que dans son sac, une petite fille destinée à une mort certaine y dormait. Et ses binocles ne lui servaient pas à camoufler ses iris devenus atrocement pâles.

Alors pourquoi?

Mais les mots ne se dessinèrent même pas sur ses lèvres. Il n'y eut qu'un relant de rage qui s'imprima sur ses traits. Que faisait-il ici, à converser simplement avec l'homme qui l'avait ruiné et conduit à une vie dont il n'avait jamais imaginé jusqu'à la plus faible des souffrances? Son arme le démangeait.
Tout le démangeait. Sa seule envie était de se jeter sur son ennemi et de le déchiqueter, lui ruiner sa vie comme il l'avait fait. Mais c'était Dante. Il ne fit que passer sa main enfin libre sur son visage. Il y avait trop de bruits, trop de gens autour de lui. Il restait face au passage, bloquant une partie de la circulation piétonnière. Mais Dante ne voyait rien d'autre que l'être obscure face à lui et qui lui procurait un peu de...

« Sais-tu, Dante ? »

De quiétude.
Plus personne ne l'avait appelé comme ça depuis ce jour. C'est vrai. Il ne s'appelait pas Shiroi, mais Dante...Depuis combien de temps avait-il oublié sa propre personne, se réduisant à un tas de chaire inutile au surnom si peu recherché?
Alpha était-ce seulement son nom? Durant une révolution, il n'avait cessé de se poser la question tout en gravant ces lettres sur la plâtre de sa chambre. Sur quoi d'autre cette ordure lui avait-il menti?

Redis-le, et je te tue...

« Quel qu'aie pu être la dureté, la noirceur de ton calvaire... »

Que pouvait-il en savoir. De quoi osait-il seulement parler. Est-ce qu'il se rendait compte, que lors de leur première entrevue, Dante était tout sauf le zombie qu'il représentait aujourd'hui?
Un mort. Il se considérait comme tel. Ses bras lourds pesaient le long de son corps, et ses jambes portaient son buste sans en prendre conscience. Aucun de ses pas n'étaient calculé, pas comme...Comme avant. Quand il gambadait qu'un un loupiot dans les vertes prairies. Sur les toits, dans les égouts. Quand il lui avait sauvé la vie bon dieu. La vie.
Quel besoin avait-il eu de briser la sienne?
Un an pour penser à ça. Et il n'osait poser aucune de ces questions. Sa voix, toujours bloquée au creux de sa gorge, ne réussissait pas même à se présenter sous forme de grognements. Il ne parvenait plus qu'à s'exprimer gestuellement, c'est pourquoi le garçon balança sa tête comme s'il venait de recevoir une claque magistrale. Il n'était plus question que cet être abjecte repose ses mains sur lui. Même sur son canif, qu'il considérait être une partie viable de son corps.
Pourtant, suite à la tentative d'approche d'Alpha, un sourire plus que stupéfiant étira les babines de Shiroi. Un sourire mesquin.

« ... Je l'appréhende dans toute son entièreté, et ne le sous-estime pas. »

La ferme.

Se moquait-il de lui? La blague était des plus mauvaises. Un violeur venant s'excuser bien gauchement auprès d'une de ses victimes. Car cela aussi, n'avait cessé de perturber Dante.
Combien d'autres, comme lui.
Des hommes, des femmes, Rèn peut-être...Combien avaient quitté leur monde de sourire et de naïveté pour entrer dans l'obscurité insoutenable du regard de cette abomination sur pattes?
Est-ce qu'il avait été le seul? Il se posa la question, un soir. Et de cette seule interrogation naquit bien des maux. Il se rua contre les murs, se brûla, se cogna violemment, s'écorcha de toutes ses forces avec ce qu'il restait de ses misérables griffes qui ne poussaient plus. Elisa l'avait arrêté en sanglot, incapable de faire plus pour ce pauvre enfant complètement déboussolé. Même ce soir-là, il était resté muet, incapable de dire un mot sur ce qui s'était déroulé lors de sa malencontreuse rencontre avec Alpha.

Car tout ça était une question de destin. Un mauvais karma. Dante devait avoir le pire de tous. Un hybride. Il voulu à nouveau cracher sur le sol pavé de la rue. Mais il fut sortit de sa torpeur par un song régulier et proche qui le força à redresser la tête, par simple curiosité.
Bien vite, comme un enfant surprit d'avoir commis une bêtise, il reposa son regard sur le sol. Jusqu'à ce qu'Alpha s'adresse à nouveau à lui.

« Tiens, prends. C'est pour toi. »

Il savait ce que c'était, bien qu'il n'en ait absolument jamais utilisé. Un talkie-walkie. A quoi cela pouvait bien servir, pour un banal ex-coursier comme lui - mais il cessa de s'en soucier.
Ses oreilles de loup, quoique camouflée, saisirent la voix qui s'élevait de l'appareil. Elles n'avaient capté ce son cristallin qu'à une unique reprise. Une unique occasion pour se souvenir de la voix la plus douce et la plus triste jamais entendue. De ce visage frêle à l'avenir si tourmenté pour lequel le loup avait tout donné, jusqu'à sa propre dignité, son corps, sa vie. Ses paupières s'ouvrirent brutalement.
Rèn est vivante.

Mais elle prononça les mauvais mots. Et bien que n'ayant pas saisit l'appareil pour l'apposer contre son oreille pour mieux écouter la mélodie qui s'en élevait, il avait tout entendu. Alpha. Qu'avait-il fait de pauvre gamine? En était-il soudainement devenu le père adoptif, pour s'excuser d'avoir ruiné sa vie? Le loup plissa ses yeux, retroussant ses lèvres en une mimique de colère. Il ne montrait pas encore les crocs.
Alors il s'avança vers Alpha qui tendait toujours l'engin dans sa direction et, contre toute attente, lui passa à côté. Sur ses lèvres, les mots « Va crever» se lisèrent sans équivoque. Dante longea le grillage.
Il partait. D'ailleurs, le loup comprit pourquoi le parc lui avait semblé si dangereux quelques minutes plus tôt. Maintenant que toute présence de l'autre en était vide, il songea que ce serait l'unique endroit où il serait bon d'aller. Ses pas le conduisirent vers l'entrée de ce dernier. Ce banc, l'arbre.
Il voulait y retourner. Il voulait à nouveau s'y asseoir et oublier, se réveiller.

Il venait de croiser Alpha et ne l'avait pas tué. Ne l'avait pas tué.
Pourtant, il n'avait rêvé que de cela.
Ses foutues excuses ne suffisent pas. Elles ne suffiront jamais. Il devait retourner sur ses pas, sortir son canif et le lui planter dans le cœur, si tant est qu'il en ait un, ce dont le loup avait un doute lorsque, la douleur et la colère refaisant surface, il s'affaissa contre un arbre. Son corps, à nouveau incontrôlable, glissa le long du tronc.

Que voulait dire « vivre »? Il aurait dû lui poser la question, lorsque son canif était encore en position de mener la danse.
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Alpha Claus
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MessageSujet: Re: D'estoc et de taille [Dante]   D'estoc et de taille [Dante] Icon_minitimeMer 11 Mai - 21:45

« Dis, réponds. »

La voix, dans le combiné, s'était faite toute petite. Elle avait la douceur caressante de l'aube lorsque la rosée nait au creux des feuilles tendres, sa lumière aussi, et sa fraîcheur.
Mais cette voix se perdit, emportée par le vent. Nul ne l'entendit.
Néant.
La fillette laissa doucement retomber sa main à côté d'elle, sur le banc de chataîgner. Alpha avait décroché, sans répondre. Alors, elle se leva. Autour de son corps d'enfant voletait une robe de tule blanche, il émanait d'elle une impression de fragilité. A chacun de ses pas, on eut dit qu'elle allait s'envoler.
Sa tête tourna lentement sur son cou gracile. Le visage de la fillette s'éclaira. Venait-elle d'apercevoir quelque chose, ou bien une pensée connue d'elle seule l'avait-elle traversée et réchauffé son coeur ?

Rèn avançait vers ce jeune homme si pâle qui chancelait déjà, le seul être humain qui pouvait intriguer parmi les promeneurs épars. Loin de lui encore, elle ne distinguait pas ses traits. Les fins sourcils de la fillette, à peine froncés, deux petites plumes au-dessus de ses yeux, trahissaient son trouble. Puis elle le reconnut. Elle s'arrêta, enfant perdue au milieu d'une allée encore constellée de feuilles mortes.
Dante.
Un an auparavant, elle avait posé une question à Alpha. C'était les tout premiers mots qu'elle prononçait à son adresse. "Et le Loup ?" Alpha s'était accroupi devant elle, si petite. Il lui avait répondu, comme il le ferait toujours par la suite. Quels mots choisir pour cette enfant au regard d'adulte, cette enfant qui n'ignorait rien de la douleur ni de la mort ?
Dante, avait-il dit, Dante a souffert cette nuit. Je lui ai fait beaucoup de mal.
Suite à cela, durant de nombreuses semaines, la fillette n'avait pas adressé un mot à Alpha. Ce dernier ne chercha jamais à brusquer son silence. Il croyait que la fillette ne lui pardonnait pas ce qu'il avait fait subir à celui qui l'avait arrachée le premier aux griffes de la mort. La réalité était toute autre. Depuis toujours, Rèn avait grandi dans le mensonge. Pour elle, Dante ne l'avait pas sauvée, non, il l'avait empêché d'accomplir ce à quoi on l'avait préparée, ce qu'on la félicitait de faire. Rèn était une enfant bouleversée qui avait perdu sa place et tous ses repères.
Puis Alpha digéra sa propre douleur, plus ou moins. Il rangea soigneusement ses souvenirs dans sa mémoire déjà trop chargée. Alors, il s'aperçut que la fillette qu'il avait en face de lui dépérissait tout doucement, et comprit. Il lui expliqua qui il était, et ce qu'il savait de Dante. Il effectua même quelques recherches pour mieux la renseigner. A partir de ce moment, Rèn se mit à détester Alpha qui la protégeait chaque jour, et à vouer tout son amour au Loup blanc porté disparu. Elle avait alors six ans et demi.


Rèn serra ses poings menus. Elle reprit sa marche, ses souliers cliquetant sur les pavés qui recouvraient cette partie de l'allée. Puis elle quitta le chemin pour s'avancer dans l'herbe, vers l'arbre, un chêne, au pied duquel gisait Dante.
Ce n'est qu'alors qu'elle aperçut Alpha. Elle ne l'avait pas vraiment cherché du regard, ne s'attendant peut-être pas à ce qu'il fut ici, dans ce parc, sans être venu la retrouver.
Les yeux noirs du jeune homme happèrent les siens comme jamais.
Et Rèn se souvint brusquement de cette seconde question qu'elle lui avait posée beaucoup plus tard, question involontairement brutale et amère. "Qu'est-ce que tu lui as fait ?"
Quand tu ôtes la vie d'un être, avait répondu Alpha avec lenteur, il peut conserver, jusqu'au dernier moment, son corps et son âme. Le tuer, c'est le détruire tout en demeurant extérieur à lui. Et quand bien même, à l'instant ultime, tu vois ton propre visage se refléter dans les prunelles de ta victime, quand bien même, étrangement, tu te sens proche de lui à en crever toi aussi, ce n'est encore rien en comparaison de ce que j'ai fait à Dante.
Je n'ai pas détruit sa vie, je la lui ai volée. Je n'ai pas inhumé son âme, car maintenant je la sens en moi, à chaque instant.
Le visage de la si petite fillette était demeuré de glace. Hachant les syllabes, de sa voix enfantine, elle avait scandé : "Est-ce que tu regrettes ?"
Alpha n'hésita pas. Il ne mentirait pas. "Non, je ne regrette pas."

Mais, pourquoi, alors, pourquoi ? avait-elle murmuré alors que les larmes glaçaient ses yeux émeraude. Pourquoi l'as-tu fait ? Pourquoi ne regrettes-tu pas ?

Parce que...

Rèn cilla. Le regard d'Alpha s'était détourné du sien pour se poser sur Dante.

Les yeux humides, la fillette esquissa encore quelque pas, puis se mit à courir. Le cœur battant, elle se laissa tomber tout près de Dante et attrapa son bras de ses deux mains en un timide contact. Elle n'avait pas besoin de parler.
Elle riva ses yeux à ceux du Loup, et son regard d'enfant fondait tout entier en un remerciement sans condition.
Elle se trouvait là, simplement. Elle l'écoutait, comme prête à répondre à toutes ses questions. Mais il semblait qu'elle en avait encore davantage que lui n'en pouvait avoir.
*

Alpha marcha vers eux. Une clope se consumait lentement entre ses lèvres pâles. Il tendit une main ouverte vers la fillette, sans affronter le regard de Dante.

« Viens. Je te ramène. »

Alors, Rèn glissa sa petite main dans celle d'Alpha, Alpha à qui, mystérieusement et malgré tout, elle accordait sa confiance.
Elle se releva.
Mais elle n'avait pas lâché le bras de Dante.
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MessageSujet: Re: D'estoc et de taille [Dante]   D'estoc et de taille [Dante] Icon_minitimeDim 8 Juin - 16:18

Elle sentait si fort, puisqu'elle était si proche. C'est cela qui l'avait fait défaillir contre l'arbre. Ce mélange d'odeurs qu'il connaissait et assimilait à cette soirée tirée d'un passé auquel il feignait ne pas penser. Elle était là, à quelques pas de lui et Alpha, non loin : à eux trois, ils recomposaient une scène qui malgré le temps passé, restait d'une violence sans pareil. Malgré tout, il était conscient aujourd'hui. La douleur dans son épaule, souffrance purement psychologique, le poussa à concentrer son attention sur quelque chose qui l'éveillerait de ses cauchemars d’antan. Rèn. Dante ne parvint plus à extraire son regard de la jeune fille une fois qu'il eut posé les yeux sur elle.Il l'analysa, comme toujours, inconsciemment pendant que son regard parcourait chaque trait de sa personne.Elle avait grandi, comme tous les enfants de son âge. Elle paraissait aussi bien traitée, propre sur elle, vêtue de beaux vêtements et de souliers légèrement usés : elle restait une enfant. Mais une enfant magnifique à son chevet, pleine d'une forme de pitié qu'il peina à endurer lorsqu'il recroisa les lueurs dans ses yeux. Le contact, sur son bras, ne le glaça ni le fit frissonner. Soudain, il ressentit à nouveau le poids de l'enfant sur ses épaules, comme il y a un an, lorsqu'elle était un colis qu'il devrait livrer et dont il ignorait tout. Rèn réussit-il à esquisser sur ses lèvres. Il aurait pu en pleurer, tant il se souvenait de tout, de chaque sifflement de balles et surtout, de ce qu'il aurait fait pour la sauver. Pendant cette année où il s'était persuadé d'avoir laissé mourir cette enfant, elle n'avait fait que grandir et peut-être avait-elle oublié cet évènement. Mais peut-être pas. Elle se souvenait de lui et il se sentit si malheureux, pour tout ce qu'il n'avait été capable de lui épargner. Appréhendant ses remerciements comme une forme de colère, il releva mollement une main aux ongles rouges de se les être rongés à sang. Pardon, formula-t-il à nouveau, sans qu'aucun son ne s'échappe d'entre ses lèvres. L'ombre d'Alpha vint se poser sur lui, l'extrayant sans mal de sa contemplation. Comme la dernière fois, l'Elu lui arracha la petite fille des bras, l'arracha de lui-même qu'il retrouvait seulement. Dans le regard de Rèn, dans sa poigne si fragile, il se sentait comme renaître, éprouvant des sentiments et des sensations qu'il n'avait plus eu le plaisir de ressentir : autre chose que de la haine, de la colère, une tristesse sans pareille voutait ses épaules lorsqu'il laissa glisser les doigts de l'enfant le long de son bras. Pour doucement enrouler ses propres doigts sur ceux de la petite fille, une main blanche et squelettique qui n'en finit pas, qui la supplierai presque de ne pas s'en aller, de ne pas le laisser. De ne pas partir avec lui.Dante, alors, releva son regard sur Alpha. Il put à nouveau y lire cette colère vivace, malgré ce fond azuré qui s'extrayait peu à peu de la tombe de marbre où il avait disparu. Encerclant ses pupilles, la couleur si profonde toisa l'homme, plus froidement que jamais.Que vas-tu...Faire d'elle ?Peut-être n'était-il pas compréhensible. Peu étaient capables de lire sur les lèvres malgré le fait qu'il articulait aussi bien que ses mâchoires crispées le lui permettaient. Dans tous les cas, sans relâcher la main de Rèn, il se redressa en s'appuyant contre l'arbre, sans quitter non plus l'autre du regard. Tâchant de ne pas écraser les os de l'enfant malgré la fureur qu'il contenait tant bien que mal, il caressa du pouce le dos de sa main, se voulant rassurant alors qu'il n'y connaissait que très peu la signification de ces mots, de ces gestes. Il savait juste que, comme à l'époque, tout ce qu'il voulait lui éviter était de souffrir, encore plus s'il s'agissait de souffrir par sa faute à lui. Trop d'erreurs déjà commises, qu'il ne se permettrait pas de répéter. Jamais, c'était la promesse qu'il lui faisait d'ailleurs sans un mot, juste une caresse, de celles qu'il ne reçut jamais.
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