Suria
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 De nouveau "ici"

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MessageSujet: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeSam 16 Aoû - 16:24

=> Dortoirs

Il regarda anxieusement Eren. Il n'avait pas l'air très... très... Il avait l'impression d'avoir fait (encore) une connerie. Oui il savait que s'il se baladait avec ça sur le dos il tomberait malade, c'est pour ça qu'il voulait le sécher, il n'était pas idiot -pas complètement. Il ne voyait pas où était le problème qui agaçait Eren.

- A quoi il sert, Farbe ?! Tu comptes aller travailler tout à l'heure torse à poil ? Si tu veux je peux prendre ton futal pour me faire un bandana aussi, comme ça tu pourras tout exhiber !


Le chaton essaya distraitement d'imaginer comment son vénéré sempai arriverait à transformer son pantalon en bandana, avant de cligner des yeux et d'oposer une faible résistance.

- Mééééé y'a plein de gens qui se baladent torse nu...

Ses lèvres se refermèrent. Mais êput-être pas le matin, peut-être pas en cette saison. Mais ça Eren le lui dirait tout seul. Il essaya néanmoins de coller une mine repentante sur celle qui était persuadée du bien-fondé de son acte.
Eren trouva une solution comme il s'y attendait. Il se hissa sur la pointe des pied et leva les bras pour étendre proprement son haut sur le lit qu'il imprégnerait d'humidité et sur lequel il déteindrait avec un peu de chance. Puis il trottina docilement derrière sempai qui l'emmena voir.. voir quiii ?

Lui aussi aurait adoré torturé Yuürei de bon matin, mais il resta légèrement en retrait, pensant que c'était une sorte de rituel au réveil comme certains boivent du café. Sans doute que ça mettrait Eren en condition pour la journée. En attendant il se fit saisir sans trop de douceur par les épaules et pousser devant, comme une excuse pour l'agression. Petit Shane n'en menait pas large mais se tenait prêt à se défendre, juste au cas où.
Il n'en eut pas besoin, à vrai dire on discutait par dessus sa tête.

On habilla son torse d'un tas de vêtement différents, jamais neufs, parfois en bon était avec des couleurs peu fraiches. Il aimait les débardeurs qu'on lui fit enfiler -surtout le noir délavé. Il lança un regard à Eren, un "je veux bien celui là" sur le bout des lèvres, mais il suspendit son geste en voyant les sourcils froncé. Il enfila à la place le pull élimé qu'on lui tendait. Trop grand, informe et gris, bref lui donnant un air tout sauf séduisant. Et ca lui tombait jusqu'aux cuisses.

- Ca lui va très bien.
- Tu rigoles, c'est moche.

Il approuvait silencieusement, mais de toutes ses forces le point de vu de Yuürei. Il lui adressa un regard bleu de soutient, mais le couperet tomba aussitôt.

- Non moi je trouve que c'est parfait, merci Yüu.


Son maître avait perdu la tête. C'est ce qu'il pensait en regardant la silhouette aux cheveux trop longs qui le traînait. Comment quelqu'un d'aussi pointilleux sur le paraître pouvait lui ordonner de porter cette horreur ?
Il fit tout aussi docilement sa part de ménage, attrapant son haut à lanière qui avait effectivement bien commencé à tremper le lit, et l'étendit plutôt sur le dernier barreau de l'échelle, espérant juste de toutes ses mimi-forces que personne passerait devant et aurait envie de lui voler.

- Il faut faire profil bas maintenant Shane-kun. Ca veut dire qu'on va direct à la Maison. Tu devrais rien avoir, t'inquiète, je te couvre de toute façon. Mais c'est heu... la politesse, si on peut dire, du moins être sûr que... Enfin voilà, je sais que tu comprends.

Regard qui souriait alors que ses lèvres adoptait une fausse posture sérieuse.

- Mais je vous comprend, maître.



Peu après ils étaient dans le rue. La lumière était grise le matin c'était bizarre. Et il faisait froid. Ses bras qui flottaient dans leurs manches trp grandes frissonaient parfois, quand un coup de vent les atteignaient. Oui j'ai bien dormi. Il marqua un temps de suspension avant de rajouter, "mais seulement parce que j'étais avec toi, j'aurais pas pu dormir dans cette couchette tout seul" et s'en suivit une énumération de plus ou moins mauvaise foi pour justifier pourquoi il ne pouvait pas dormir aussi près du plafond, et de toute façon sans quelqu'un tout court.
Et s'il s'en sortirait aujourd'hui... Il répondit seulement par un haussement d'épaule et un sourire hésitant. Qu'est-ce qu'il pouvait bien en savoir ?
Ses yeux furent hypnotisés un instant par le caillou projeté par le bout de basket. Ses mains étaient pelotonnées au chaud dans sa poche ventrale et ses lèvres s'entre ouvraient pour goûter au métal de son piercing, ses doigts jouaient entre eux à sonder leurs articulations. Il y avait des pensées bizarres qui lui venaient tête, pendant qu'il écoutait quelques voix étouffées dans le vent. Il aurait été troublé si son cerveau les avait imprimées, mais elle s'en allait aussi rapidement qu'elles étaient venues, sans laisser de trace, allant disparaître un peu plus loin.
Leurs pas ralentirent un peu quand la Maison fut à portée de regard, ou bien ce n'était juste qu'une impression...

Les types en noir les suivirent du regard quand ils entrèrent. Ils essayaient de leur en imposer, à ces fuyard qui leur avait coulé entre les mains quelques jours plus tôt. Ca pesa sur leur épaules et dans leur dos tout le long du couloir qui menait au bureau de Dienthal. C'était étrange qu'il connaisse ce chemin aussi bien avec à peine quelques jours d'ancienneté.
Eren était devant lui quand la porte s'ouvrit. Le gentil proxénète ne lui jeta qu'un coup d'oeil assez froid, le genre qui devait simplement vouloir ranger dans sa tête la petite étiquette "Shane" à l'intérieur de la "Maison". Il fit entrer Eren, le laissa dehors.
Il se fit tout petit dans l'étroit couloir, fixant avec obstination le panneau de bois comme s'il allait devenir transparent. Il essayait à la fois de tendre l'oreille et de ne surtout pas entendre ce qui se disait à l'intérieur, situation plutôt confuse à laquelle mit fin une ombre sinueuse escaladant son bras.
Il se retourna pour croiser les verres fumés du type en noir qui lui grogna vaguement qu'il ne devait pas resta. Il lui serra l'épaule à lui briser la clavicule en deux et l'escorta jusqu'à la sortie du couloir, jusqu'au Salon en fait.
Shane se dégagea et secoua un peu son épaule, puis se dirigea lentement vers les vestiaires. Il se changea sans précipitation, songeur, et toutes ses pensées étaient tournée vers une unique personne aux cheveux noirs. Oh! Il espérait simplement que son sempaï n'aurait pas trop d'ennuis. Il achevait d'enfiler son manteau blanc -le long, pour l'instant, tant qu'il ne recevait pas d'ordre contraire- quand il se souvint pourquoi il n'était pas partit avant qu'Eren lui agite une pare de AT's sous le nez.
Il referma à la va-vite le placard et couru devant la porte de Dienthal.
Silence.
C'est à dire pas de bruit.
Soit Eren était déjà mort, les os broyé par un passage à tabac, soit ils étaient occupés à siroter une tasse de thé et c'est pour ça qu'il ne pouvait rien entendre. Le même gorille que tout à l'heure vint le chercher. Ses doigts l'effleuraient à peine qui les cassa d'un revers sec de la main et planta un regard couroucé au milieu des trous noirs qui masquaient ses yeux. Attitude sas doute empruntée à Eren. Le personne de "Shane" commençait à faire son chemin.

Il s'adossa à côté de l'entrée du couloir et attendit, défiant du regard quiconque s'approchait pour lui donner une occupation. Il en était toujours là quand Eren sortit, et il l'accueillit avec une regard bleu portant une vague de question muette. Mais il était ne un seul morceau, marchait sans difficulté, et ne portait pas de traces de coups. Alors il se mit en tête de l'accompagner aux vestiaire, pour qu'il se change, et accessoirement lui raconte dans un espace un peu plus privé l'entretient.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeMar 19 Aoû - 18:05

Et les voilà entrés. C'était un chemin habituel qu'ils arpentaient, les mêmes carrés froids, astiqués soigneusement pour la nuit, et les mêmes épaules musclées qui les encadraient, les dominaient comme un rang d'oignons jusqu'au bureau de Dienthal. Arrivés en face de la pièce, ils durent attendre un moment, fraction de minutes où Eren croisa et décroisa ses bras, réfléchissant au meilleur moyen de ne pas trop impliquer le chaton aux yeux bleus dans l'affaire - quoi, ce serait bête qu'il lui arrive des embrouilles alors qu'il avait été "entraîné"... Enfin, la porte s'ouvrit sur leur honnête patron, et aussi son expression. On ne pouvait pas deviner qu'il les avait laissés attendre volontairement si l'on n'était pas Eren, pourtant la petite ride sur son front était tellement voyante... Le prostitué brun passa lentement le bout de sa langue sur ses lèvres puis ses dents, les humectant ce qu'il fallait, avant de dépasser Shane et de le laisser dans le couloir, n'osant pas jeter de coup d'oeil en arrière de peur d'être réprimandé. Le rôle de l'adolescent aux cheveux blancs se terminait là. C'était bien.

Derrière l'encadrement boisé de cette fameuse porte, il y avait le meuble où siégeait le proxénète à longueur de temps, et quatre murs moisis, une liasse de papiers imprimés dont il ne connaissait pas le contenu, sûrement des choses au-dessus de lui, du niveau de la pègre surienne. Il savait que Dienthal venait d'une "noble famille" d'Abyr roulant sur les myrs, souvent obtenus de manière peu conventionnelle. Ca ne l'avait pas intéressé mais il comprenait pourquoi parfois son patron avait plutôt l'air d'un PDG d'entreprise que de quelqu'un qui pratique le trafic de corps et de faveurs.


- Assieds-toi.
- J'ai pas envie de susucre ni de café...
- Eren, un susucre ?
- Oh, si tu insistes.

L'hybride s'assit dans le fauteuil un peu mou, où il s'enfonça aussitôt confortablement. Il était chez lui. Sa main aux longs doigts s'avança sur un bibelot qui traînait sur la surface de travail de l'homme, jouant avec, distraitement. Par la même occasion, les yeux gris perle ne semblaient aucunement intéressés par Dienthal, mais plutôt cette activité ma foi fort utile. On pouvait donc apparenter cela à de la provocation - et en même temps, le mauvais penchant d'Eren à se sentir à sa place et à envahir tous les endroits qu'il investissait. Bientôt il dirait à Dienthal de refaire la peinture de sa pièce qui était af-freu-se et de revoir ses goûts en matière de déco... Et le pire dans tout ça, c'est sans doute qu'il serait exécuté.

Ses iris redevinrent intéressés par la conversation qui suivrait quand on lui tendit une boîte sortie d'un tiroir, comportant des assortiments de chocolats, bonbons et caramels. Une bonne minte pour grapiller dedans et mâchouiller en fixant l'humain en face de lui, comme pour signaler qu'il était maintenant prêt à lui accorder toute son attention.

- Je ne veux pas... que ceci se reproduise.
- ...Ceci.
- Tu sais bien, ne joue pas non plus la carte de la provoc. Tu ne peux pas partir comme bon te semble, et tu ne peux pas emmener quelqu'un avec toi en plus de ça. Imagine les pertes que ces trois jours m'ont causé.
- Je comprends. Tu m'en vois désolé.

Il releva le menton d'un air orgueilleux, pour être certain que ses conditions seraient acceptées par un proxénète débordé.

- Ca ne peut pas rester impuni, Eren. Tu comprends ? Donc toi c'est le trottoir pour ce soir et une semaine.

Oh. Lèvres princées.

- Et dis au gamin que...
- Je ne dirai rien au gamin. Si tu pouvais ne rien lui faire du tout ce serait parfait, en fait. C'est moi qui lui ait dit de venir et il est pas assez intelligent pour refuser. Fous la paix aux idiots.
- ...
- Mh ?
- Je me demande ce que tu as derrière la tête.
- Rien.
- Tu ne tournes pas rond, je peux te le dire.
- ...
- Est-ce que quelque chose a changé, Eren ?
- Changé ?
- Des problèmes dans ton travail ou avec m...

En un record de temps, l'hybride s'était levé, repoussant son siège en un soupir lassé. On pouvait dire que Dienthal était un père et lui, un enfant particulièrement insolent. En tout cas, il ne supportait pas ses crises gaga et se chargeait toujours de fuir avant qu'on vienne lui demander s'il avait ses règles ou des problèmes avec ses amis à l'école. Ce genre de discussions stériles ne l'amenait à rien, n'avancerait même pas son souci, puisque de toute façon il ne parlerait pas des "choses importantes" à celui qui l'avait recueilli. Il se boucherait les oreilles en criant "Lalala" si on s'évertuait à lui faire cracher des choses sur son passé plus conséquentes que : "Je suis de Tinkreet", ou si on commençait à trouver son attitude étrange.


- Ca perd de son intérêt, Dienthal. Je n'ai rien du tout.
- ...Dis au nouveau qu'il travaille de nuit.
- Oui, chef.

Il sortit en traînant un peu, tournant la poignée volontairement lentement avant de se retrouver devant un Shane changé, s'efforçant d'avoir l'air neutre - mais terriblement triomphant à l'intérieur. Discret sourire au visage un peu pâle qui le regardait, et ils disparurent en direction des vestiaires où il retrouverait l'étoffe un peu froide de son kimono de ne pas avoir été utilisé pendant longtemps. L'hybride tournait le dos à son apprenti en ôtant son débardeur, laissant retomber une cascade de cheveux sombres sur son dos et ses écailles. Il savourait le silence qui pesait sur sa langue, faisait doucement monter la pression sur le petit chat névrosé qu'était Shane-kun. Ses mains descendirent sur son ventre déboutonner son jean avant qu'il n'entame la conversation d'un ton banal.

- Shaaaaaaaane-kun. Je dois te dire que tu bosses ce soir.

Petit coup d'oeil gris vers le jeune homme.

- Ca fait beaucoup de clients jusqu'à minuit. Donc je veux que tu te ménages. En plus *air peiné* je ne serai pas là pour veiller sur mon petit Shane-kun, parce que je serai à bosser dehors dans le froid cette nuit.

Il passa sa tenue avec aisance, pliant soigneusement les tissus irisés avant de s'attaquer à ses cheveux, d'un air concentré.

- Donc promets-moi d'être sage, hein ? Tiens-toi bien. Tu peux venir me tenir ça, que je mette le ruban là ? Tu seras un amour.

[Et je n'ai pas fait avancer le schmilblick, c'est cool ôwO *smiley effrayant on*]
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeMar 19 Aoû - 20:33

Les mains blanches un peu sèches effleurèrent la peau du cou brièvement, avant de saisir une mèche brune et coulante sur sa main. C'était souvent comme ça, il ne s'en rendait même pas compte, mais son cerveau commandait un ordre quelconque, ses mains l'exécutaient, et courraient, caressaient l'objet qu'on mettait contre elles comme si elles étaient douées d'une autre conscience à laquelle il n'avait pas accès. Ses mains blanches un peu sèches, et comme une coupure obscène de contraste, les cheveux noirs.
"Tu bosses ce soir", "je serais dehors". Il devinait sans peine que derrière ces mots il y avait des choses qui flottaient, un sens qu'ils charriaient mais que lui ne pouvait pas encore comprendre. Il avait trouvé quelques paroles distraites pour réconforter sempai. Il avait seulement compris qu'ils ne travailleraient pas dans le même service. Ses pensées allèrent vers un quelconque Yüurei ou Farbe à squatter.
Donc jusqu'à ce soir on les laissait tranquilles. Il s'était attendu à bien pire.
Par la fenêtre le soleil éclairait le sol de ciment défoncé et taché, les murs qui s'effritaient. Un soleil de matin dont les rayons auraient pu être beaux, qui éclairaient le local glauque avec indifférence. C'était mieux la nuit, quand le noir et les néons enrobaient d'un air iréél sa condition -leur condition à tous- comme un peu de chocolat autour d'une liqueur dégueulasse. Ouais... ils allaient retourner dans le salon hein.
Avant de sortir il appela son sempai pour lui voler un baiser. Acte gratuit. Mais il devinait que c'est ce que "Shane" aurait fait. "Shane", jeune produit mis à disposition par la maison.



Ils traînaient. Tellement affalés sur les canapés que les types en noir qui restaient debout, les mains croisées sur les fesses avaient secrètement envie de les assassiner au fil des heures qui s'écoulaient.
Et en plus ils prenaient un canapé chacun.



Le soir. Strass, néons, paillettes, strings et bouts de fesses et de seins qui se balladent un peu partout autour. Bienvenue.
Shane était collé lascivement à un type assis, une main posée vers l'intérieur de ses cuisses un peu larges comme s'il n'avait rêvé que de "ça" depuis qu'il l'avait vu. Le quadragénaire avait la main enfouie dans ses cheveux qu'il massait avec une expression érotique sur le visage, comme s'il se touchait lui-même. C'était sans doute sa couleur de cheveux qui attiraient les gens un peu fétichistes.
Il était collé contre un type encore en costar, sans doute pour impressionner et rameuter la chair fraiche à lui. Un peu plus tôt un type qui avait tout du "jeune premier" un brun vieilli lui avait demandé, discrètement et d'une voix tendue, s'il voulait bien être son "dom". Il avait cligné des yeux neutres qui cachaient son ignorance et avait répondu d'une voix claire qu'il ne savait pas clairement ce que c'était mais qu'il voulait bien de toute façon.
Il s'était retrouvé bardé de cuir et lanières qui ceignaient ses cuisses blanches, ses fesses et son torse. On lui avait mit des objets dans les mains et son client, une fois seuls dans une chambre, était tombé à genoux et levait les yeux vers lui, suppliant. Shane changeait de temps à autre de jambe d'appui, peu assuré sur les chaussures noires comportant dix centimètre de talon. Pourtant il n'avait jamais eu le vertige dans sa vie, se balançait sans crainte du haut d'immeuble mais avait le vertige sur des talons. Sauf qu'il ne tenait pas à fouetter un type, même un type agaçant qui lui murmurait des imprécations du style "oh oui domine moi" "donnes moi un ordre". Son bras raide avait fait claquer son fouet sur le mur. Il ne savait pas si on faisait comme ça mais ça avait fait un joli bruit. Son premier ordre fut "tais toi". Ses yeux bleux étaient fixes et irradiaient d'assurance. C'était tellement facile quand on se mettait à ses pieds aussi. Il ne le frappa pas une fois, se contentant de son ton glacial. Puis "Shane" avait lancé un autre ordre : "lèche mes talons". Ordre sans doute attendu puisque exécuté avec empressement fébrilité. Puis les geignements plaintifs firent dire à ses lèvres "touche-toi". Et il avait achevé son premier client avec une vague nausée au fond du ventre et un peu de salive sur des chaussures qu'il enlevait rapidement pour repasser sa tenue de chaton des neiges.
Et donc il pensé être à moitié affalé sur ce qui allait être son prochain client. Son deuxième de la soirée. Il se demanda distraitement si Eren serait fier de lui avant de passer rapidement à autre chose, sinon il se poserait tellement de question qu'il finirait par faire un tour dehors pour aller le voir. Il n'était pas sûr d'avoir le droit.
Le type en costard partit avec deux de ses collègues. Ce n'était pas grave, il aurait le prochain. Petit voyage vers le buffet, à savoir un "Shane" qui se lève, un air vaguement ennuyé étudié, une main qui ébouriffe ses cheveux puis la démarche jusqu'au buffet, "comme on lui a appris", avec des oscillements de hanches désinvoltes. Et il resta debout devant la petite table nappée pour faire couler dans sa gorge un chamapgne doré et pétillant.
Un type brun aux yeux verts. Il aurait juré Yüurei, avant de faire un peu plus attention et se rendre compte que ses cheveux étaient un peu plus longs et moins ébouriffés, que sa silhouette était aussi différente, qu'il portait un pantalon noir et une chemise blanche, malgré le fait qu'il avait à peine plus de vingt ans. Le newbi prostitué sourit, pensant qu'il n'avait peut-être pas su comment s'habiller pour aller à la maison de passe. Il faudrait qu'il fasse gaffe s'il ne voulait finir enrôlé par Dienthal. Le jeune vint directement vers lui, vu que tout les autres étaient massé en groupes confus sur les canapés.

Il a un regard joueur, un regard malicieux, exactement comme Yüurei. Alors il se permet de jarter sa main sur sa hanche d'un geste simple, un sourire dans son verre.

Ils finissent sur un canapé, forcément, assis avec leurs jambes bien droites, côté à côté, avec juste une main posée sur son short pendant que le brun se penche sur son oreille pour lui parler. Ils parlent tous les deux en fait, passent une bonne heure à, entre autres, critiquer tout ceux qui passent. Le but étant de fait le commentaire le moins gentil et le plus inventif. Il s'appelle Maïl, et ce qui est bien avec lui c'est qu'il n'y a pas besoin de lui faire croire qu'il n'a qu'une seule envie ; le baiser. D'ailleurs, ne perdant pas son temps, "Shane" lui avait fait la remarque que ça se voyait que c'était la première fois qu'il allait chez les putes, parce qu'il essayait de les séduire comme des gens normaux. Maïl avait pris une attitude clichée, l'air mi-ennuyé mi-amusé, et jouait à l'invétéré dragueur pris sur le fait. Ca fit rire Shane, et il se permit de lui demander si "histoire de faire bonne figure auprès du patron" il ne voudrait pas consommer. Son client accepta. "Mais c'est vraiment parce que tu me forces", fit-il fendu d'un sourire.

Au lit ça avait été n'importe quoi. Pendant les préliminaires ils ressemblaient plus à deux gosses plutôt qu'à ce qu'on pourrait s'attendre à voir dans une maison de passe. Shane était en dessous, mettait ses mains sur les bouche de Maïl pour qu'il arrête de lui chatouiller le cou, et ce dernier lui laissa le plus de salive possible sur les mains, que Shane essuya sur son torse par la suite. Les plaisanteries s'espacèrent pour revenir à la scène typique d'un corps aux yeux fermé et à la tête tournée, accroché au draps, et à la silhouette au-dessus de lui qui s'acharnait pour atteindre le plaisir. L'air était moite, son front humide, et son corps mouillé dans l'ensemble.
Maïl ne s'était pas affalé sur lui comme il s'y attendait. Ses mains certes s'étaient crispée sur ses hanches, ses doigts s'enfonçant dans sa chair sans y prêter attention, lui les avait lâchées et était retombé sur ses bras, les cheveux dans les yeux. Shane lui avait regardé le plafond pendant qu'il récupérait son souffle perdu, puis les baissa sur l'attitude étrange de son client. Enfin. "Etrange".
Les bras cédèrent brusquement et des os enveloppé de chair se heurtèrent aux siens. Il grogna et le repoussa, avant que des bras se referment autour de lui.
- Shane ?
- Mmh ?
- T'es pas très doué.
Maïl n'esquiva qu'à moitié un coup de genoux, qui toucha sa côté plutôt que son ventre, tandis qu'un "connard" musical résonnait dans ses oreilles. Le bruit geignit encore, mais du bruit produit par deux jeunes se chamaillant sur un lit. Ca finit par ailleurs avait un Shane allongé, bloqué par des mains autour de ses poignet et des genoux enfoncés dans ses cuisses pour le faire tenit en place. Il était occupé à tirer la langue pour sortir une mèche blanche de sa bouche. Ensuite il remarque un regard fixe, comme si on avait bloqué sur lui. Il allait demander un "quoiiiii" mais on s'enlevait déjà en marmonnant un vague "merde". Il ne comrpti pas mais Maïl avait quasiment sauté sur ses vêtements qu'il enfilait en lui tournant le dos. Shane ne savait pas quoi faire alors "Shane" se traîna jusqu'à son client.
- Un problème?
- Nan.
Le pantalon noir couvrit ses fesses et il se débattit avec l'attache du pantalon. Des bras enlacèrent sa taille pour le tirer et ramenner les-dites fesses sur le lit. Sa tête se tourna pour tomber sur une autre aux cheveux blancs, le menton posé sur son épaule. La main de Shane se glissait déjà entre ses cuisses pour palper le début d'une nouvelle excitation.
- Au fait demain t'as qu'à revenir avec un jean. Parce que là ça te va vraiment pas.
Silence.
- J'ai pas envie de l'faire une deuxième fois, fit un client qui s'efforçait d'être désinvolte.
- Tant mieux alors. Mais tu comprendra que je peux pas suçer "maintenant".
Et il l'avait appris tout seul =D! L'échange coupa court lorsque Shane glissa sa main sous le sous vêtement (blanc avec de fine rayures noires verticales, c'était sans doute à la mode). Il manqua de tomber en arrière quand Maïl s'affala contre lui, et du supporter son poids de son mieux en finissant son travail à la main. D'ailleurs celle du brun ne tarda pas à rejoindre la sienne pour finir ça plus vite, et il était sûr qu'il se tortillait en gémissant chaudement contre lui pour le mettre dans le même état. Quel pervers.

Maïl dans le couloir l'avait quitté en levant une main dans sa direction, doigts écartés. Il le saluait comme un ami. Ce type était vraiment spécial. Il secoua doucement ses cheveux, les pointes mouillées par son passage sous la douche l'agaçaient et il espérait que ça sècherait vite. "Shane" se dépécha de retourner au salon. Là, parmi les canapé et le champagne, il resta quelques heures de plus collé contre divers corps qui choisissaient toujours un autre, jusqu'à son troisième client. Il s'ennuyait ferme depuis déjà longtemps et avait pensé que sa nuit était terminée. Mais un adulte arriva et choisit de le prendre lui, lui avait passé une main insistant sur les fesses pendant qu'il l'avait accompagné à la chambre.
Trois clients. Il était pas loin de cinq heures du matin, temps du relai. Il pourraient sans doute pioncer une grande partie de la journée jusqu'au soir suivant dans un dortoir presque vide, lui et Eren. En attendant il était assis contre un mur qui partait en lambaux dans les vestiaires, les mains jointes et posées contre ses lèvres, l'oeil pensif fixé sur une tache quelconque. Les corps passaient, lui attendait Eren.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeJeu 21 Aoû - 16:00

Ils avaient laissé la journée couler entre leurs doigts sans rien vouloir y faire, quelque part un signe de résignation, doublé de l'amollissement qui les avait fait s'affaler sur les canapés habituellement réservés aux clients le soir. Eren regardait ses pieds, l'extrémité de ses jambes, posés sur l'accoudoir en face de celui sur lequel il reposait sa nuque, et peut-être que ses pensées à cet instant n'avaient rien de concret, rien de fouillé, rien de mûrement réfléchi. En réalité, il se disait tout simplement qu'il avait de longues jambes, et qu'enfant il n'aurait jamais pensé devenir aussi grand. Par un lien logique, il en était venu à des petites élucubrations, comme quoi tout ce qui avait pu lui paraître immense lorsqu'il était encore petit avait à présent perdu sa magie, son côté impressionnant. En bref, l'hybride ne prêtait pas une seconde d'attention au monde autour de lui, changeant parfois de position pour désankyloser ses membres, s'assoupissant quelques minutes.

Le soir était officiellement arrivé quand les lueurs des lampes du plafond apparurent. Le paysage avait alors quelque chose de différent de son triste vide de la journée : on y murmurait, des rires joyeux résonnaient, parfois une silhouette dévêtue traversait la pièce en long et en large pour servir de l'alcool. Il eut un léger soupir, se rappelant qu'on ne lui faisait pas le "plaisir" de le laisser au milieu de tout ce beau monde pour son retour triomphal. Alors il s'était redressé, avait un peu attendu sur un canapé, et puis au signe de tête agacé d'un type en noir, avait vite déguerpi en adressant un petit signe de la main embêté à Shane, qu'il laissait derrière lui. Allez savoir ce que le petit ferait tout seul... Se débrouillerait-il ? Ou bien l'avoir foutu trois jours à l'extérieur lui avait fait oublier les bonnes manières et il se jetterait au cou de Yuürei quand on oserait tâter son postérieur ? Allez, partons sur la confiance, zen. C'est un grand garçon de 17 ans.

Comme attendu, il faisait froid. Eren ramena une manche de kimono contre son épaule, s'emmitoufla un peu plus dedans qu'à son habitude, quand il était "à l'intérieur". La devanture de la maison de passe était aussi fréquentée, voire plus que le grand hall, qui recelait un certain calme et une atmosphère de détente. Ici ses collègues piaillaient, déambulaient, discutaient parfois avant d'être rappelés à l'ordre par des invectives et de se déhancher sur leurs talons. La plupart des jeunes femmes présentes avaient été affublées d'un sac à main, moyen plus pratique et efficace de récupérer l'argent qui tombait des mains de leurs prétendants. Il savait à quoi s'attendre en se promenant en leur compagnie dans la ruelle sale. Soit une fille l'accosterait - et il répliquerait gentiment qu'il ne faisait pas la partie féminine du programme, soit il aurait droit à un hétéro en manque qui avait tranché sur son visage androgyne en imaginant qu'il avait un peu de poitrine et des cuisses toutes mouillées. Ainsi, il préféra virer du côté des garçons adossés au mur, à peine couverts d'un short et d'un string, qui bavassaient en changeant parfois de position. ll ne connaissait pas beaucoup "ceux du dehors", pour le peu de fois où on lui faisait l'affront de le faire bosser au trottoir, aussi il n'était pas franchement pour la conversation avec les types aux visages de gamines qui riaient. Quelques fois Yuürei l'avait suivi dans ses incartades, et ils s'étaient retrouvés tous les deux ici, mais c'était différent. Yuü était à l'intérieur avec Shane, Farbe dormait. Il n'aimait pas voir son trio disloqué par Dienthal.

Quelques mèches brunes lui tombèrent devant les yeux, il les ramena derrière son oreille en effectuant un "tour de chauffe", ou quelques roulements des hanches assurés pour prévenir de sa présence. Quelques temps plus tard, il regardait un des garçons efféminés partir dans une ruelle attenante, mais préféra emmener le mec qu'il tenait fermement par sa cravate dans une chambre. Il n'était vraiment pas pour se faire prendre contre un mur froid et dégueulasse, la peau nue dans un air aussi vicié. Couloir. Porte. Ha, bien sûr que c'était sa pièce habituelle, il l'avait vue libre alors... Celle avec la fissure dans le mur.
Il était un peu surpris. Le nez dans le torse adverse, il écoutait d'une oreille attentive les insultes qu'on lui débitait, se demandant s'il devait rire ou pas. "Salope", "petite pute" ? Soupir intérieur. La meilleure attitude à adopter étant sans doute de gémir et d'en demander plus, c'est ce que l'hybride fit. "Tu vas en goûter, de ma...". Certes. Il ouvrit les cuisses.

Il était retourné dehors sans voir la frimousse aux cheveux blancs en passant dans le hall - bah, ça voulait dire que ça se passait bien alors. N'ayant pas pris la peine de rattacher la masse de cheveux noirs qui coulait dans son dos, il avait maintenant plutôt l'air d'un animal sauvage un peu farouche. Il s'était contenté de mettre l'argent dans un des tiroirs de la chambre : un autre employé le ramasserait bien et irait le descendre au boss. Le deuxième, c'était... Enzel. Oh. Il ne l'avait revu qu'une fois depuis qu'il l'avait envoyé se faire foutre (pour finir avec Ash Ezo sur le dos et une escouade de Sentinelles au ***, alors peut-être qu'il aurait mieux fait de se faire prendre par ce gros porc), et on sentait que le gars lui faisait sérieusement la tronche. Eren pencha la tête sur le côté, adressant un sourire au visage neutre. Pour cette fois, alors... Il ferait mieux de courber le dos et de se laisser faire par toutes les autorités supérieures voulant le dominer.

Putain... Ca faisait mal. Il essayait de se détendre au mieux, de décrisper ses muscles, pour rendre le moment plus supportable, mais à dire vrai il était plutôt en train de plaquer une main sur sa bouche en arquant son corps, ses paumes glissant sur les briques poisseuses qui lui faisaient face. Est-ce qu'on était dans la rue où il avait appris à Shane à "marcher" ?... Quelle importance. Il cligna doucement des yeux sur les billets vert pâle glissés dans l'ouverture de son kimono. C'était bien, il avait travaillé exemplairement.

Une autre forme de chaton trottinait doucement dans la rue. Les yeux gris suivaient sans les voir les passants, ciblant celui qu'il voudrait pour la suite. Et il était tombé sur ces yeux perdus, marron clair, un visage encadré de boucles, des tissus ouvragés pour vêtements. Ha. Ca, c'était soit la Haute, soit la bourgeoisie qui venait ensuite. C'était surtout un petit vierge totalement perverti qui avait beaucoup, beaucoup de sous, et serait plus généreux si on s'occupait bien de sa personne. Pour ne pas le traumatiser, il l'avait mené dans une chambre du fond du couloir, et avait regardé attentivement les expressions de son visage pour déceler la peur ou l'angoisse. En quelque sorte, la relation lui avait fait penser à un autre adolescent à qui il avait donné sa première fois, des jours auparavant. Sauf qu'il était bien plus séduisant, et l'avait accompagné dans ses mouvements pour l'aider, acceptant à la fois sa présence et la sensation dans un soupir lourd résigné. C'était peut-être bête à penser, mais ce petit sous lui qui se tortillait en égarant ses doigts sur les draps, il n'était pas bandant.

Pour oublier les premiers clients, il avait fini avec deux gars un peu joueurs qui avaient des envies de truc à trois. Ca allait, c'était presque amusant - il devrait arrêter d'analyser ses partenaires... Doucement il en embrassait un en sentant ses grandes mains dans ses cheveux, tandis que l'autre se rhabillait. Bientôt il se retrouverait seul, et décroiserait ses jambes. L'hybride se glissa sous la douche avant de constater que le ballon d'eau chaude était terminé. 'Chier... Juste de quoi se nettoyer alors. En sortant il avait directement rejoint le vestiaire, ne prenant pas la peine de remettre les longs cheveux sombres en place, et puis avait été sceptique en n'y trouvant aucune trace de Shane. Quelques pas en arrière, il voyait des cheveux blancs dépasser d'un sofa cramoisi.


- J'suis là.

Il avait passé ses bras un peu nus autour du cou, de quoi le faire profiter d'un câlin presque tendre à la fin d'une dure soirée. Farbe était là avant lui, et les nuits où il ne parvenait plus à fermer les yeux en repassant les images et les sensations de la soirée dans sa tête, il descendait de sa couchette pour se glisser contre l'autre corps qui l'enlaçait sans demander d'explications. En réalité, beaucoup des prostitués de leur dortoir faisaient ça. Ils recherchaient l'affection après avoir été salis, se serraient les uns contre les autres et pansaient leurs plaies. Petit souffle d'air dans la fourrure pâle qui recouvrait les épaules de Shane.

Tous les deux passèrent par le vestiaire, de quoi enlever tout leur accoutrement, et retrouvèrent des vêtements plus habituels. Coup d'oeil appuyé à la loque grise qui habillait le torse tout fin du chaton. Un détour chez Dienthal, et ils reprenaient tous les deux la rue un peu plus sèche que d'habitude qui menait au dortoir.




- Je capte ! Les gars, je capte !
- La radio, elle capte !
- V'nez, v'nez !

La nouvelle attraction de la chambrée était la petite radio grésillante qu'un collège avait dégottée, et bidouillait depuis maintenant deux heures. Elle laissait à présent s'écouler des paroles parfois peu claires, mais compréhensibles dans l'ensemble, celles d'un débat politique quelconque. Hnnn... Plusieurs paires d'yeux étaient braquées sur le poste, un peu écarquillés. Quelqu'un tourna le bouton sur de la musique enjouée, et les conversations la noyèrent finalement, papotant sur les derniers potins du jour, et aussi un gars qui disait avoir couché avec un Membre du Conseil. Depuis quelques minutes, il était assailli de questions sur les performances au lit d'un éminent politicien, et les rires étaient plus fréquents vu comment on s'en moquait.
Eren avait un peu suivi le fil de la matinée, même s'il sentait ses paupières se fermer sur ses yeux, et il avait même pris la peine de jeter un regard de père insatisfait à Shane pour l'obliger à dormir dans SON lit.
Là, il dormait.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeVen 22 Aoû - 20:11

Shane avait hoché la tête et grimpé les barreaux pour rejoindre sa couchette. Du moins faire semblant. Et y retrouver son haut plié du matin, encore humide. On n'était pas loin du début de la journée : il était fatiguée. Aussi, quand il voulut faire semblant de s'endormir et attendre le moment de se glisser dans la couchette d'Eren, il y passa pour de bon. Sommeil. Qui aurait continué si les fantômes de la journée ne s'était manifesté sous forme de cauchemars.

Il ne savait plus de quoi il avait rêvé. Enfin si il s'en souvenait encore, mais ça s'effilochait dans un coin de sa tête et il n'allait pas le retenir. Il arrêta d'écarquiller les yeux en fixant le plafond -ça lui faisait mal- et se retourna pour se rouler en boule dans sa couverture. Au bout d'une minute ou deux il se rendit compte qu'il avait la nausée. Ecoeuré. Une voix de la nuit lui demanda d'une voix ravie ce que ça faisait d'être la lie de la société, puis s'éloigna doucement. S'il s'était réveillé avec un bon morceau de verre dans la main il se serait tranché tout le long d'un bras sans réfléchir. Il était mal et ce n'était même pas physique. Un vague écœurement de la vie, de lui même... il était dégouté... Il posa une main sur sa gorge, y sentant une boule, se demanda s'il retrouverait du foutre dans ce qu'il vomirait. De l'eau salée lui coula sur les tempes en le brûlant. Il ne savait pas combien de temps il resterait là, il ne voyait pas le bout de ses futures nuits de nausée.

Il se glissa dans le lit d'Eren par réflexe, le réflexe d'aller le voir dès qu'il y avait la moindre sorte de problème, le réflexe de le coller pour se sentir rassuré quoiqu'il lui arrive. Sempaï était encore collé contre le mur, recroquevillé sur lui même. Il fixa tristement le dos, pensa une seconde qu'il aurait voulu une sorte de réconfort, puis trouva tout un tas d'avantage au fait que le brun soit endormi. Il ne pouvait pas le virer ni contempler sa faiblesse. C'était pas mal. Grosse inspiration qui sonna comme un soupir. Seul. Il s'en sortirait tout seul. Il se tortilla pour se coller contre l'autre dos, espérant que le contact avec la peau nue de l'autre n'allait pas le réveiller. Apparemment non. Il fit doucement glisser ses doigts sur une épaule, aussi légèrement que pour éprouver un diapason sans éveiller d'autres dormeurs. Lèvres qui s'appuyèrent contre une nuque, non loin des cheveux pour respirer l'odeur de l'autre personne.
Le souvenir de ses cauchemars continuait à s'effilocher. Ile se souvenait parfaitement de sa nausée, mais il était plus occupé à retenir son souffle et stresser à chaque mouvement que l'hybride pouvait faire dans son sommeil. Intéressant n'est-ce pas? Ou comment il perdit quelques unes des précieuses heureux pendant lesquelles il pouvait dormir à respirer l'essence d'Eren, passer timidement une paume sur l'autre poitrine, bien chaude entre les bras serrés.
Il s'endormit serré contre lui.



Eren s'était réveillé avant lui. C'était peut-être à cause de ça. Quand il ouvrit les yeux pour les poser dans un regard gris, il eut un looong moment de blocage. Et comme on ne lui disait rien, il continuèrent à se fixer dans le blancs des yeux, allongés, immobiles. Et les secondes passaient, et il avait envie de ciller, de ne plus soutenir ce regard. Qu'il se rendorme et qu'il le laisse toucher sa peau à son aise.
Toucher ? Comme sa main là, qui était sur le bras de son maître ? Depuis quand d'ailleurs ? Il ne savait pas, son dos avait exercé sa suprématie sur le reste de son corps, avait réussi à coller ses lèvres contre les autres, une seconde de trop pour que ce soit un réel baiser d'éveil comme il espérait le faire passer. Puis il avait frotté ses cheveux blancs contre l'autre torse, le chatouillant, restes de sa mauvaise nuit.
Ensuite il avait accepté de descendre, et ce fut un matin normal.


Matin qui commençait largement après midi. Il devait être quatre heures lorsque tous les deux quittèrent le dortoir, marchant l'un à côté de l'autre, Shane ayant enfin réintégré son haut à lanières qu'il affectionnait plus que l'autre saleté grise. Eren s'était un peu moqué de lui ne lui disant que "s'il voulait le porter de nouveau". Il avait répondu par une grimace éloquente. Et maintenant il shootait nerveusement dans un caillou en pensant "boulot, boulot, boulot".
Tsss.



"Shane" plissait ses yeux trop clairs, agressés par la lumière qui coulait des néons. Il avait le cou droit, limite raide. Il était pas loin de minuit, avait déjà eu un client, avait déjà oublié sa tronche et la forme de son service trois pièces. Et tant mieux. Il avait enfilé plusieurs flutes de champagne et regardait le plafond, sentant comme des bulles dans son sang. C'était dur, plus dur qu'hier. Il n'arrivait plus à le prendre comme une sorte de jeu sans importance après ses cauchemars. Mouvement des épaules, mouvement de la nuque pour la désankyloser. Il avait eu du mal à ce mettre dans la peau de "Shane" ce soir. Il siffla une nouvelle flute de champagne, se disant que, allez, après celle-ci je vais voir le monsieur un peu gras mais tout seul là bas.
il lui restait la moitié du salon à traverser quand il se fit tirer en arrière. il lança un regard courroucé à un autre qui l'attendait déjà avec un sourire. Nan c'est pas vrai. Il est vraiment revenu. Quel con. Cette dernière phrase il la pensa tout haut, encore halluciné. Maïl le prit comme un compliment et rangea ses mains dans les poches arrières de son jean. Il le prit par les hanches comme un client pervers et l'entraîna sur un canapé, les deux cherchant à faire passer le plus de temps possible en pseudo-conquête.
Il partirent "en haut" en ayant réussi à grappiller une heure sur le temps de vente de Shane. Il traînaient sur le lit aussi. Allongé en travers, le chaton aux cheveux neiges profita d'une plaisanterie pour demander sur le même ton si, tant qu'ils y étaient, ils pourraient faire semblant de coucher. Les lèvres autoritairement pressées contre les siennes n'étaient pas d'accord. Cette fois ne ressemblait pas à leur première fois ensemble. Contre ses lèvres s'éveillait un corps jeune. Le seul autre corps qu'il avait en comparaison était celui d'Eren, il n'avait couché avec d'autres de se tranche d'âge, et il n'aurait pas pu les comparer. Mais Maïl ne lui donnait pas envie de vomir, même à poil, même quand son membre fièrement dressé demandait à entrer en lui, pas même quand il appuyait sur sa tête pour l'enfoncer entre ses cuisses. Finalement le temps qu'ils passèrent dans la chambre minuscule n'était pas du "faux". Maïl avait fait durer les préliminaires. Il avait fallu l'exciter de nouveau après qu'il se soit laissé aller dans sa gorge, les lèvres ouvertes sur une phrase qui ne les passerait jamais. Ses caresses n'étaient pas désinvoltes, mais mélangeaient l'empressement et l'avidité. Derrière le garçon léger se laissait apercevoir un type qui ne faisait pas l'amour "pour le fun". Ça, après, Shane ne pouvait pas deviner plus, n'étant une lumière en social.
L'autre corps était emmêlé au sien, les jambes emprisonnaient les siennes et une bras traversait possessivement son torse tandis que le coeur palpitant de l'autre poitrine se calmait petit à petit. l'étreinte se relâcha quand Maïl eut récupéré son souffle, et il écarta les bras pour se relever. On le tira par un poignet et il retomba sur un torse, tint quelques secondes avant d'achever de trébucher sur l'autre corps, collés de façon intimes. Bah c'était son job après tout. Pour l'instant il essayait de se rassurer, de se dire que ces yeux noirs ne le fixaient pas de manière psychopathe. Non c'était juste fixe, et pensif. On posa un baiser sur son front, comme pour un enfant.
- Hé Shane...
- Mmh?
- S'fait longtemps que t'es là?
- Si c'est pour me dire que je ne suis pas bon au lit tu peux aller te faire voir.
Sourire amusé avant de redevenir sérieux. Il préférait arbitrairement le Maïl déconneur avec qui tout devenait léger, même solder son c*l.
- T'es là depuis longtemps?
- Non. Je suis nouveau dans le métier ça va pas t'surprendre.
- ...
- ?
Il fut surpris par les lèvres, par la langue qui passa rapidement ses lèvres et cherchait désespérément la sienne, et en général par la nature urgente du baiser, alors qu'ils venaient de finir leur partie de jambe en l'air. Des mains remontaient sur ses épaules pour les envelopper. Pas si fini que ça on dirait.
Une voix, émanant de lèvres posées contre la peau de son cou lui murmurait des choses. Ce n'était pas très compréhensible alors toute son attention était focalisée dessus. Quand un silence plus long marqua la fin, il s'arracha aux mains qui voulaient maintenir son corps contre l'autre visage, regarda un instant le brun aux yeux sombres et troubles. Ce n'était pas une question muette. Il n'était pas convaincu, c'est tout. "Fais-le", murmuré à la fois plaintif et impératif.

C'était sa première fois en temps que dominant. En plus il savait que Maïl avait le commentaire facile, autant dire qu'il n'y allait pas de gaîté de coeur. A quatre pattes au dessus de l'autre corps, il dispensait des baiser mouillés et des suçons avant de se faire ramener autoritairement contre l'autre. Ok ok. Il commençait à saisir. La suite fut faite de mouvements moins conséquents, des jambes qui mêlaient aux autres, des bassins se cherchant dans un mouvement régulier, se frottant l'un contre l'autre, et des petites lèvres qui distribuaient leurs attentions entre le cou et la poitrine. Leurs corps se séparèrent le temps que Maïl fourre sa tête entre ses cuisses, se chargeant de le faire durcir, et pendant qu'il tirait doucement sur les mèches noires, la tête renversée et les dents un peu serrées, ses joues devenaient roses et chaudes.
Maïl ne lui avait pas raconté sa vie, ni la veille, ni après qu'il l'ai pris à l'endroit même où il avait été allongé plus tôt, ni après l'avoir retenu en lui quelque temps après l'amour, comme quelqu'un qui ne voulait pas être abandonné. Pas même par une pute qu'il connaissait depuis vingt-quatre heures et qu'il appréciait vaguement. Quand il réussit enfin à s'arracher de ces bras trop moites à son goût, ce n'était que pour trouver une personne vide, partie à l'intérieur d'elle même, sans doute en train de philosopher avec un miroir. Il se leva et partit sous la douche. Deux minutes plus tard il fut rejoint par un Maïl qui se cachait dans son dos. Il comprit plus ou moins et se rinça sans le regarder, se sécha comme il put et ressortit s'allonger sur le lit. Quand son client le rejoignit il était enfin reconnaissables. Ils s'allongèrent tous nus sur le lit et dispensèrent une demi-heure encore à papoter. Pas une fois il ne firent allusion au comportement de Maïl et, à vrai dire, au bout de deux minutes ce dernier avait posé la question "qu'est ce qui te fait tenir". Shane était resté silencieux, ne sachant que répondre, et il réfléchissait quand ses lèvres laissèrent couler un "..'Ren". Il battit des cils.
- Pardon ?
- Eren.
Et c'était sur ça que porta la demi-heure. Il parlait d'Eren, celui qui l'avait pris en charge à son arrivée ici, parlait de sa façon de marcher, de répondre, de le regarder des fois. Du Eren qui arpentait les rues en AT's et jean défoncé, qui s'endormait avec lui dans les parcs, sur les toits, absolument partout, celui qu'il suivait tout le temps. Il alla jusqu'à lui confier les différences q'uil commençait à percevoir entre les deux mais gardait jalousement pour lui les détails de leur unique moment d'intimité, n'en parla même pas de façon évasive. Et parler l'avait exalté, allumé une petite lumière dans ses yeux, et il ne se rendait même pas compte que ça faisait trente minutes qu'il parlait pendant que Maïl se taisait, le regardait et l'écoutait en lui lissant pensivement les cheveux entre deux doigts.



Il avait fini sa nuit en n'ayant eu que deux clients. Yuürei en passant s'était moqué. Oui il savait qu'il n'était pas doué et tout. Il s'en foutait. C'était bizarre mais parler d'Eren lui avait donné envie de le voir. Il le cherchait des yeux dans le salon bondé où il n'y avait aucune chance qu'il le trouve, ne s'occupant que très distraitement des autres clients. Il était même rentré dans un homme de haute carrure qui avait pris ça pour une technique de drague éculée et lui avait douloureusement malaxée la fesse gauche, signe que le mâle avait entendu son cri de pouliche en manque. Il s'était éloigné vite fait et enfoncé dans un canapé, à côté d'un type qui se faisait ramper dessus par trois collègues.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeSam 23 Aoû - 13:44

Il était dans le noir absolu, noir qui s'estompa lorsqu'il ouvrit sur les yeux sur du bleu et du blanc. Le silence qui s'installa entre les deux était mortel. Dans le cerveau encore peu réveillé du brun, il y avait des soupçons d'exaspération, de colère, d'agacement face à ce petit qui avait décidé de lui désobéir chaque jour, et puis aussi de la perplexité, de l'incertitude, du scepticisme : qu'est-ce que ça pouvait bien lui apporter, de l'emmerder chaque nuit un peu plus ? Etait-ce une manière de le défier, de lui prouver sa petite supériorité ? A tout ça on pouvait ajouter la présence-même du corps pâle et fin, rassurante, chaude, un peu comme celle que l'on trouverait dans un amant en se levant le matin... avec assurance, se coller à sa peau, ne pas se détacher, et vivre de purs moments d'intimité. Sauf que Shane n'était pas son copain, juste... un gamin troublant qui avait décidé de faire des choses encore plus étranges. Eren reçut les lèvres du chaton contre les siennes comme à chaque fois, avec une certaine indifférence créée par la sensation de jeu, de faux. Ils n'étaient pas en train de travailler mais c'était tout comme : ils pouvaient s'effleurer, se toucher, s'embrasser sans que ça ne paraisse bizarre. De toute manière tous les prostitués devaient être des obsédés même dans leur vie "en-dehors", ne ? Il ne fallait pas détromper le client, ce serait fâcheux.

Shane finit par descendre ses cheveux blancs contre la peau de son torse, et il ne trouva rien à y redire, caressant distraitement les mèches et le visage qui lui faisaient des papillons dans le ventre. Sans doute que ce n'était pas seulement une volonté de l'énerver. Sans doute que c'était quelqu'un qui ne voulait pas être seul. Il se sentit un peu coupable et appuya plus fort sa paume sur le cuir chevelu, pour faire sentir toute l'ampleur de ses caresses se voulant rassurantes au jeune homme contre lui. Mais juste un instant, parce que trop s'apitoyer serait une preuve de faiblesse et pousserait le chaton dans la déprime profonde, quelque chose dont il n'essaierait pas de se sortir, devenant dépendant des gestes affectueux qu'on aurait pour lui. Il y en avait, des collègues sensibles de cette manière, au dortoir, et il ne voulait absolument pas voir Shane pleurer, Shane misérable.
Après, l'adolescent était descendu de son lit.


Hum... Shane-kun avait remis son haut à lanières, même en sachant qu'il était un peu mouillé, et lui avait rendu la loque grise qu'il avait lui-même balancée sur Yuü avec élégance. Il avait d'ailleurs pris une moue boudeuse lorsqu'on lui avait signifié qu'on ne voulait pas la remettre, mais son côté vexé s'était arrêté là. Ne sois pas envahissant, Eren, il ne ne se balade pas à poil, Eren... Au mieux tu pourras respirer le petit bout de fragrance qu'il a laissée sur le tissu. Hein, mais qu'est-ce que tu racontes ?!


Poubelles, porte des artistes, vestiaire. Il avait constaté avec une surprise certaine que Dienthal lui avait fait don d'une nouvelle pièce de soie, en plus du kimono actuel qui était carmin. Là, ça s'avérait être... bleu, bleu un peu pâle, bleu irisé. Ca faisait un beau dégradé avec sa peau blanche et ça contrastait avec ses cheveux. L'hybride ne fit aucun commentaire, se contentant de sourire de toutes ses dents. C'était une nouvelle tenue pour aller faire le trottoir, ça ?... Pour la peine il ne la mettrait pas, feignant de ne pas l'avoir remarquée. Le proxénète aimerait sans doute qu'on lui tienne un peu tête, histoire d'accepter le cadeau dignement et sans se faire regarder d'un mauvais oeil par le reste du corps de métier. Ses yeux gris se posèrent sur la lucarne de la pièce sans la voir, observant le soleil couchant derrière. Bientôt le ciel ne serait plus rose et bleu mais d'un noir d'encre uniforme. Et derrière Shane dénudait sa poitrine.
Soupir. Il enroula une partie des cheveux sombres sur des aiguilles, laissant le reste tomber sur le col béant de son kimono.


L'extérieur était toujours aussi froid, comme si on s'approchait lentement de l'hiver. 10 degrés peut-être... C'était peu pour toute la surface de sa peau découverte. En début de soirée il était un peu plus énergique, alors il déambulait volontiers dans la rue tout en pensant à autre chose, attendant qu'une main ou une voix ne l'arrête. Ses hanches ondulaient sous la ceinture serrée, découvraient la jambe jusqu'à la cuisse, ses cheveux plus courts voletaient doucement sur sa nuque... Il croisa une paire d'yeux marrons appartenant à "quelqu'un à la masse adipeuse plus élevée que la moyenne" et ce fut le premier client. Il était toujours étonné que les gros ne soient pas si mauvais que ce qu'on pouvait croire. Certes, le contact le dégoûtait. Dans d'autres circonstances il n'aurait pas tari d'insultes à son propos, de conseils sarcastiques sur le sport ou une alimentation plus saine, de son incapacité à se trouver quelqu'un à cause de sa laideur, ce qui le poussait à aller dans un bordel, et ainsi de suite... Bien sûr, il détestait la graisse qui lui flottait et lui suait dessus, le souffle plus irrégulier que jamais qu'il sentait dans son cou... Mais on ne pouvait pas l'accuser de ne pas savoir faire l'amour. C'était bizarre, un gros.

La deuxième fois, une fille très maquillée l'accosta et il dut la repousser avec force de politesse, la reconduisant vers les mâles virils exposés à l'entrée de la boutique. La deuxième fois, ce fut un espèce de pervers fétichiste qui le regardait fixement, surtout son visage, alors il s'était efforcé de fermer les yeux, mal à l'aise, et d'avoir le plus d'expressions voyantes possibles pour le satisfaire. Le troisième était assez jeune, en fait il devait avoir la vingtaine, comme lui, mais ce n'était pas pour ça qu'il était beau. On aurait pu penser qu'il était complètement bourré et était venu ici pour rigoler avec ses amis. Le lendemain, sans doute regretterait-il en voyant ses poches arrière aimablement retroussées parce qu'on avait profité de son état pour lui demander s'il voulait d'une deuxième fois.

Un quatrième, un quatrième et c'était terminé, il était fatigué. Il lui avait griffé le dos dans la rue, et maintenant l'hybride se faisait craquer la nuque avec un peu de scepticisme mal dissimulé, espérant bien ne pas le recroiser en sentant ses vêtements lui brûler la peau là où elle avait été égratignée. La lune était pleine dans le ciel, accompagnée de son cortège d'étoiles et d'Eros, sa bien-aimée rayonnante. C'était étrange de voir la même voûte céleste partout. Sur les riches, sur les pauvres, sur les bons comme les mauvais. Les cieux étaient neutres. Les Déesses étaient neutres. Facile, la vie d'objet sacré. Eren poussa la porte en verre qui le ramenait dans le hall, non sans avoir croisé au préalable un gars brun bizarre qui ressemblait à Yuü. Passablement enjoué. C'était pas ça le problème, juste qu'en amenant "le jeune" dans la chambre, il l'avait vu avec le chaton des neiges. Que maintenant il avait envie de se retourner et d'envoyer son pied à l'aveuglette pour lui péter le cou, à cet abruti qui sautillait. Mais il ne le ferait pas, non non.

Shane était encore assis sur un des canapés, entre les collègues et les consommateurs, les yeux dans le vague. L'hybride le détailla en s'approchant lentement, parce qu'il y avait quelque chose... de bizarre. Peut-être les lèvres un peu entrouvertes, la peau si pâle mise en avant par la fourrure, un téton rose outrageusement visible au milieu de la neige du corps et quelques centimètres entre le nombril et le début de son shorty en jean. Peut-être l'air légèrement adulte étudié sur un visage juvénile, mélancolique, assuré. Rien de pire ne pourrait lui arriver que d'être posé sur ce sofa, à attendre qu'on veuille bien le prendre. Eren ravala une rougeur qui lui réchauffait les joues et vint quand même à lui. Signe de la main. Coucou.


- Hey... Tu viens ? On va y aller.

Les deux silhouettes se levèrent, comme des ombres déjà disparues, des traces de pas sur le sol, des souvenirs d'images, discutant telles des enfants qui n'avaient rien à faire en ces lieux. Le brun détachait ses cheveux dans les vestiaires en babillant sur des choses inutiles, regardant passer de temps à autre un ou une prostituée. S'extirpait du kimono et cherchait ses vêtements dans le rayonnage.

- J'suis crevé, pas toi ? Franchement il fait froid dehors, j'ai des courbatures partout à rester debout. Ah, et quand est-ce que tu te décides à dormir dans ton lit ? Au fait, c'était qui le type bizarre avec toi tout à l'heure ? Je le connais pas.

Les réponses lui importaient peu, du moins en apparence. Mais il les écouterait tout de même avec attention tout en boutonnant son jean.



Au dortoir il y avait des enfants qui pleuraient. C'était agaçant. Trop fatigué pour repousser la boule à cheveux blancs qui prenait toute la place sur son matelas, il gardait les yeux ouverts, observant les gamins d'une dizaine d'années livrés à eux-même. Une nouvelle râfle de Dienthal dans le quartier ? Ceux-là ne seraient bon qu'à sucer en attendant qu'ils grandissent. "Mûrissent" dans le jargon. C'était au-dessus des bonnes moeurs. Mais ça ne le choquait plus. Il faudrait veiller sur eux et les empêcher de réveiller tout le voisinage en gémissant.

Yuü et Farbe s'occupaient toujours des nouveaux, avec quelques autres bonnes âmes. Il était descendu lentement par la petite échelle froide sous ses pieds nus quand on lui avait fait un signe. Parce qu'on ne pouvait pas calmer le plus jeune, avec des cheveux très longs et un air de fille. Dans un soupir il le prenait en pitié, et puis aussi dans ses bras, berçant approximativement en se rendormant presque, courbé sur le petit. Il ne savait pas non plus chanter, alors il parlait à voix basse, tout en regardant le garçon qui suçait son poing sur les genoux de Farbe, les yeux clos, la respiration bruyante. L'enfant contre lui ne disait plus rien, mais il avait gardé les yeux ouverts. Les siens se fermaient tous seuls. Il eut le courage de faire un tour avec une fleur chipée sur l'autel de Matan : "Oh regarde, elle s'ouvre, han, elle se referme", et puis il se rendit compte un peu tard qu'il ne fallait pas exciter les gosses qui étaient prêts à s'endormir.

Tant pis. Quand il revint dans son lit, Shane avait un peu bougé de place - il ne savait pas trop. Il essaya de retenir ses cheveux pour ne pas qu'ils chatouillent l'autre, et puis enleva son débardeur et se colla en premier lieu contre l'autre adolescent. En constatant que sa poitrine devenait dure, il prit un écart de quelques centimètres.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeSam 23 Aoû - 20:00

Son regard avait sauté sur Eren dès qu'il avait passé la porte, et il lui semblait que son sang avait pulsé plus vite pendant une seconde. Il le suivit jusqu'aux vestiaires, non pas tout sourire mais agréablement décontracté. La nuit était finie, il allait bien, Eren avait survécu lui aussi, et était avec lui. Ca ne pouvait pas aller mal. C'était presque mignon la façon dont il pouvait tout relativiser quand le brun était avec lui.
Au moment de se changer il fut un peu gêné, Eren était devant le placard et il avait du se coller son dos pour tendre les bras et attrapper ses propres vêtements. Ils ne l'avait pas dit. Dit quoi d'ailleurs? Non seulement il n'y avait rien à dire mais il n'aurait pas trouvé de mot pour cette sensation. C'était comme jeter un caillou dans l'eau. C'était soudain, mais ça se calmait. P*tain il n'y avait pas de quoi rougir. Même si c'était son torse nu contre son dos nu. Tss. Il n'allait pas evenir aussi dévergondé que Maïl non plus.
En passant son haut avec un luxe d'attention, il répondit à la salve de question qu'on lui présentait sans trop y réfléchir. Moi aussi je suis crevé. Non je préfère dormir avec toi, je te l'ai déjà dit. Le type ? Bah un client sans doute.
Il se passa une main dans les cheveux. Peut-être qu'il lui parlait de Maïl ?

- Ha. Celui aux cheveux noirs, le jeune? Bah il s'apelle Maïl, il est venu hier aussi, ça devait être sa première fois dans un endroit pareil, il s'était ramené en pantalon noir/chemise.

Il rit brièvement, bientôt occupé à plier son manteau avec son short et le remettre avec soin dans l'armoire. Moment de flottement. Il leva la main à son oreille pour faire tourner ses anneaux.



Shane s'était retourné quelques secondes. Eren avait quitté le lit, et il voyait pourquoi maintenant. Il avait un enfant dans ses bras, et il essayait de le faire dormir. Au lieux d'éprouver de la compassion ou me^me de la pitié pour ces gosses, il s'était mis à les détester de façon presque ridicule. A moins qu'il n'ait la mémoire courte il n'avait pas pleuré lui. Et Il n'était pas aller se moucher dans les bras d'Eren pour qu'il le berce. Voilà. Eren avait bercé un gamin qui passait son premier jour ici, et lui n'y avait pas eu le droit.
Il regarda la petite frimousse du machin de dix ans, empêchant ses larmes de couler en les canalisant vers sa colère.
Peut-être qu'il le trouvait plus mignon que lui. Peut-être aussi qu'il le prendrait sous son aile et à la fin ne lèverait me^me plus les yeux sur Shane. Eren allait l'oublier et le remplacer par ce gamin, il en était sûr.
Il retourna faire semblant de dormir sur sa couchette, se recroqueviller autant que possible pour mieux ruminer et ressasser sa jalousie. Il n'eut pas un geste pour trahir son éveil quand Eren se glissa près de lui. Il n'aurait eu que des choses acerbes et méchantes à lui dire, alors c'était mieux s'il se taisait.



Un nouveau matin. Il se blottit contre l'autre corps tandis qu'il émergeait. C'était entre le début et le milieu de l'après-midi, il ne restait pas des masses de temps jusqu'à la nuit. Doucement faire courir le plat de sesm ains sur le matelas, et commencer à merger. Il se demandait s'ils avaient au moins un jour de congé dans la semaine. Ce devrait être un minimum. Personne ne tiendrait sur un rythme aussi fou. Que ce soit ce métier ou un autre. Il posa les yeux sur Eren qui dormait encore, puis se rapella le gamin de la veille. Gnn.
Il se frotta le visage du plat des mains, décida arbitrairement qu'aujourd'hui serait une journée pourrie, et haut les coeurs. Il se glissa comme il put hors de la couchette sans réveiller son sempaï et trottina plus loin. Il avait besoin de se changer les idées. Heureusement il croisa Farbe, qui l'emmena jusqu'à Yuürei, et là ils restèrent tous les trois sur une couche à discuter, se chamailler doucement et autres distractions. Il ne répondit pas quand on lui fit la remarque que d'habitude on ne le voyait pas sans Eren. Il n'y avait rien à y répondre.

Sempai finit par les rejoindre. Il lui sourit et le regarda brièvement, par la suite s'arragea pour ne plus avoir à le faire. Pour sortir du dortoir ils passèrent dans l'endroit où on avait entassé les petits. Il se demandait ce que ça pourrait bien faire de prendre une tête et de la fracasser. Quelque texture avait un cerveau irrigué de sang sous les doigts ? Il ferma puis ouvrit sa main, avant de la glisser dans sa poche. Il shoota nerveusement das un caillou pendant une partie du trajet, ne répondant que le strict minimum à ce qu'on lui demandait. Une fois à la maison, il eurent le droit de manger un peu de pain encore congellé renfermant des bout de verdure et une étrange sauce blanche-jaunâtre. Il grimaça à peine. Il avait faim.



La soirée fut comme il l'avait prédit. Pourrie. Farbe et Yuürei bossaient ailleurs, et Maïl n'était évidemment pas revenu. Il lui avait dit hier, après avoir fait glisser son argent dans ses mains qu'il avait bousillé tout ce qu'il avait pour le mois, qu'il reviendrait peut-être quand il aurait sa prochaine paye. Sur le moment ça ne lui avait ps parru grave, parce que le con s'était amusé à lui refiller toutes ses petites pièces au lieu de billets plus maniables.
Alors il restait là, assis, faire les geste que tout le monde attendait de lui, à déplier ses jambes et écarter ses cuisses selon le désir d'autres personnes, mais pas le sien. Il n'avait même pas essayé de modeler "Shane" ce soir là. Il n'eut que deux clients cette fois-ci encore, pas parce qu'il traînait pour perdre du temps, mais parce que personne ne voulait de ce gamin aux yeux accusateurs et trop sombres pour son âge. Seuls ceux que ça excitait encore plus s'étaient jetés sur lui, et il n'avait pas passé un bon moment. Passé un temps il ne savait plus s'il était déprimé ou en colère. Ni pour quoi. Alors il repensait au gamin qu'Eren berçait doucement, à la veille où il s'était dit qu'il pourrait tout subir si Eren était pas loin de lui. Quelle connerie.
Il se leva. Il avait envie de faire quelque chose, n'importe quoi qui pourrait lui attirer un tas d'emmerde. Il n'avait même pas de client à jarter méchamment, personne ne s'était approché de lui. Alors il sortit s'asseoir sur le bout du trottoir, cherchant à se calmer dans l'air froid. Première chose sensée qu'il faisait de la journée. Il regarda du coin de l'oeil les autres prostitués faire de leur mieux pour attirer les clients. Il espérait ne pas voir Eren.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeSam 23 Aoû - 20:59

- Hé...

Il regardait le dos tourné, les cheveux blancs, la fourrure, et l'austérité du trottoir mouillé sur lequel il était assis. Stoppé à la porte, après avoir ramené sur son épaule un bout de soie bleue. Il aurait pu tendre le bras et le serrer fort contre lui, si ça n'avait pas été un rêve...

Mais d'abord, d'abord. Que s'était-il passé avant, déjà ? On pouvait remonter jusqu'à la matinée. Mais la matinée, c'était pas important. Il avait ouvert ses yeux tout gris sur du vide, là où il y aurait dû avoir le corps envahissant de Shane. Il s'était dit qu'on faisait tout pour le contrarier : quand on lui ordonnait de dormir en haut il descendait, et quand il avait enfin l'autorisation de squatter il s'en allait... Ensuite Eren avait cligné des yeux et paressé en regardant le mur, tournant le dos au reste du monde. Sans penser à rien, des soucis futiles comme les petites croûtes formées sur ses omoplates, et le fait que merde, Matan était mort, quand même. Il y avait peut-être des petites bactéries partout dans le dortoir et ils y passeraient un à un. Un millier de scénarios horribles s'offrait à lui. Comme souvent lorsque l'on voulait chasser une vision déplaisante, il passa à autre chose, soit chassa l'idée à coups de pied. A présent il était concentré sur le boulot de ce soir, la visite dimanche chez Dienthal, et aussi où pouvaient bien se trouver les trois seules personnes qu'il avait l'honneur d'apprécier.


Le sol avait rattrapé ses pieds comme la veille, avant qu'il ne dérape des petits barreaux de métal froid, et il avait un peu oscillé sur ses jambes, le temps que la sensation de vertige disparaisse. Farbe travaillant de nuit et sa couchette étant vide, il était sûr que tout le monde avait déménagé chez Yuürei. Bingo. Il eut un sourire pour tout le monde en se couchant sur le matelas à leurs côtés, et il put oublier en parlant de choses inutiles de gamines.

Mais déjà quelque chose n'allait pas avec le chaton. Il ne lui adressait tout simplement pas la parole. Le plus naturellement du monde, en souriant même. Eren était resté silencieux, cherchant ce qu'il avait pu faire pour provoquer une telle indifférence, son petit ego réclamant plus d'attention de la personne sur laquelle il veillait à longueur de temps. Est-ce qu'il avait oublié les notions de Maître ou de Sempaï ? C'était impoli... Et puis il y avait autre chose. Un pincement au coeur, l'envie d'arranger la moue qu'il voyait sur le visage blanc pendant qu'il shootait dans un caillou. Tout ça en essayant de garder un visage impassible, peu concerné par la situation. Pour ne pas énerver plus, pour ne pas montrer de faiblesse... Il n'était pas soucieux de Shane, pas... Pas blessé.

Mais le fait qu'il ne le regarde plus passait mal. L'idée d'arranger ses cheveux filandreux pour une bande de galeux qui lui passeraient dessus, aussi. C'était donc cela qu'on ressentait quand on était seul. Hm.

Il n'avait plus tenté de discuter avec celui aux cheveux blancs jusqu'à ce qu'ils soient séparés. On n'avait pas répondu aux questions inutiles qu'il posait, coupant même court à la conversation de manière assez tranchante. Alors il avait fermé sa bouche dans une attitude un peu courroucée. Il lui en voulait à ce point ? Peut-être que Shane était juste lunatique, après réflexion. De ces personnes qui passaient d'une humeur à l'autre sans raison aucune, mais quand il avait essayé de le faire sourire ça n'avait eu aucun effet de plus. C'est la tête ailleurs qu'il était sorti, un peu troublé, un peu anxieux.

Dans ces moments-là, avoir une élégance et un charisme parfaitement étudiés était dur, mais son physique de princesse en manque comblait assez le tout pour attirer à lui des visages, des corps, et des billets. Des cheveux châtains, et puis gris, avec une calvitie partielle. Des dents un peu agaçantes, des poils aux bras, des lèvres qui avaient tendance à lui baver dessus et à le dégoûter, et puis de ces "engins" dont la vue le rendait particulièrement indifférent. Tout comme la sensation quand quelqu'un entrait, d'ailleurs. C'était qu'un bout de peau contre la sienne. Ses muscles se décrispaient et laissaient tout entrer, peu soucieux de ce qu'on pourrait y faire. Tout était déjà souillé depuis tellement longtemps. Quelle importance ça pouvait avoir, quel plaisir ça pouvait lui offrir. Il s'ennuyait à mourir et son intérêt s'était vite porté sur autre chose que les sensations. Il réfléchissait, se foutait d'eux, les humiliait.
Là, par exemple, ce petit bedonnant qui gémissait sur son corps, n'était-il pas ridicule ? La position en tout cas était ridicule, les jambes écartées, il lui faisait mal parce qu'entourer toute sa masse de ses cuisses les faisaient craquer, et puis il avait une expression passamment... Sans doute rougirait-il de honte si Eren en prenait une photo à lui montrer ensuite. Il les détestait, ces visages, mais il était blasé. Silencieux. Indifférent. Un masque. Il fixait le visage au-dessus de lui, puis le plafond derrière, puis le visage, la petite ride sur le front, au coin des yeux. Et écarquilla les siens quand elle disparut.


Même s'il n'avait pas le droit, il aurait voulu une personne pour l'aimer. Dans d'autres circonstances, dans une autre vie, c'aurait été envisageable. On le disait gay alors un garçon... Un peu farouche, plus grand que lui, ou bien pas forcément, mais assez mature pour le supporter, sans doute quelqu'un de petit alors, mais fort. Et il aurait aimé qu'on le touche, et il ne se serait pas senti sali, pas observé, pas détaillé du coin de l'oeil, pas insulté de manière méchante, pas fait blesser. Comme dans les histoires miévreuses qu'on achète dans les librairies pouilleuses et qu'on lit dans le métro pour aller et venir du bureau. Quelque chose de convenu, de banal, avec un peu de sexe pour que ce soit croustillant... Sans doute qu'il aimerait lire des choses pareilles, s'il avait su lire. Non, non, non, il n'était pas insipide comme ça, il n'était pas ça, il savait ce qu'il voulait... Quelque chose de plus fort, d'intense.


- Ca ne va pas ?

- ... .... .....
- Hé ! Si tu commences à faire le con, je m'en v...
- ...Non, c'est bon.

Il l'avait retenu par le bras, s'empêchant de grimacer en le sentant entre ses cuisses. Il était ridicule, il était hideux, il ne voulait pas de lui, il le dégoûtait, mais l'espace d'une seconde il avait vu le visage de Shane le dominer, et rien n'avait été plus beau.





- Hé...

Il regardait le dos tourné, les cheveux blancs, la fourrure, et l'austérité du trottoir mouillé sur lequel il était assis. Stoppé à la porte, après avoir ramené sur son épaule un bout de soie bleue. Il aurait pu tendre le bras et le serrer fort contre lui, si ça n'avait pas été un rêve...
Quelques pas sur les marches. Ha... Mais peut-être qu'il lui en voulait toujours pour ses raisons occultes. Il se ravisa de tout contact, se remémorant son espèce d'hallucination quelques temps auparavant, vaguement gêné. L'hybride se contenta de s'assoir à côté de l'adolescent, croisant les bras dans la même attitude, la tête un peu penchée. Début de silence.


- Tu devrais être à l'intérieur.

Ca, tout le monde le savait. C'était inutile, et il en avait bien conscience. Il reporta son attention sur la ruelle sinueuse arpentée par les prostitués, là, juste en face d'eux...

- J'espère que ça va... Il reste encore deux heures, tu sais.

Moué. Haaa, il ne voulait pas non plus avoir l'air de le pousser au travail... Jusque là il n'y avait pas eu de problème, c'était donc pas par flemme qu'il retrouvait Shane assis dehors.

- On t'a fait mal ? Je le dis à Dienthal s'tu veux. On peut interdire à ces gars de remettre les pieds ici, avec les types en...

Silence. Ce qu'il disait était ridicule. Eren poussa un léger soupir. La proximité avec son apprenti le gênait, pressante et à la fois apaisante. Un deuxième souffle d'air expiré par sa bouche, et le jeune homme brun mettait une mèche de cheveux derrière son oreille en baissant ses yeux gris sur le sol. Bien sûr, l'enfant ne répondrait pas. Mais ça valait toujours la peine de faire un geste...

- Si t'es pas bien, essaye au moins de te ménager. J'viens t'chercher tout à l'heure dans le hall, mmh ?

En disant cela il avait levé son visage sur l'homme altier qui s'approchait. Quelqu'un avec une mâchoire un peu carrée, mais dans la catégorie de ceux qu'on pourrait appeler les "beaux gosses", pour une fois. Voilà. Ce serait le dernier de la soirée. Un politicien ou un manager quelconque, il s'en foutait, ça ferait des ragots pour les autres pipelettes. Il quitta à regrets le chaton emmitouflé dans la fourrure, s'éclipsant au bras de l'autre. La nuit avait presque été courte, plongé dans ses pensées qu'il était.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeDim 24 Aoû - 11:20

Il avait envie de pleurer. Il faisait partie de ces gamins qi avaient toujours des ordres muets, attendaient toujours quelque réaction de leur entourage qui les cajolerait, les soutiendrait sans qu'ils viennent réclamer. Il faisait partie de ces gamins qui partait en claquant la porte, les larmes aux yeux et qui espérait qu'on viendrait le chercher, qu'on ne le laisserait pas partir seule sur la route, qui n'espérait pas la seconde suivante, qui savait bien que personne viendrait, et qui commençait alors à se prendre lui même en pitié, qui parfois s'offrait l'étreinte que personne ne resserrerait. Et une main qui nous raccroche à ce moment là, pour nous faire poser les yeux sur la personne souhaitée comme un miracle, devant nous alors qu'on ne l'attendait plus.
Il avait envie de pleurer. Il se sentait con de faire la gueule comme il le faisait, mais de l'autre côté il y avait toujours sa colère, sa peur d'être remplacé, sa fierté qui lui disait de ne pas tomber dans les bras d'Eren, son orgueil qui l'empêcha, en posant les yeux sur lui de le serrer très fort dans ses bras et de ne plus le laisser partir.
Il ne le regardait pas, il mettait son visage dans ses mains pour cacher ses traits qui le trahissaient, ne répondait pas pour ne pas sentir sa voix se briser en cours de phrase. Et Eren a côté qui se faisait du soucis pour lui imaginait des trucs pour lesquels il aurait vraiment le droit de se sentir mal. Merde.

- Si t'es pas bien, essaye au moins de te ménager. J'viens t'chercher tout à l'heure dans le hall, mmh ?


Il hocha doucement. A l'intérieur de lui ç s'adoucissait en pensant au moment où il reverrait Eren dans le hall. Cette fois s'il essayait d'aller vers un gamin il l'empècherait d'une façon ou d'une autre. Ouais. Petit éclosion plus lumineuse dans le coeur. Ca irait. Il allait se relever, lui sourire et peut-être l'embrasser, peut-être lui dire un truc gentil pour la première fois de la journée, ou pourquoi pas se mettre dans ses bras. Il releva la tête, mais Eren était déjà à moitié parti avec quelqu'un d'autre. Il ravala ses gentillesses et ça tombe comme lourdement au fond de lui. Il aurait bien viré ce type pour s'accaparer Eren, l'avoir un peu pour lui, mais son sempaï lui même l'engueulerait certainement s'il faisait ça. Alors il le regardait s'éloigner, repensa bêtement aux longues minutes où il avait été à côté de lui et où il avait ignoré sa présence. Et maintenant... et maintenant...
Shane ne rentra pas. Il resterait assis sur les marche jusqu'à ce qu'un autre miracle tombe du ciel. Il ne rentrerait pas ce soir. Il se fit ramasser par un Farbe qui revenait d'une ou d'un client. Il le regarda à peine trois secondes avant de le saisir par la peau du cou. Dans son for intérieur, le chaton geignait qu'on ne le laissait pas tranquille. Il ne voulait rien faire ce soir. Il ne voulait rien...
Son dos heurta un mur, le mur d'un couloir sombre à l'intérieur de la Maison, protégé par le vent. Le poing de Farbe le lâcha.

- Pleure.

sa voix ressemblait à un rêve, grave et veloutée, et le souvenir des syllabes tellement étheré qu'il avait cru les imaginer.
C'était quoi cette blague. Pourquoi on lui disait ça? Come s'il avait envie de pleurer, c'était très peu glorieux. Comme si ça faisait partie du métier de craquer les premiers jours. Comme s'il allait chialer là, par terre, pour les deux trois salauds qui avaient payé pour lui passer dessus, pour celui qui était moins salaud et qui ne reviendrait peut-être pas.

- Je pleure pas.


Il s'était laissé tombé contre le mur, recroquevillé. De grosses larmes coulaient sur ses joues.
Pleurer pour la peur qu'il avait eu qu'un enfant prenne sa place auprès d'Eren. Pleurer parce que Eren aura toujours les yeux posé sur quelqu'un d'autre à un moment un autre. Parce qu'en ce moment même d'autres yeux infâmes le regardaient, se repaissaient de sa peau toute blanche, et lui ferait du mal même en le regardant. Pleurer parce qu'il ne pouvait rien faire, qu'il n'était même pas arrivé à ravaler un peu de colère pour lui parler gentiment.
Ses genoux étaient enfoncé contre sa poitrine, gênaient sa respiration et ses sanglots. Farbe s'était plus ou moins agenouillé devant lui ; il se rattrapa à son genou pour chouiner dessus. Comme ça au moins il pourrait faire semblant de regarder ailleurs, de ne pas le consoler, il n'en demandait pas tant. Non il ne le voulait même pas. Il ne voulait pas entendre des mots de réconfort pour des problèmes qu'il n'avait pas. Il voudrait juste fuguer avec Eren, et ne jamais revenir.

Le genou de Farbe s'enfonçait dans sa joue. Il s'était calmé parce qu'il n'arrivait plus à pleurer, que ses yeux n'arrivaient plus à couler et que son torse était fatigué de se secouer de sanglots. Il avait été long, mais Eren n'était toujours pas dans le salon. Son dernier client lui avait pris plus longtemps que la moyenne. Normal, il était jeune, et cette pensée tendit ses épaules. Il se releva sous les encouragements de Farbe. Ses yeux étaient rouges et boursoufflés et il était trop tard pour se passer de l'eau froide sur la figure. Il le fit quand même. Voilà ce serait merveilleux. Aucun client ne l'approcherait.
Il était assez honteux pour se poser dans un coin sans trop de monde, et y attendre Eren en baissant la tête. Il était loin de l'image qu'il vendait habituellement. Quand le brun ramena son kimono défait dans son champ de vision, il leva les yeux vers lui et lui sourit franchement : c'est à dire avec tristesse et toute la douceur qu'il pouvait avoir. Il voulait frotter son front contre l'autre épaule, mais ne le ferait certainement pas devant tout le monde.
Une fois aux vestiaires il le prit silencieusement dans ses bras. Quelques secondes, pour sentir son corps chaud et vivant, son odeur, et s'écarter quand il commençait à penser aux "autres". Il se changea en silence, un peu triste, un peu troubé aussi. Et il n'arrivait pas à mettre la main sur ce qu'il voulait dire à son sempaï. Allez réfléchis. Quelque chose de si important. Tu n'as pas pu oublier. Quelque chose d'assez important pour que tu chiale une heure contre quelqu'un.
Il se changeait en silence mais souriait doucement quand Eren parlait. Quand ils furent de retour dans l'obscurité de la nuit, il lui attrapa la main pour marcher.
Tap tap tap tap. Des pas dans le noir. Ils étaient à peine éloignés de la lumière des quelques lampadaires disséminés. Ils ne parlaient pas des masses, enfin ça c'était un peu à cause de Shane. Mais il tenait fermement l'autre main dans la sienne. Il ne restait plus que la rue à tourner pour atteindre le dortoir.
Tap... tap...
Il prit son temps pour s'arrêter, pour ne pas surprendre son sempai, et lui tira sur la main pour l'amener contre lui. Il devait lever un peu les bras pour lui enlacer les épaule, nichait sa tête contre son cou et sa clavicule. Petit moment de silence.

- Serre moi fort.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeDim 24 Aoû - 15:56

Il avait tenu sa "promesse" - en quelque sorte. Entendez par là qu'une fois la douche prise, le lit refait, l'argent entassé dans la commode avec les préservatifs et le lubrifiant, il avait descendu les escaliers en passant par la case Hall de la maison. C'était pour y trouver, non sans surprise, un Shane assis sur un canapé, complètement seul, et surtout les yeux rougis. Pour le coup, l'hybride avait fait des pas plus rapides pour le rejoindre, dardant la petite silhouette d'un regard interrogatif. Qu'est-ce qu'il s'était passé, pour le peu de temps où il avait été absent ? Il avait laissé son collègue sur les marches de l'entrée sans s'en soucier, et maintenant... s'en voulait un peu de voir l'état dans lequel Shane lui avait été rendu. Ses lèvres ne s'ouvrirent pas devant le sourire qu'il recevait. Il ne saurait jamais ce qu'il s'était passé, hypnotisé par la bouche étirée pour la première fois depuis le matin. C'était un moment... à ne pas rompre.

Après, ce fut une scène habituelle. Le chaton se leva et ils rentrèrent aux vestiaires, le temps d'échanger leurs vêtements. Eren sursauta quand il se fit enlacer par l'autre garçon, légèrement surpris de ses nouvelles réactions. Et puis son visage étonné se radoucit, et déduisant que Shane cherchait un quelconque réconfort dans les contacts après ses premières journées passées ici (les premières d'une longue lignée...), il accepta de tendre ses bras dénudé pour bercer l'autre, l'espace d'un instant. Ha, et puis ensuite il voulait rentrer alors ils se lâchèrent pour se dévêtir. Kimono sur un cintre, cheveux bruns coulant le long du dos jusqu'aux hanches, jean trop grand. Etrangement, il avait moins froid dehors que lorsqu'il travaillait, même si ce n'était pas un débardeur qui allait réellement lui couvrir les bras. Et Shane à côté, avec son haut à lanières qui ne le quittait jamais.

Il n'avait pas non plus réagi en se faisant prendre la main, serrant celle légèrement plus petite de l'adolescent. C'était un peu... comme s'il avait son gosse au bout du bras, ne ? Qu'ils se baladaient tout en le rassurant, Eren jouant le grand frère ou père, au choix. La peau était un peu douce, un peu chaude. Il se prit à avoir la paume sèche en serrant cette main, traînant plus Shane que l'accompagnant. Bah quoi, ils n'étaient pas un couple non plus, il n'y avait pas de quoi se balader bras-dessus bras-dessous, serrés l'un contre l'autre ! Même si l'un des deux avait les yeux rougis...

On stoppa sans qu'il comprenne pourquoi, brutalement bloqué dans ses mouvements, les doigts se refermant comme un étau sur les siens. Il tournait ses yeux gris sur la petite silhouette immobile, avant qu'on ne se décide à le tirer pour l'attirer tout contre. Silence. Eren avait les yeux faiblement écarquillés, les bras encore en l'air, prêt à demander ce qui n'allait pas. Mais le temps s'était bloqué. Il avait vu lentement, tellement lentement les poignets de celui aux cheveux blancs se joindre derrière sa nuque, comme dans un rêve, une hallucination. Brusque retour au réel quand un corps se joignit au sien, le faisant profiter de sa chaleur, le visage du prostitué dans son cou, y diffusant sa respiration lente et paisible, comme d'avoir trop pleuré.
Silence.
Silence...


- Serre moi fort.

Il avait eu du mal à l'entendre, à le comprendre. C'était assez évident, pourtant. Alors doucement, il obéit, détendant ses bras pour les poser sur les épaules, ses mains courant sur les omoplates saillantes sous le tissu. Shane était frêle, vraiment mince, plus fragile que lui encore. C'était comme s'il tenait une poupée, un corps trop jeune, une miniature de lui-même bien vivante. Pour ignorer la ruelle sordide dans laquelle ils se trouvaient, les rumeurs s'échappant du dortoir, la lueur de ses lampes sur le béton, il avait abaissé ses paupières. Les sons étaient alors devenus éthérés, le monde extérieur obsolète. Noir. Que des sensations, une extrême proximité avec le garçon qu'il serrait dans ses bras, l'espace d'un instant. Il ne l'ignorait pas, ça lui faisait du bien à lui aussi. D'avoir quelqu'un à enlacer sans besoin de parler, de troubler l'instant... C'était rare, mais il se taisait. Etonnant, de la part d'un hybride qui parlait tout le temps à voix haute de choses inutiles.

Moment hors du temps. A lui. A eux.

Après il rouvrit les yeux sur le creux du sol, la route cabossée, les fenêtres défoncées et la peinture écaillée, et on était de retour au dortoir. Eren redressa la tête, perdant par la même occasion l'odeur des cheveux pâles qu'il surplombait. Et puis leva l'une de ses mains pour les ébourriffer sur le crâne.


- Ca va mieux ?

L'hybride vit les yeux bleu électrique se relever sur lui. Et il sourit. Son coeur tambourinait dans sa poitrine, rendant ses mains moites et sa respiration moins aisée.





Par chance, les enfants dormaient, placés dans la chambre opposée pour la nuit. Peut-être qu'ils fonctionneraient en jachère comme ça pendant longtemps : on laissait dormir une chambrée avant de les remettre à l'intérieur le temps d'une soirée où ils brailleraient. Génial... Le brun bâilla à s'en décrocher la mâchoire, faisant profiter de sa dentition n'importe quelle personne présente. Le dortoir était égal à lui-même ce soir : des groupes de jeunes bavardant à voix basse dans le noir, leurs visages blafards illuminés par la quelconque lueur d'une lampe torche ou d'une bougie. Des chuchotements, des sourires. Et d'autres étaient déjà recroquevillés sous leurs couvertures, à dormir comme des tombes, la bouche entrouverte. Il faisait partie de ceux-là, n'étant jamais très actif le soir.

En montant l'échelle des trois couchettes superposées, Eren fit un signe de tête à Shane, lui indiquant celle inoccupée censée être la sienne. Voix neutre.


- Essaye au moins de dormir dedans au début. T'finiras bien par t'y habituer.

S'il y avait eu des bougonnements, il ne les avait pas écoutés, se glissant sur son propre lit. De là, il devait un peu se pencher pour ne pas se prendre les lattes du locataire d'au-dessus, et aussi avoir une vue imprenable sur les couchettes des autres. Ce qui en soi n'avait rien d'intéressant. Noir. Pour la première fois il gardait les yeux grand ouverts. D'abord il avait ôté son débardeur, le laissant en boule à ses pieds, donc à l'autre bout du lit. Du bout des doigts, il jouait avec les cheveux noirs massés sur sa peau, sans les voir. Il ne parvenait pas à dormir... Pas comme ça.

Il y eut un grincement sous lui, et il comprit que Farbe était rentré. Soupir de celui du dessous. Il s'endormirait vite, pris par les courbatures, sûrement.
Les yeux gris fixaient leur plafond. Il se repassait des images. De Shane, bien sûr. Le chaton aux cheveux blancs tout farouche qu'on lui avait presque jeté dessus à la première rencontre. Il était plutôt mignon mais inutile au point qu'il avait dû lui offrir sa première fois. Et puis il faisait parfois des sauts bizarres en AT's et Eren avait peur qu'il se pète la tronche sur l'asphalte, le fliquant comme une maman poule. Ils dominaient ensemble les lueurs d'Anthélima endormie et faisaient les quatre-cent coups... Qu'est-ce qui avait bien pu changer ?
Il revoyait le ventre pâle nu, l'expression mélancolique qui lui donnait envie de l'embrasser, le dénommé Maïl, les étreintes qu'ils avaient pu échanger, et le corps massé contre le sien au réveil.

Tap.
Tap.
Le son d'une voûte plantaire sur une échelle aux barres cylindriques, en métal creux. Silence profond. Il était penché en haut de l'escalier, la tête baissée, les yeux fixes. Moment d'inactivité où les derniers lambeaux de réflexion s'échappaient. Shane avait l'air de dormir, dans une position étrange, les membres mous, relâchés dans la même forme que celle qu'il avait dû avoir en se laissant tomber sur le matelas. Yeux clos. Eren avança la paume d'une de ses mains pour prendre appui sur le tissu, et glissa doucement dans le lit qui ne lui appartenait pas. Ses cheveux tombèrent de ses épaules, flottant devant son visage comme un voile, lui-même caressant le torse de l'endormi. Il regardait. Immobile, retenant son souffle.

Penché au-dessus de l'autre garçon, il évoluait à quatre pattes dans le lit, rendant sa présence bien réelle, et plus pressante. Son visage effleura une joue tournée, de quoi donner un coup de nez pour la secouer un peu, la forcer à le voir. Un genou prit naturellement une place autoritaire entre les cuisses ouvertes. Il écrasa le corps qui remuait sous lui, et embrassa la bouche qui s'offrait à lui.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeDim 24 Aoû - 22:42

Il avait suivit Eren entre les lits superposés. Enfin suivit, c'est bien parce qu'il marchait devant. Il savait parfaitement où il allait. Il marchait sans trop faire attention où il mettait les pieds, repensait plutôt à l'étreinte de tout à l'heure, pour une fois qu'on l'avait accepté sans faire de manières et sans rien dire... Même si son corps en demandait encore, encore sentir la chaleur d'Eren, et sa fragrance rassurante. Il aurait tout ça quand il dormirait.
Tiens justement...
Des yeux bleu inhabituellement inexpressifs se posèrent sur leur vis-à-vis, tandis que ce dernier essayait de le convaincre de dormir en haut. Il ne répondit pas, battit des cils une fois, baissa vaguement la tête avant d'empoigner fermement un barreau et de continuer à monter. Il se laissa tomber sur sa couchette. Il s'en foutait. Dès qu'Eren dormirait il descendrait le squatter comme toujours. Et ça deviendrait ce qui le ferait tenir tout la journée ; dormir tout contre Eren.
Shane se tortilla contre son matelas, de quoi se dépêtrer de son haut à lanière, le pousser contre le mur et jeter la couverture, parce qu'il faisait toujours aussi chaud et moite dans ce dortoir. Il se demandait si l'air chaud était plus lourd ou plus léger que l'air normal, tomba dans un demi-sommeil avant de s'en rendre compte.


La matelas ne faisait pas de bruit, mais il le sentait pencher, s'enfoncer là où un autre corps faisait pression. Il se réveilla, gardant en même temps la certitude d'être toujours dans un rêve. Un vieux frisson d'angoisse lui glissa le long de la colonne. Ce n'était quand même pas un de ses collègues qui était venu le prendre dans son sommeil. Il ne les avait pas cru si.... si.
Il ouvrit les yeux en sentant un genou s'imposer entre ses cuisses. Il tressaillit franchement. Il tenta de se relever quand on s'allongea sur lui, et il retomba mollement sur le matelas. Des lèvres contre les siennes, accompagnées d'une odeur qu'il connaissait. Il se laissait faire, inerte, tandis qu'il battait des cils trois ou quatre fois pour enfin reconnaître Eren. Il n'eut pas le réflexe de penser à l'étrange de la situation, de se demander "pourquoi", non. Son seul réflexe fut de lever les mains pour les placer sur ses joues, les attirer un peu plus contre lui et sentir les mèches sombres et coulantes sur ses doigts, comme une confirmation. Ses bras nus enlacèrent l'autre tête, pendant qu'il rabaissait doucement ses paupières. Tout allait bien. Tout allait bien.
Il fit un infime mouvement du bassin, pour mieux s'installer contre l'autre genou, et répondit lentement au baiser ; langue qui passait sur la lèvre supérieure d'Eren avant d'aller chercher son homologue toute douce. Nnh.


Sous ses paupières il y avait deux zones claires, grises comme les pupilles de l'hybride. Par vagues successives s'imprimaient des images de sa "première fois", du corps nu d'Eren, de ses geste, du jeu de ses omoplates quand il bougeait, ses cheveux qui caressaient sensuellement ses flancs, enfin de l'autre corps collé avec tant d'assurance contre le sien. Il rouvrit les yeux pour apercevoir dans la pénombre le trait noirs de cils, la masse aussi sombre des cheveux... Comme s'il avait du mal à croire qu'il soit là, contre lui, que ce soit la réalité et pas une chimère imaginée. Ses mains se glissèrent rapidement sur les autres flancs, peut-être un peu trop vite, peut-être un peu trop pressées. Elles se lovèrent une seconde dans le creux du dos avant de repartir, comme empressées d'embrasser tout le corps, comme deux gamines qui avaient été privée d'un visiteur adoré trop longtemps. Ses doigts glissaient sur les écailles de la colonne vertébrale, qu'il n'avait pas l'occasion de voir en temps normal. Elles s'en éloignèrent puis revinrent suivre son dessin, une bonne excuse pour se place de part et d'autres des autres hanches et de les appuyer contre les siennes.
il avait couché avec pas mal de gens de puis la dernière fois, mais un petit sentiment de crainte naquit à l'idée que le brun trouve ça bizarre qu'il commence déjà à durcir. D'ailleurs un petit partie pas conne de son cerveau lui soufflait d'arrêter de s'emballer comme ça. Oh. Mais comme il le voulait !

Ses doigts entrèrent en contact avec le tissu assoupli par l'usure du jean, en suivirent les contour pour se glisser entre leurs deux corps et batailler fébrilement avec le bouton et l'ouverture, avant de s'enfouir au creux du petit nid de chaleur de ce qui se trouvait là. Eren releva les hance juste ce qu'il faut, et il put caresser à son aise la peau qu'il devinait rouge, avant de se décider à tirer sur le pantalon. Le brun se redressait au passage de ses mains pour l'aider, et le jean gardant le sous-vêtement alla s'échouer en équilibre instable au bout du lit. A quatre mains il eurent vite fait de mettre Shane à nu à son tour. Ca tombait bien, il n'avait pas le temps pour éprouver de la timidité -ou bien avait-il changé pour de bon- il aspirait juste à sentir leurs deux peaux l'une contre l'autre. Et c'est ce qui se produit. Leurs jambes intimement entrelacées, les parties d'eux où la peau brulait étaient serrées ensembles, leur bras s'étreignaient... Et leur bouches se retrouvèrent l'une l'autre. Et c'était complètement normal. Comme la façon dont leur corps se frottaient, c'était doux et chaleureux, le petit moment avant que ça devienne insoutenable.
De toute façon ils devaient rester l'un contre l'autre : le plafond était à moins de soixante-dix centimètre au dessus de leurs têtes. Eren s'était courbé sur sa poitrine, et il serrait ses dents contre son poignet pour tenir le coup. Tous ses gémissements refoulés partaient dans ses reins le faire durcir jusqu'au douloureux. Il haleta en se faisant préparer. C'était si différent, si différent d'avec les autres, même d'avec Maïl. Il aurait pu en perdre la tête. Mais ça aussi il le ferait plus tard. Pour l'instant il forçait sous ses muscles à se détendre rapidement, qu'on passe plus vite à la suite.
Son dos se creusait au fur et à mesure qu'un membre s'introduisait en lui. Si ça avait été aussi simple. Non c'était Eren avant tout, Eren et sa peau qui était contre lui, et revenait contre son torse, pendant qu'il semait des baisers partout où il le pouvait, comme pour encore mieux l'accueillir. Gorge, mâchoire, lèvres...
Il se souvenait quand même... ils étaient dans un dortoir, avec énormément de gens, et il ne savait même pas s'ils avaient le droit de faire ce qu'il faisaient. Aussi tout ce qu'il pu faire en réaction était sous forme de soupirs et de respiration coupée ou accélérée. Les lèvres entre-ouvertes, il suivait le rythme des premiers mouvements, lent et profonds, comme la première fois. Par la suite il oublia simplement de respirer, tout son attention était focalisée sur son bassin faisait onduler avidement contre l'autre, jusqu'à la jouissance, jusqu'à ce qu'ils se laissent tomber tous les deux à nouveau sur le matelas.

Il récupérait son souffle, tourné sur le flanc vers Eren, les paupières fermées. Quand il les rouvrit il tomba sur les autres yeux. Il faisait noir mais ils étaient assez proches. Aucun ne cilla pendant un moment. Leur souffles en tout cas, était presque récupéré. Shane se redressa, d'abord pour embrasser tendrement son sempai, et au départ sa main chassait juste les cheveux magnifiques mais envahissants du brun. Ensuite il avait dérapé, enfin son baiser s'était fait plus fougueux que voulu, sous l'active participation d'Eren. Ses dents se refermèrent rapidement sur son lobe avant que ses lèvres ne prennent la direction du cou, y laissant des baisers légers et deux ou trois débuts de suçons à la naissance du cou. Puis il s'appliqua à entourer un tétons de ses lèvres, décidé à passer du temps ici pour se "venger". Non, il n'avait aucune idée inspirée par la rage ou la jalousie, et ce n'était pas pour un quelconque honneur qu'il s'apprêtait à posséder Eren. Non. C'était parce que son corps et tout le reste de lui même le voulait, parce que ça lui donnait une occasion de rester contre sa peau, parce qu'il pourrait peut-être apporter un peu de plaisir à son maître pour une fois. Et effectivement, pour être en lui, se pencher sur son visage, et peut-être s'il pouvait... effacer tous les autres.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeLun 25 Aoû - 14:42

Shane lui rendait son baiser. En ça, c'était une acceptation. Alors il se laissa aller à faire tout ce qu'il voulait. Faire courir ses mains pour enserrer puissamment les épaules du corps frêle contre son torse, soulever son dos cambré pour coller leurs ventres, et mêler sa langue à la sienne. C'était chaud, humide, il ne faisait plus attention au reste : les voix basses mêlées qui chuchotaient encore à ses oreilles, les petites lueurs tremblotantes qui donnaient à leur étreinte des couleurs orangées, sombres et rouges. L'une de ces ombres miroitait sur la joue de l'autre garçon, aussi il dévia de ses lèvres entrouvertes pour poser les siennes dessus, un peu la chasser. Contre son genou il y avait déjà les hanches de Shane qui le réclamaient. Un peu de surprise d'Eren en le remarquant. Et puis il se laissa tirer par la main un peu plus, et accepta tout ce que son partenaire réclamait.

L'hybride se redressa quand les mains de celui aux cheveux blancs s'attaquèrent à l'ouverture de son jean, un peu fébrilement, essayant d'avoir l'air patient, plus patient que le corps excité sous lui. Toute la chaleur accumulée dans le lit se massa dans son bassin quand la main de Shane s'y posa, provoquant un long soupir d'air chaud de la part du propriétaire. Il ne pouvait pas se mordre la lèvre, alors pour y pallier se passait la langue sur la bouche, lentement, les yeux clos, de quoi savourer sans trop frissonner, sans alerter "le monde extérieur". Finalement ses vêtements furent enlevés, et il se recoucha contre Shane pour lui infliger le même traitement. Pantalon et boxer au pied du lit. Ses yeux gris accomodèrent sur le corps de son partenaire, l'espace d'une seconde. Nudité franche, poitrine se soulevant au rythme du coeur, imperturbable, pâle, immaculée, et si vulnérable. Il pouvait le toucher... Juste en avançant le bras, en déplaçant son poids pour se trouver à nouveau lié à lui et profiter de la moindre parcelle de peau collée à la sienne. Intimité. Une bouche papillonna, se colla contre la sienne, il l'accueillit dignement.

Eren descendit naturellement le long du corps, suçotant les tétons, la moindre extrémité digne d'intérêt, courant sur les larges surfaces blanches du corps adverse. Ses cheveux le suivaient dans la danse, chatouillant l'adolescent, tâches noires sur un torse si pâle. Il gardait les yeux fermés. Ce n'était plus lui, le Eren qui analysait chaque mouvement maladroit de ses iris acérés, mais bien un esprit un peu troublé, laissant libre cours à des... pulsions. Des sensations, enivrantes, étourdissantes, encore plus quand l'air autour de lui était moite, quand quelques centimètres à peine le séparaient de Shane, comme dans une alcôve. Ils étaient tous les deux enfermés, dans un endroit loin du monde, loin de Suria. Eren suça avec application ses doigts avant de préparer son amant. Amant ? Amant d'une nuit. Ce n'était pas pour le travail. C'était autre chose. Il n'y aurait pas de lubrifiant artificiel pour faciliter les centaines de mouvements qu'ils se prenaient en une semaine, pas plus de préservatif. Il s'en foutait. Les muscles autour de lui se crispaient puis se détendaient, l'aspirant avant de le repousser, dans des tentatives pour s'accoutumer.
Tu te prostitues mais tu me fais toujours penser à un vierge, tu sais ?

Et même s'il lui refilait une maladie, c'était une relation saine. La première depuis... longtemps. Suscitée par l'attirance mutuelle, l'affection, le désir, pas ces histoires d'argent et de frustration. Ses grandes mains parcouraient le corps tendu de Shane alors qu'il le pénétrait. Bientôt ils s'embrassaient à nouveau, dispensant le plus de tendresse possible à leur partenaire pendant qu'ils étaient l'un à l'autre. Il avait la tête qui tournait, concentré sur le plaisir ressenti, là, dans le creux de ses reins, celui de Shane qu'il devinait à la sueur sur sa peau, ses cuisses serrées. Il aurait pu pousser un gémissement mais n'en fit rien. Long soupir un peu rauque qui traduisait la jouissance. Il n'attendit pas qu'on lui dise de se retirer, se laissant tout simplement tomber sur le côté, près du uke.

De là il fixait des iris bleu électrique. Ils lui paraissaient immenses... Brillants, même dans l'obscurité, plus foncés mais couverts de reflets. Et le ciel parcouru par les aérostats était bleu, et la mer qu'il ne verrait jamais était bleue, les beaux rubans de tulle dans les cheveux des filles de la Haute aussi, les affiches publicitaires sommairement collées, bancales sur les murs d'Anthélima, tout ça était son monde, tout ça devenait Shane. Baiser, baisers, à nouveau il passait les mains dans les cheveux blancs, serrait les paupières, s'emplissait de son goût. Inerte, il se laissa allonger... La scène lui en rappela alors une autre. Mais il n'y avait pas de ventru dans ce dortoir, pas un seul homme laid, pas de pervers, juste le corps fragile de Shane à peine nubile selon lui, qui le surplombait. Le dominait ?

Il n'était pas particulièrement assuré. Maladroit de sa langue, le mordant parfois pendant qu'on tirait sur ses mèches du bout des doigts, se tendant docilement sous sa bouche, le corps arqué. Il voulait qu'on lui effleure le nombril alors il attirait le menton de son amant contre son ventre, gardant des traces de maîtrise même en étant le soumis, passant parfois la barrière des lèvres pour effleurer la langue de ses doigts salés. Il le guidait comme il le laissait livré à lui-même sur les hanches, l'aine, les clavicules, des endroits un peu plus frissonnants sur lesquels il ne pouvait rien, un peu comme des interros surprise. Et puis il relevait une jambe tremblante, caressant la taille de Shane de l'intérieur de sa cuisse, l'attirait contre lui, l'embrassait encore et encore, lui souriait même, d'un air joueur. Ce fut lui qui saisit le poignet mince pour en attraper les doigts, lécher l'index et le majeur, les haper dans sa bouche, y appliquer un mouvement de va-et-vient connu, les paupières basses, presque concentré, presque professionnel. Et de temps en temps ses yeux s'évadaient et rencontraient le ciel, la mer et les rubans. Il lâcha la main et la dirigea fermement contre son intimité.

Voilà. Il ne trouvait plus la position ridicule. Les cuisses écartées pour y accueillir un autre homme. Ses mains s'étaient crispées sur les épaules avant de se détendre, de se placer sur la nuque, d'en caresser les mèches basses, d'encourager silencieusement d'un regard mouillé. Baiser humide.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeMar 26 Aoû - 19:45

Bien sûr que ses yeux avaient soutenu les regard gris qui les croisait parfois, et bien sûr qu'il l'avait regardé faire glisser ses doigts à l'intérieur de sa bouche, même si cela faisait monter du sang à ses joues. Et en même temps il pensait aux Autres, avec la majuscules qu'on peut accorder aux entités. S'était-il montré si désirable face à quelqu'un d'autre ? Si oui, est-ce qu'on lui avait fait mal, après avoir perdu la tête face à ce jeu de sensations et d'audace. Est-ce que... lui blesserait Eren ?
Sensation d'une chair chaude et crue serrée autour de lui. De son index plus précisément. Il avait pris le soin de faire ça doucement, avec un luxe de précautions qui, on ne le dirait pas comme ça, servaient un but tout à fait égoïste. Il ne voulait pas être "comme les autres". Il ne voulait pas qu'Eren réprime un gémissement de douleur et se détende en l'assimilant aux Autres. C'était tout. Une volonté aussi forte qu'un caprice. Deux doigts, mouvements de ciseaux, trois doigts, mouvement de va-et-viens. Il y allait tellement doucement que son soumis se serait peut-être senti traité comme un objet fragile, une poupée précieuse, une... personne chère ? En tout cas ça n'avait rien d'offensant. Si son esprit hésita au moment de le pénétrer pour de bon, son corps ne ralentit pas, une histoire très masculine de face à ne pas perdre, je ne vais pas m'y étendre. De toute façon, son membre gorgé de sang n'attendait que ça.
Il ne poussa pas un gémissement, stimulé par l'exemple d'Eren, mais il ne se priva pas en pensée, un souffle d'air coincé dans la gorge. C'était serré, tout serré autour de son membre qui pulsait. Pouvait-il sentir les battements de coeur du brun ainsi ? Il préféra ne pas s'y concentrer. Ce n'était plus la première fois qu'il couchait maintenant, ni même la première fois avec Eren. Mais là, entre ses cuisses, tout prenait un sens. Faire l'amour avec une personne qu'on aime avait un sens. Se rapprocher, se caresser et se faire "du bien" jusqu'à ce que deux corps soient reliés par leurs endroits les plus intimes avait un sens. Ecarter les cuisses pour y loger un autre homme avait un sens, si on l'aime. Et être là, entre les cuisses blanches et toutes douces d'Eren avait un sens aussi.

Son moment d'inaction ne dura guère qu'une seconde. Il s'arqua au dessus du corps offert, le front et les mèches collés sur une poitrine tandis qu'il commençait des mouvements. Doucement, bien sûr au début, le temps de se faire sa place, de prendre un peu d'assurance, puis quand les frottements firent monter l'urgence, il accéléra. Ca avait un sens. Ca avait un sens également si la seule chose à laquelle il pensait était de ne pas blesser le brun. S'il pouvait apporter du plaisir sans faire souffrir à la fois ce serait...
Il n'avait pas de mot. Comme il n'en avait pas pour comprendre de toute façon ce qui le brûlait, le rongeait comme un petit acide au niveau du coeur. Pourquoi n'avait-il jamais ressenti quelque chose de semblable? Il avait déjà aimé pourtant...
Ses lèvres étaient entre-ouvertes quelque part entre la poitrine et le ventre du brun, sans doute déposait-il sur la peau une légère marque de salive qui aurait la forme de sa bouche. Il n'y pensait pas bien sûr. Il donnait ses quelques derniers coups de reins avant la libération qui était proche. Ce furent les plus pressants, et les plus profonds, voulant sans doute atteindre ce corps jusqu'à son coeur avant de s'en retirer pour y revenir peut-être dans longtemps, peut-être jamais.
Il se libéra en étouffant quelque chose entre râle et gémissement, et bloqua ses bras, pour ne pas retomber lourdement sur le corps, mais récupérer sa respiration à quelques centimètres de distance. Moite. Chaud. Eux bien sûr mais tout autour aussi. Les draps, même les murs...
Quand son souffle fut un peu plus régulier, il descendit ses lèvres cueillir un peu de sel sur le corps. Lui aussi était recouvert d'une fine pellicule de sueur. Il aima penser que sur lui il y avait sans doute un peu de celle d'Eren. Ca lui donnerait presque l'envie de ne pas se laver, mais presque. Ses lèvres quittèrent la peau, et une seconde, à l'endroit humide qu'elles laissaient, il avait du ressentir du froid.

Shane secouait sa tête aux mèches blanches. Peu importe comment il se repassait les dernière minutes dans sa tête, il aurait pu aisément être comparé à un de ces porcs suintants, essouflés et affolés par ces cuisses tendres et ouvertes, qui avaient besogné Eren en ne s'occupant de son plaisir. Enfin... il avait souhaité ne pas lui faire de mal, peut-être ne lui en avait-il pas fait. Une main moite se décolla du matelas pour passez sur son visage. Il avait l'impression d'être un gamin mis en face de responsabilités. Ou plutôt : d'un gamin qui aurait dû prendre ses responsabilité mais ne l'avait pas fait. Il se prit dix ans dans la face l'espace de quelques secondes. Puis sa main se reposa aux côté d'Eren, et son cou s'inclina, laissant une vue découpée par l'ombre sur le jeu de sa colonne vertébrale et de ses omoplates, ses ailes. Tout doucement, il reculait. Juste ce qu'il faut. Juste ce dont il avait besoin pour faire sortir d'entre ses lèvres un petit bout de langue rose et pointu, et goûter ce qui maculait le ventre. Semence. Foutre. Sperme. Comme vous voulez. Il le lécha franchement, non pas parce qu'il aimait ça, mais pour le
nettoyer... et aussi peut-être lui donner un geste que personne d'autre n'aurait accompli avant lui, un petit geste pour lui que, quelque soit le sentiment qu'il vouait à Eren, il était plus grand que sa fierté d'adolescent égocentrique et son petit dégoût.
De plus, il en venait presque à penser que ce n'était pas si sale, ce goût amer mélangé au salé de la peau. Juste parce que c'était Eren. Juste parce que c'était lui, il était capable de penser ça. Si quelqu'un se serait amusé à sonder son esprit à ce moment, il aurait vu que le souvenir de son frère se résumait à une image chérie posée bien en évidence sur le buffet de la cuisine, mais un peu ternie, aux couleurs un peu fades. Un souvenir. Et c'est tout.




Ils s'endormirent serrés l'un contre l'autre, les jambes mêlées, tout leur corps mélangés de leur mieux. D'abord pour ne pas tomber, et ensuite... Ensuite...
Shane n'avait pas pensé à "demain". Pas plus que le temps nécessaire pour se dire qu'il ne savait pas quelle serait leur relation au sortir de cette nuit, ce qu'il pourrait ressentir si on faisait semblant de rien ou qu'on prenait ça comme une petite gâterie entre deux soirées de boulot. Pour une fois il avait été "sage", avait repoussé le reste, et s'était lové dans la chaleur de son sempai, murmurant du bout des lèvres un Eren-chan, plus pour lui que pour l'intéressé. Eren-chan. Un prénom tout seul peut être crié sous la colère ou l'impatience et murmuré pour porter au bout des lèvres un coeur qui se gonflait. Eren-chan, c'était simplement pour refermer ses mains autour du nom, le porter à sa poitrine et lui faire passer la paroi de sa chair. Le faire entrer à l'intérieur. Le garder. Le chérir. Eren-chan.
Ses paupières descendaient sur ses yeux bleu, des iris à peines plus éphémères que le ciel et la mer. Le front contre le menton d'Eren. Et il n'y avait plus de demain.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeMer 27 Aoû - 17:24

C'était doux. Et ça, c'était la pensée, la seule pensée un peu sensée qui arrivait à se frayer un chemin dans son cerveau embrouillé pendant qu'il rejetait la tête en arrière. Clavicules saillantes, gorge offerte, expression voilée derrière un rideau de ces cheveux noirs qui avaient appartenu à Maman. La seule chose qui faisait de lui un elfe, son physique gracile. Et la seule chose qui faisait de lui un humain ? Peut-être le fait d'être désespérément cloué au sol, le manque d'intérêt pour les choses de l'esprit, de l'occulte, cette carence qui le faisait en ce moment-même se courber et tordre ses doigts sur les draps du lit de Shane. S'il avait été un elfe... Non. Ne pas s'attarder là-dessus. En ce moment, il préférait largement se faire étreindre par les bras fins du garçon, sentir son front moite sur son ventre, et plus bas leurs corps unis, intimement. Pour le reste de sa vie il serait une créature indigne, faisant revivre le plaisir qu'il avait ressenti à la fois dans sa tête, devant ses yeux, sur son corps. Il ne voyait pas le visage de l'adolescent aux cheveux blancs le surplomber, et s'il avait ouvert les paupières, ses yeux grisâtres n'auraient fixé que le plafond, à quelques centimètres au-dessus de son nez. Mais il avait les yeux fermés, et il s'empêchait de gémir en fourrant son poing dans sa bouche, là, tout contre ses dents, comme un avertissement. Si tu cries, tu te laboureras la chair tout seul, s'il te plaît, ne fais pas de bruit, ne réveille pas les autres, ne gâche pas cet instant. Coup de rein un peu sec. Bon sang. Eren passa à la solution suivante, s'arquant en laissant échapper de faibles sons, de quoi le rasséréner, le satisfaire, et éviter des cris ou des plaintes trop bruyantes.

C'était différent de ses clients, évidemment. Ca ne pouvait même pas être comparé, une relation d'argent pour satisfaire les désirs d'hommes qu'il ne connaissait pas, quelque chose qu'il passait en portant un masque tout en pensant à autre chose, et le moment présent, qu'il savourait avec empressement, passionnément, tout entier. Sa peau était trempée, il ne pensait à rien d'autre que ses chairs qui s'écartaient à chaque nouveau mouvement, à leurs cuisses qui se touchaient presque, à la chaleur qui s'emparait de lui et le faisait durcir un peu plus. Tellement différent... Il eut une minute d'égarement où il réfléchit à la dernière fois qu'il avait couché... par amour. La réponse fut "Jamais". Sa colonne vertébrale et les écailles qui la recouvraient brillèrent soudainement alors qu'il se cambrait. Amour. C'était un petit mot, et c'était bien quelque chose d'humain, de désigner un florilège de sentiments par cet unique mot, comme quelque chose de bien carré qu'on voulait dominer. Amour ? Eren pour Shane ? Evidemment. Il n'était jamais tombé amoureux. Il n'avait pas le droit. Par la même occasion, l'hybride avait découvert que sa volonté réputée n'était pas invincible. Il l'avait senti monter du sol sur ses chevilles, le fameux Amour, et aurait pu faire n'importe quoi pour l'en empêcher, c'était trop tard. Depuis quand était-il malade ? La question résonna affreusement dans son crâne, comme une évidence, quelque chose qu'il avait fui pendant de nombreuses années et revenait à présent, quelque chose qui ne pouvait justement être fui.

Et doucement, il échappa une nouvelle fois à cette pensée lancinante qui l'accusait. Pourquoi ignorait-il de manière sépulcrale le fait qu'il aimait Shane ?

Il se libéra sur son ventre en tremblant, agité d'un long spasme pendant lequel il avait gardé la bouche ouverte sur un cri qui ne sortirait jamais. Et à présent ils étaient bloqués, laissant le brouillard autour d'eux se dissiper, une nouvelle fois, leurs pensées reprendre un aspect plus clair, une nouvelle fois. Eren ouvrit les yeux... Au-dessus de lui il n'y avait pas le visage de Shane, mais bien le plafond, comme attendu. Il descendit l'une de ses mains aux longs doigts pour caresser les cheveux blancs qui effleuraient la peau de son ventre, avant que Shane ne se redresse. Là, il observa ses yeux bleus, son expression, les dessins de son visage, et ne put réprimer un élan, quelque chose d'immense, trop grand pour lui, qui lui foutait les larmes aux yeux tout en faisant battre son coeur à cent à l'heure. Il ne s'était pas redressé de l'oreiller sur lequel était censé dormir son compagnon, l'envahissant allègrement de ses cheveux sombres. Maintenant il baissait les yeux sur la tête qui descendait le long de la ligne de son nombril, et sursauta en sentant une langue humide et brûlante sur... ça.

Il voulut le repousser, insister en disant qu'il ne devait pas faire ça, que c'était sale, qu'il ne voulait pas que ce genre de choses passa sur sa langue avant de couler le long de sa gorge, mais ne dit rien. La main bêtement levée en l'air. Il le laissa laver sa peau en frissonnant, les doigts posés à nouveau dans la chevelure du chaton, l'attirant contre lui dès qu'il eut fini, le ventre mouillé de salive. Là... Il ne voulait plus le laisser partir. Ses lèvres cherchèrent un front qu'ils embrassèrent. Demain, ce serait le trottoir et la nuit. Il était fatigué. Il aurait dû dormir pendant les quelques heures qui leur étaient assignées. Ca n'avait vraiment aucune importance. Sa bouche descendit se presser contre un oeil fermé, des cils pâles, alors qu'il sentait les muscles de son partenaire tressauter puis se détendre, signe du sommeil naissant.



~*~



Il s'était réveillé étroitement enlacé à un autre corps. Son sommeil ne lui avait laissé aucun parfum, aucun souvenir, comme toutes ces nuits vides qu'il passait à uniquement se ressourcer en présage du lendemain. Eren repoussa délicatement un bras passé en travers de son flanc, et redressa la tête pour se prendre... le plafond. Pour le coup ça avait fait un gros bruit. Il poussa même un "Aïe" sonore, et la douleur se logeant à l'arrière de son crâne le fit peu à peu reprendre ses esprits. D'abord, ses yeux s'ouvraient avec peine, exténués de sa nuit sans sommeil, et puis... Et puis. Silence.

Il se taisait parce qu'il s'était assis sur ses genoux, et regardait le corps étendu devant lui, totalement nu, d'une blancheur immaculée parmi les draps qu'on avait entassés, dormant comme un bienheureux. Il n'était pas devenu amnésique pendant la nuit, il savait. Il savait parfaitement. S'il écartait les cuisses il serait poisseux. Il n'avait aucun vêtement pour le couvrir. Derrière lui, il y avait son jean élimé et son boxer humide qui l'attendaient, roulés hâtivement en boule, jetés dans l'abandon. S'il poussait la masse volatile de cheveux noirs qui avait glissé sur l'une de ses épaules, on verrait peut-être un suçon. Shane poussa un léger gémissement dans son sommeil, imperturbable, nullement concerné par le tournant dramatique qu'avait pris la situation. Eren, lui, était là, bien là, et ses mains tressautaient, et se retrouvaient sans force sans qu'il y puisse quoi que ce soit. Il attrapa ses vêtements, les enfila rapidement, et se laissa glisser le plus silencieusement possible le long de l'échelle. Ses jambes ne le portaient plus, devenues molles et cotonneuses. Il avait encore du mal à tenir debout, comme pris de vertige. Ca et la boule qui lui montait dans la gorge, la paume qu'il plaquait lentement sur sa bouche pour s'empêcher de crier, les yeux un peu vides. Putain. Putain. Qu'est-ce que tu as fait, Eren ?

Et après seulement, il se rendit compte que le reste du dortoir existait, que ses "collègues" d'infortune étaient réveillés. Certains le regardaient. Il y avait des murmures. Et les habituelles conversations sans importance des plus enjoués. Ce n'était pas important... Pas important... Devant lui, Farbe le regardait de ses yeux grand ouverts. Un bloc de glace lui coula le long du dos et il eut envie de s'enterrer devant les iris noirs. Fuir, fuir. Evidemment qu'il avait tout entendu, il n'était pas stupide ! Pas... Il n'ouvrirait pas la bouche tout de suite, il connaissait Farbe. Il se contenterait de le toiser avec ces yeux accusateurs et...

- Un nouveau groupe pour les douches, s'il vous plaît !

Ca avait été lancé par une femme à la voix criarde, assez fort pour que tout le monde soit cassé dans ses habitudes et y prête attention. On était... le jour des douches ? Sans réfléchir, poussé par son instinct cherchant une échappatoire, il vascilla sur ses jambes pour se glisser entre les autres corps à moitié nus d'une escouade de prostitués, et y disparaître. Personne pour une heure. Ni Shane, ni Farbe.

Troublé, il avait laissé tomber les fringues qu'il avait remises avec empressement quelques minutes plus tôt, et s'était adossé au mur de carrelage, derrière, tout derrière les autres. Les yeux à la fois fixés sur ses pensées et totalement arrière, fuyant la réalité. Il se sentait mal. Il ne savait pas quoi faire. Ses cheveux d'habitude si aériens étaient devenus lourds à cause de l'eau charriée par les pommeaux de douche sous lesquels on se pressait, et il serrait fortement ses propres bras de ses mains, pour oublier le froid que le liquide tiède ne parvenait pas à chasser. Le regard pointé sur ses pieds. Ca nettoyait aussi ses jambes. Tout le monde pouvait le voir. Il avait honte.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeDim 31 Aoû - 21:45

Demain existait finalement.
Aucune couverture ne glissa de ses épaules. Il s'était redressé lentement, sentant au fond de son ventre un mal de ne détecter aucune chaleur humaine à côté de lui. Ses yeux bleu tombèrent sur sa peau blanche, nue, tendre, et des doigts caressèrent l'intérieur de sa cuisse, se rapellant... se rapellant. Mais pas trop. Son sang qui s'échauffait déjà savait bien qu'il fallait éviter une érection de bon matin, surtout quand on était à poil au milieu des vestiaires.
Sa main démella ses vêtements de sa couverture, les principaux, le boxer et son pantalon, et il les passa, sur ses cuisses blanches, et essayait d'être détaché le plus possible quand il se remémorait l'autre corps qu'elles avaient accueilli quelques heures plus tôt. Eren...
Hey, c'était pour ça qu'il se levait, qu'il s'habillait. Eren. Il crevait de le voir. De l'entendre. Il voulait l'embrasser, se rapeller son goût sur ses lèvres, et lui demander avec un air boudeur pourquoi il ne l'avait pas trouvé à côté de lui ce matin.

Il ne remarqua pas le regard tordu des autres quand ses pieds touchèrent le sol, mais son épaule se fit attrapper et serrer par une main grande et large. Ses yeux bleu mer tombèrent sur une haute stature, un Farbe qui parraissait contrarié. Il pensa distraitement qu'il avait du les entendre cette nuit. Ha mais ce n'était pas grave. Farbe était un ami.
Il laissa un sourire s'étaller sur ses lèvres, candide et fatigué.

- Ha bonjour Farbe. Désolé pour cette nuit.


On ne lui répondit pas mais on l'empécha d'aller voir ailleurs. Mais je veux voir Eren. Silence. Eren a besoin d'être seul.
Il battit de ses paupières, de ses cils blancs, et peut-être l'expression franche d'incompréhension sur son visage inspirait-elle la pitié. Pourquoi Eren avait-il besoin d'être seul? Il lui était arrivé quelque chose de mal? Et ça lui tomba comme le ciel sur le coin de la figure. Ce qui était arrivé de mal à sempaï c'était lui.
Il cligna une nouvelle fois des yeux, répondit d'une voix passagèrement nouée que "ha... bon tant pis..." et Farbe marmona sans le regarder qu'il le verrait peut-être à la maison. Même Shane sut qu'il ne pensait pas ce qu'il disait.


Farbe l'avait doucement poussé vers les douches, quand des femmes qu'il ne connaissait pas demandaient des gens. Il ne croisa pas Eren. C'était... Il n'avait pas de mots. En fait il devait s'efforcer de ne pas penser à la personne qu'il avait le plus envie de voir, dont il avait le plus besoin.
Une des filles dut lui crier dessus et le faire sursauter pour qu'il pense à se laver, une fois sous la douche. Il s'éxecuta rapidement, rinçant de son corps les dernières traces du brun. Grimace. Eren.
La saleté de chose pointue qui se retournait dans son coeur se manifesta à nouveau quand il vit Farbe l'attendre. Il chercha quand même du regard dans la pièce autour de lui. Il semblerait qu'Eren ne l'attendrait jamais plus nulle part. De l'eau perla de ses yeux, mais ça ne devait pas se voir sur son visage humide. Pourtant le grand brun le prit dans ses bras le temps qu'il ravale le tout. Il ne savait pas qu'au regard du monde il passait pour la victime d'un dépravé et n'était même pas reconnu en tant qu'amant esseulé. Heureusement qu'il ne le savait pas.


Il avait fait la route qui menait au boulot avec un brun d'une autre carrure. Il sentait que le corps musclé à ses côtés le protègerait. Mais c'était tellement dérisoire quand on avait connu l'invincibilité conférée par la vitesse et la complicité vitale qu'il avait eu avec l'autre corps.
Il avait traîné des pieds et s'était fait réprimander.
Arrivé là-bas, une fois changé, il changea son chagrin en colère. Parce que "Shane" ne pleurait pas. En fin d'après-midi, une heure à peine après son arrivé, un type bizarre fit son arrivée. Bizarre parce que les hommes en noir, si stoïques d'habitude étaient à ses pieds, courbaient obligeament la nuque devant lui. Il ne comprit que la moitié de ce que lui murmura Farbe, sanglé dans son costume de cuir, mais compris que c'était un client privilégié et important, qui n'était pas inconnu de Dienthal, et qu'il choisirait un client pour toute la nuit afin de satisfaire son envie de jeux pervers. Il n'avait pas vraiment d'idée précise quand il foudroya LE client du regard après s'être pris une main fébrile sur les fesses. Un sourire lui avait répondu.
Le V.I.P. -Den paraissait-il- continua de faire le tour de la marchandise, avant de revenir se planter devant lui. Donc il n'aurait qu'un client ce soir. Celui aux cheveux gris disparu en direction du bureau de leur proxénète aimé et respecté à eux tous, et Yuürei déboula bientôt, les cheveux dans les yeux et sa tenue habituelle mise à la va-vite.
Farbe le mis au courant pendant qu'il se redressait et se recoiffait avec ses doigts. Shane passa jusqu'au soir de longues heures assomé de conseils et mises en garde.

°~

- Hhh....haaaaaaa.....

Sa plainte contenue s'était mue en gémissement sonore et franc. Et le pire ; pas du tout commandité, pas étudié ni voulu. Son membre recommença à durcir plus encore dans la grande main sèche qui le frottait. Parce qu'il avait timidement repensé à cette nuit.
Il s'installa mieux contre le corps qui l'entourrait et laissa doucement les souvenirs remonter en lui. Sa langue se souvenait très bien de la texture des têtons d'Eren, de leur goût, de la forme qu'ils imprimaient contre sa langue. C'était si facile de se souvenir de son bas-ventre à l'intérieur de ses cuisses, de la chaleur moite et étroite de son ventre.
Il jouit dans un râle suave.
Contre lui, son client était satisfait. Il avait passé la cinquantaine en conservant un corps large, sec et dur, et Shane s'était fait la réflexion que c'était le type de vieux avec qui il était moins répugnant de coucher. Sauf que son client ne couchait pas, non. Il se nourissait de la jouissance des autres, peut-être un besoin de se sentir encore capable de faire perdre la tête à un autre corps.
Et là il était satisfait. Parce que ce gamin, ce nouveau semblait mieux savoir jouer la comédie que tous les expérimentés qu'il avait pu tripoter avant. Soit il était doué et perverti avant son arrivée à la maison, soit -et ça lui donnait des frisson d'excitation, il était vraiment sincère, complètement offert, complètement dominé par ses gestes et le plaisir qu'il lui offrait. Il n'aurait pas cru longtemps à cette utopie si le membre au creux de sa main n'avait pas recommencé à durcir.

Un corps blanc et jeune, bourré d'hormones. Un amoureux frustré qui sortait d'une nuit de rêve avec l'objet de ses désirs. C'était le prostitué parfait pour Den, celui qu'on ne lui aurait jamais trouvé en le cherchant et qui se tortillait entre ses bras, gémissait en renversant sa tête, frottait sans honte son petit derrière contre son propre membre. Une deuxième fois le corps ferme se tendit, se relâcha, se reposa contre son torse. Il gardait sa main au chaud entre les cuisses, bien serrées sur le petit trésor qui n'allait pas tarder à se gorger de sang, il en était sûr. Une tape chassa son poignet, ou plutôt un bras trop empressé pour savoir ce qu'il faisait, c'était plutôt ça. Shane ne regarda pas vraiment qui il poussait sur les draps, entre les cuisses de qui il plongeait ses lèvres pour sucer avidement le bout de chair qui s'y dressait. Peut-être que quelque part son cerveau lui criait de faire une connerie, peut-être qu'il voulait souffrir pour autre chose que celles pour lesquelles il ne pouvait rien. Ou peut-être que juste pour ce soir, c'était lui qui assouvissait ses désirs sur la chair vivante qu'on lui offrait en pâture, que c'était lui qui tissait sa propre toile de chimères et de passion dans une petite chambre sale et délabrée d'un maison de passe. Peut-être que ce n'était pas lui qui était à plaindre.

La soirée se termina quand ni Den ni le jeune chat sauvage ne purent faire autre chose que de rester étendus sur le lit en récupérant leur souffle. Jamais encore Shane n'avait sali le lit comme ça. Plus de la moitié des draps avaient changé de couleur à cause de leur humidité. Il n'y avait pas eu de pénétration, son membre était encore rouge et irrité par les frottements. Il laissa "Den" partir.
Minutes, minutes de silence. Il avait conscience de son membre mou entre ses jambes qui appuyait contre les draps. Forcément ils étaient humides à ce niveau là. Il pensa distraitement qu'il faudrait changer tout le lit.

°~

Farbe avait finit par rentrer dans la chambre, ne supportant plus d'attendre à l'extérieur que le chaton veuille bien se bouger. Il s'attarda sur l'état des draps, se força à ne pas tirer de conclusions. Les portes des douches ne fermaient pas à clef. Il l'ouvrit sans éprouver la moindre gène et trouva un Shane qui finissait dignement de s'étouffer.
L'eau coupée et quelques grandes claques assénées sur les épaules, il se fit expliquer comment il avait respiré de l'eau pour savoir si on pouvait se noyer sous une douche. Il resta silencieux, le força à se rhabiller, et marmonna quelque chose comme "essaie pas de refaire des conneries pareilles". Il laissa Shane se reposer dans un coin, assis contre un mur, les yeux fermés, lança un dernier regard aux paupières closes bordées de cils blancs avant de remonter changer les draps, éprouvant un soulagement certain à s'éloigner de son nouveau protégé.

Là haut il trouva Yuürei, déjà occupé à refaire le lit. Il l'aida en parlant à mi-voix du gamin, du coup de la douche qu'il ne savait pas comment gérer. Il se sentait intensément fatigué depuis ce matin, où il avait entendu des gémissements lascifs et passionés qui avaient réchauffé son sang. Il sursauta en sentant une main sur son bras.

- J'y vais.

°~

Shane pleurait. Il avait un sentiment de dégout au fond de la gorge qu'il aurait aimé vomir. Il venait de salir les seuls souvenirs qui lui réchauffaient le coeur. Sali. Ou plutôt non, ce n'était pas tant sa mémoire qui était sale n'est-ce-pas? Chaque nouveau client était comme une craquelure sur une statue, un jour il tomberait en miettes.
S'il n'y avait eu que ça... Il aurait pu tout supporter en marchant à côté d'Eren.
Yuürei s'était agenouillé à côté de lui, l'avait pris dans ses bras en lui caressant les cheveux. Tout contre son torse odorant, celui aux cheveux blancs se demanda s'il le croyait traumatisé par son client ou s'il savait réelement ce qui lui faisait mal.
Mais Yuürei lui parla d'Eren. Il lui dit ce qu'il avait envie d'entendre. Que tout allait s'arranger, qu'il était seulement désapointé et troublé, que tout reviendrait comme avant et qu'ils passeraient encore de bons moments tous les quatre. Des mensonges, rien que des mensonges. Shane en était conscient et il savait Yuü l'était aussi. Mais c'était ce qu'il avait envie d'entendre, et ce qui avait calmé ses larmes.

Cette nuit il s'endormait contre Farbe qui lui avait maladroitement passé un bras par dessus les épaules. Le couchette du dessus était vide, et il n'avait pas vu Eren depuis 24 heures. Il s'endormit rapidement, de fatigue, et un peu comme le faisait son sempaï ; pour "ne pas penser". Ses joues étaient sèches, sèches de sel et de sillons gravées sur leur peau. Il avait appris à ne pas faire trembler ses épaules et ça passait presque inaperçu. Avant de sombre, il pensa à Farbe. Farbe qui essayait tant bien que mal de s'occuper de lui. Il se demandait combien de temps ça durerait. Il se sentait comme en sursis. Pour la première il s'énerva d'autant dépendre d'une seule personne. Et tant qu'il y était il s'énerva contre Eren, puisque c'était lui qui l'avait abandonné. Puis il s'endormit enfin, dans un sommeil noir et bleu, parfois de silhouettes découpées d'ombres.
Il ne vit pas, debout, raide dans l'allée, Yuürei le fixer d'un regard vert incandescent. Lui et le bras qui l'entourait.
Le regard pesa longtemps, puis son porteur se détourna, traîna sa silhouette jusqu'à sa propre couche.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeJeu 18 Sep - 22:33

Et après la douche ? Premièrement, il avait rejoint l'Eden céleste du dortoir impratiqué par Shane et autres comparses. Non, ce n'était pas qu'il avait traîné délibérément pour être certain de ne croiser personne - aucun regard agressif qui le balancerait en pâture à la justice, mais aussi qu'il s'était oublié peu à peu sous les jets d'eau. Finalement, il avait mis du temps. Du temps à effacer les traces de cette nuit-là, pas la nuit, cette nuit. Celles qui étaient physiques, l'humidité, la fatigue, les courbatures rasées à l'eau chaude, et puis des moments imprimés dans sa tête qu'il s'était empressé de laisser s'envoler, sans chercher à tendre les mains pour les ramener. Oublier le plus possible. C'était vital. Il ne pourrait pas continuer s'il... n'oubliait pas... Ses yeux gris se baladaient par à-coups sur la pièce quand il revint. Comme si ses minutes de calme étaient comptées avant qu'on ne le laisse plus en paix. Il emmena le strict minimum en se jetant sur l'échelle qui menait à son lit. Son débardeur oublié. Et puis une serviette pour frotter la masse humide qui lui trempait le dos, et il était parti. Très vite, très loin, sans réfléchir à la signification de tout ça, aux conséquences, aussi. Son cerveau lui hurlait quelque chose dont il ne comprenait rien, sans cesse il se trouvait martelé par les invectives d'un obèse tonitruant, et il fuyait sous l'énorme poids qu'il représentait le plus rapidement possible. Il fuyait, certes. En prenant sa tête dans ses mains, en gémissant des choses pathétiques, comme "Ne crie pas... S'il te plaît... Ne t'énerve pas sur moi..." à la chose qui s'était insinuée au niveau de son coeur pour entreprendre de l'arracher. Accessoirement, parallèlement, c'était douloureux.

Il avait décidé de l'oublier aussi, le petit acide qui rongeait sa poitrine. A sa sortie du dortoir, le froid lui avait glacé les joues, le nez, les lèvres, et puis la nuque où reposaient des cheveux mouillés gouttant sur son visage. Sa peau entière s'était mue en chair de poule, seules les écailles imperméables restant de marbre. Rapidement, les extrémités avaient viré au violet, tremblements et frissons, dents qui claquent, mais il avait fait l'effort de penser à autre chose en se rendant au dortoir. Le coup d'oeil lourd qu'on adressa à son accoutrement laissait présager des remarques. Mais pas n'importe quel type : que va-t-on faire de toi, tu essayes de saboter cinq ans de préparation, de travail, de formation, traître ! Occupe-toi mieux de toi. Ne tombe pas malade, mais je ne dis pas ça par complaisance. Fais-toi beau, même si tu ne me plais pas. Ne souffre jamais, sauf pendant tes heures de travail, parce que c'est l'ordre des choses. Tous les hommes en noir reflétaient ce message universel ; la doctrine du petit père des putes. Il n'y avait pas besoin de les regarder, juste de sentir leur présence, de savoir.

Il tourna dans le couloir pour entrer aux vestiaires. On aurait vite vu que les gestes étaient plus empressés que d'habitude, perdant alors leur précision et leur soin drastique. Le kimono glissait de ses épaules et il ne pensait pas à l'y remettre, ses cheveux glissaient éhonteusement le long des aiguilles, impossibles à tenir en place dans une position convenable, soit souple et naturellement lâche. Un long filament d'eau brune s'était donc installé contre sa peau sous le tissu, suivi de beaucoup d'autres. Mais il travaillait la nuit. Oui, la nuit... Ca aurait le temps de sécher... Il serait beau, il serait bon aussi. Pour de gros porcs suintants alors qu'il n'avait qu'à revenir sur ses pas pour baiser Shane. La pensée produit quelque chose d'inattendu : un blocage. Son expression s'était figée sur la colère, sa main était restée tendue dans l'air. Ne dis pas ça de Shane. Je t'interdis. La ferme ! Et puis il avait oublié... Ca passerait, ça passerait. On laissait les choses en plan, tout s'arrangeait sans vous. Seulement, il ne voulait pas revenir, même si tout ça se tassait un jour. Il ne voulait pas... retrouver ces yeux ciel plantés dans les siens, ceux qui arrivaient à les faire ciller. On lui demanderait avec désespoir ce qu'il faisait, pourquoi il avait attendu autant de temps, alors qu'on était prêt à l'accueillir à bras ouverts... Dans le ventre de ma mère, je t'attendais, je n'ai jamais cherché d'autre que toi, un manque énorme qui fouillait chaque visage inconnu pour y découvrir ton prénom. Qui étais-tu ? Je t'ai trouvé, je t'attendais, toujours, tout le temps. Des milliers de mains m'ont souillé, et c'était le seul moyen de t'atteindre. Lave-moi. Sauve-moi. Emmène-moi...



Il se trouvait dans un état second quand on annonça Den, et ne prit même pas la peine de se lever pour aller se serrer en rang d'oignon avec les autres prostitués. Il savait déjà que sa moue ailleurs et son allure ne joueraient pas en sa faveur. Il n'avait jamais su jouer les jeunes prépubères inexpérimentés. Peut-être que ça avait été son cas, il y avait de ça longtemps... Il avait occulté ses premières fois parce qu'elles n'étaient qu'une suite sans fin, et les avait remplacées par l'expérience professionnelle. Il s'était formé comme beaucoup de jeunes cadres, et à présent il excellait grâce à un entraînement de haut niveau. Aurait-il pensé offrir son corps de paria quand il avait 15 ans et avançait avec difficulté jusqu'à Anthélima, la grande Anthélima ? Qu'espérait-il au juste en arrivant ici, à part un meilleur sort... Et c'était vrai, c'était mieux. Il s'était emprisonné de bon coeur. Et ce soir il n'avait pas envie de coucher avec ce vieux. Il n'avait jamais envie. Il ne se lèverait pas pour lui plus qu'un autre.

Le soir était arrivé sans être accompagné de Shane, son visage blanc perdu au milieu de sa fourrure. On avait basculé du côté trottoir. Ses cheveux étaient encore humides et glacés, mais on pouvait mettre ça sur le compte d'une douche mal prise. Il ferrait toujours le gros poisson frétillant qu'était le client. Sans rien en penser, il se laissait faire. L'effort physique lui vidait le crâne, l'empêchait de trop réfléchir. Pour une fois, il avait l'esprit rivé sur la sensation ressentie quand c'était à l'intérieur. Que ça frottait contre ses muscles serrés. Ce n'était pas agréable, mais plus douloureux. C'était un frottement, une intrusion, mais rien de plus. Perdu dans ses considérations philosophiques, il oublait, et se dépêchait de ramener ses fripes contre son torse pour dévaler les escaliers, sans regarder autour de lui de peur de tomber sur un hypothétique Yuürei. Mais Yuü n'était pas assez con pour taper un scandale en plein milieu du hall, non. Il avait préféré le choper en traître dehors et l'emmener à l'écart. A côté, il y avait un couple très occupé. Il se concentrait sur les bruits et oubliait qu'on essayait de lui parler. A un moment, comme il ne donnait pas de réponse depuis trop longtemps, il haussa des épaules en sortant un "J'y peux rien...". Son interlocuteur parut satisfait. Alors il fut libéré avec la certitude de pouvoir dormir près de la couchette de son ami après le boulot. S'offrir un peu de tranquillité, loin, très loin. Yuü tendrait toujours une main secourable même s'il considérait qu'Eren avait tort. Et puis, demain, l'hybride ne serait plus là. Demain, on était dimanche. Demain, il quitterait la maison pour se retrouver chez le proxénète.

On le laissa vaquer à ses occupations et il se trouva aux mains d'un homme viril et pressé qui sentait la cigarette. Il avait le visage pressé dans son cou pour mieux respirer cette odeur. Sans doute devait-il avoir les poumons noircis dans cette cage thoracique si puissante. Qu'est-ce qui l'avait amené à saisir la drogue douce pour la première fois ? Bah... Les gens qui fumaient étaient classes. C'était tout.

Eren titubait un peu en rentrant au dortoir. La nuit était tout bonnement glaciale. Il avait beau frotter ses bras, rien n'y faisait. Bientôt il s'arrêterait, engourdi, et s'endormirait pour ne plus rouvrir les yeux. Les voix d'un groupe de collègues le sortirent de sa torpeur pour le forcer à fournir les derniers efforts nécessaires à rejoindre les lits. Il ne sentait plus ses membres en slalomant entre les matelas. L'hostilité était présente dans l'air, lourde, puante, et pourtant il n'y avait personne qu'il connaissait bien ici. La parano, sans doute. Il préféra ne pas jeter un regard à sa couche, aux deux autres qui l'entouraient, avant de se précipiter dans la salle attenante. Là-dedans, il n'y avait pas de matelas pour lui. Il dormirait par terre en volant sa couverture à Yuü. Quelques mèches toujours humides s'éparpillèrent sur la couette, la mouillèrent alors qu'il y posait sa joue. Il ne pensait plus à rien. Il était fatigué. La journée avait été réussie.


Seul l'homme viril et clopeux ne devait pas avoir été satisfait.
Il avait sous son corps une créature potable. Cette créature ici-présente lui était soumise et offerte de bon coeur contre quelques billets. Alors pourquoi, pourquoi avait-elle crié. Pourquoi l'avait-elle repoussé comme on jette une merde, sans raison apparente, en plein dans l'acte. Pourquoi restait-il encore ici à la regarder roulée en boule à gémir et chialer. Il détestait cette salope. Il avait remis son pantalon, s'était barré sans en parler à personne, avait peut-être fini dans les bras d'une prostituée plus conciliante ou avait tout simplement débandé. Pourquoi, pourquoi lui.


Il... avait l'habitude... d'être pris pour une chaudasse moyenne.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeJeu 30 Oct - 23:34

Ca faisait précisément 4 jours qu'il n'avait pas vu Eren. Shane oscillait entre les moment d'intense déprime, de rage, et de vide ironique. Il était trop tourné sur sa douleur et son histoire d'amour loupée dans les règle pour faire attention à ce qui l'entourait, ceux qui l'entouraient, et leurs sentiments. Il se raccrochait de plus en plus à Shane, l'autre, celui qui était fort. Il se cachait dans son ombre même jusqu'au dortoir, envoyait boulet tous ceux qui n'étaient Farbe, Yuürei.... ou Eren...
Peut-être que c'était mieux qu'il ne le recroise pas, pensait la petite chose blanche enfoncée dans son fauteuil, un air farouche ancré sur les traits, car à ce jour il ne savait pas s'il le frapperait, lui pleurerait dessus ou bien l'embrasserait de force. Mais si il pouvait faire les trois, dans l'ordre ou en même temps, ce serait bien... Dans ses grands moment d'incertitude il se levait, tournait un peu vers les fenêtre, la porte, n'en franchissant jamais le seuil, épiant dehors en espérant paradoxalement ne pas tomber sur le brun.
Sur Eren. Eren...
Il n'était même pas certaine de se souvenir de son odeur, de son goût. Les lignes de son corps, celles qu'il connaissait, étaient gravées dans son esprit. Il aurait aimé les effacer, et même s'il ne connaissait pas tout le corps de l'hybride, chaque courbe qu'il avait en tête était si parfaite, si sujette aux fantasmes qu'il n'imaginait même pas qu'il pouvait y en avoir d'autres. Eren.

Il sursauta faiblement et posa les yeux sur le client qui lui parlait depuis dix minutes. Il était incapable de se souvenir de son nom, copieusement répété pourtant au gré des phrases. S'il en cherchait un il n'avait qu'Eren à la tête. Son client finit par partir, malgré ses effort pour le garder, et il s'octroya une pause, dans les couloirs étroits de glauques mal éclairés qui menaient à l'administration de la maison, aux vestiaires et aux endroits encore moins glorieux.


- Haaa....

Yuürei serra contre lui le visage qui imprimait un suçon dans son cou, à un endroit qui le faisait durcir encore et encore. Le membre de Farbe venait de le pénétrer, et il savourait sa présence en se serrant langoureusement autour. Il ne criait pas, ses soupirs n'étaient destiné qu'à une seule oreille qui se trouvait non loin de lui. Je t'aime. Il le lui avait déjà dit, mais il en crevait de le dire, encore et encore. Farbe je t'aime... Et ce souffle inspiré qu'on ne peut pas écrire, comme pour anticiper une phrase qu'on ne dira jamais. Parce que l'amour ce ne veux rien dire tu sais? Ce mot n'a rien à voir avec les sentiment que j'ai pour toi. Si seulement ils pouvaient traverser ma poitrine, mon sang et ma peau pour venir en toi. Si seulement il y avait des mots pour le dire. Mais tout ce que je peux faire c'est te faire l'amour, avec tout ça rassemblé au creux de mon ventre, et les faire couler suffisament le long de mon corps pour que tu les ressentes aussi.
Dis... tu peux m'entendre ? Tous mes soupirs sont plus éloquents que tes promesses et les poèmes de ceux qui savent parler. C'est le souffle de mon âme, ça vient de mes tripes, et c'est les seuls sont qui peuvent exprimer ces sentiments qui m'écrasent et me gonflent la poitrine.
Leurs hanches avaient déjà commencé à se chercher l'une l'autre. Ils ne faisaient pas attention à la portée de leur soupirs, chacun était perdu dans l'autre, il n'y avait rien de plus important qu'Eux, leur individualité, les choses invisibles qu'il y avait désormais entre eux, et ce qu'ils faisaient à ce moment précis. Il n'y avait pas de protection. Chacun savait que l'autre n'était pas malade, et qu'il n'aurait pas voulu prendre le risque de l'infecter à son tour. Peau chaude glissant contre la chair crue, et rien d'autre. Pas de lubrifiant ou de ces matières typiques de la maison qui avaient sali leur existence.
Yuürei se cambra quand un liquide chaud envahit son intérieur, éprouvant un peu de fierté d'avoir pu suciter ce genre de stimulations chez Farbe. Et Farbe regardait Yuürei jouir entre ses mains, sous son corps, comme émerveillé que ce garçon frèle et fin l'accepte lui, l'accueille entre ses cuisses, pour rien, et gémisse son nom, avec le verbe aimer dans la même phrase. Il ne se retira pas, ils restèrent longtemps à s'alimenter l'un l'autre de leur chaleur.

Shane regardait, en silence, et la culpabilité qu'il aurait eu en temps normal était bien loin de l'atteindre. Il avait été excité par la scène, certes, mais il crevait surtout d'envie. Il connaissait cette fièvre dans le corps, ces coups de coeur anarchiques, ces élans de tendresse. Il les avait ressentis. Pour Eren.
Il s'éloigna sans se faire entendre, ruminant ses sombres pensées agrémentées de jalousie, et de certitude que ce soir personne ne le serrerait dans ses bras dans un élan de pitié. Il pose ses yeux sur des jambes blanches et un pan de kimono, les leva sur un visage fin, une bouche fermée, des yeux gris à fendre l'âme, de longs cheveux noir coulant en cascade.

- ...


Ils devait avoir l'air fin, tous les deux avec un air plus ou moins choqué, planté l'un devant l'autre. Au moins le couloir n'était pas très usité à cette heure. a part par Farbe et Yuürei. Ces deux là autant éviter que quelqu'un les trouve.

- Eren...


Vite. Trouve quelque chose à faire, à dire. Frappes le et pars en pleurant, jette toi sur ses pieds en chougnant, passe à côté de lui en l'ignorant et met lui un coup de coude dans le dos, fais quelque chose.
La seule chose qu'il trouva effectivement à faire fut de prendre autoritairement son sempai par la main et le traîner dans le couloir pour l'éloigner des deux amoureux. La bile lui montait un peu à la gorge qaund il pensait qu'ils avaient bien mérité leur moment de tendresse et d'intimité. Il relâcha le brun, quelque part dans un des nombreux replis d'ombres de la maison. Déesse, c'était bien lui, ces lèvres, sa peau, il pouvait même respirer son odeur en étant près de lui. Eren. Il n'y avait plus de colère, plus de rancune, seulement de la douleur et des sillons de larmes, et quelque chose qui poussait fort entre ses omoplates.
Ses bras se refermèrent sur une taille toute fine, perdue dans les plis d'un kimono. ses lèvres allèrent se poser contre la gorge, prudes, amoureuses, timides, comme des papillons prêts s'envoler au moindre mouvement.

- Ne pars pas...

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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeSam 1 Nov - 19:00

[Je vais arrêter de faire mes posts sur word ou tu vas me tuer T__T]


Il se réveilla sur le sol, un carrelage froid et sale collé à la peau. Yuürei avait le dos tourné, emmitouflé dans sa couverture, encore endormi. Il fixa les cheveux bruns décoiffés sur la nuque, puis se leva en silence. Il ne devait pas le réveiller, il ne voulait pas. Il avait gardé tous ses vêtements, alors n'avait pas perdu de temps à se revêtir hâtivement pour disparaître à nouveau. Silence dans le dortoir, des corps immobiles tels des cadavres dans la semi-obscurité. Il avala sa salive, et poussa la porte pour s'échapper, une fois de plus. Quatre heures du matin aux montres des dignes commerçants d'Anthélima. Peut-être que le boulanger était aux fourneaux.

Cette aube-ci était noire, à peine troublée des premiers rayons du soleil qui la perçaient. Peu à peu, le ciel s'éclaircirait pour passer à un bleu sale, maculé de tâches de rose criard. Il ne prit pas la peine de passer par la porte des artistes, même avec un accoutrement tel que le débardeur-jean indigne d'un tapin qui se respecte. Pour la simple et bonne raison qu'il n'y avait personne. C'était un moment de pause, hors du temps, entre le départ des travailleurs de nuit et l'arrivée de ceux du jour. Les gorilles en noir étaient eux-même partis se coucher. Il n'y avait que Dienthal, qui devait compter furieusement son argent, bien cloîtré dans son bureau, à l'abri de tout.

L'hybride décrivit une ligne droite jusqu'à sa porte, entra sans frapper comme à son habitude (et parce que les convenances étaient vite oubliées en l'absence de public). Il vit "son" proxénète relever le menton, à peine surpris, et retourner vaquer à ses occupations, en l'occurence un déluge de paperasse officielle. Souvent, Eren haussait les sourcils en voyant ses petits manèges : y avait-il seulement quelque chose à organiser bien carrément dans la pègre ? Il ne s'y connaissait pas. C'était une autorité au-dessus de lui, lointaine, dont il semblait pourtant être l'instrument. Un peu à l'image des citoyens et des membres du Conseil. Ces politiciens, connaissaient-ils seulement tous les visages, tous les noms de leurs sujets ? Et pourtant, ils les gouvernaient, sans entretenir de lien profond avec chacun d'eux. Nous sommes une autre forme de gouvernement, celui des mauvais quartiers, de la débauche, celui dont on parle le plus, celui qu'on ne rencontre jamais. Je suis peut-être totalement ignorant, mais au moins je sais ce qu'ils sont capables de faire.

Il s'était affalé sur une chaise en face de Dienthal, les yeux dans le lointain, une moue vaguement boudeuse sur les lèvres. Sans doute une autre représentation d'un fantasme : celui de la brune décoiffée langoureusement assise, pensant à autre chose et jetant tous ses prétendants. Brune écervelée et... Ha, ça l'agaçait. Il souffla sur une mèche sale qui était venue se ficher devant son nez. Le bruissement des feuilles s'arrêta. Il attendit, le temps d'un battement de coeur, qu'on lui parle.


- Tu ne dors pas d'habitude, à cette heure-là ?
- Mh. J'arrive pô.
- Ménage-toi. Tu dois encore travailler cette journée pour... rembourser ta dette pour cette semaine.
- Ma dette ?
- Oui, tu sais bien, les bains ça coûte cher, en ce moment.
- Ah... J'en sais rien...
- Puisque je te le dis. Ha, et aussi, fais attention à tes cheveux.
- J'fais attention...
- Ils sont sales.
- Les bains, s'coûte cher. Paie-moi plus.
- Travailler plus pour gagner plus. C'est un cercle vicieux. Dans notre société, on valorise l'effort, tu vois...
- Et quel effort...

Petit accrochage. Le rictus nerveux au coin des lèvres du proxénète s'immobilisa.

- Tu ne tournes vraiment pas rond, depuis un certain temps. Ca ne me plaît pas du tout.

Il haussa les épaules et regarda ailleurs. Salaud. Salaud. Salaud. Plus le temps passe et plus je te déteste, au même titre que tous les autres. Tu t'es intéressé à moi parce que les bêtes, ça te connaît. Que je devais être un peu mignon, un peu pitoyable. Haha ! Peut-être que tu es stérile et que tu rêvais d'un fils, c'est bien minable. Alors... Regarde ce que tu fais à ton fils. Tu vois, ton amour passe après la nécessité. Tu ne peux aimer personne. Regarde bien.
L'hybride se leva en repoussant sa chaise, annonçant de manière neutre qu'il allait s'habiller. Disparut dans le couloir.

A présent, il regardait son visage arrogant dans le miroir, le cou tendu, alors qu'il arrangeait ses mèches du mieux qu'il le pouvait. Ils étaient sales. Ca le foutait en rogne. Ils étaient SALES. Comment osait-il lui dire ça. Pas de mèche trop volante pour ne pas montrer leur graisse, alors. De toute façon, il s'en moquait, il ne se ferait personne, voilà tout. Pas envie. A cet instant, ses lèvres lui parurent infiniment trop blanches dans son visage blafard. Il aurait pu prendre un de ces rouges criards réservés aux filles pour se barbouiller. Faire passer le malaise, l'impression hebdomadaire d'être la lie de la société. Nu comme un vers mais coiffé, il se traîna jusqu'à la porte des placards. Là, il l'attendait, le kimono carmin sagement posé sur un cintre. Il l'effleura. C'était encore son dernier point de contact avec... avec le type dont il était amoureux. En des termes plus romantiques, l'homme qu'il aimait, celui auquel il pensait tout le temps, celui pour lequel il se maudissait tout le temps, celui qu'il engueulait en pensée tout le temps. Son dernier point de contact, parce que sagement rangé à côté de son kimono, il y avait toujours le manteau à fourrure blanche. Il passa lentement ses doigts dessus, sans trop le toucher cependant. Ne pas laisser son odeur dessus, quelque chose d'idiot comme ça. Bêtement, il le serra contre son torse comme quelque chose de fragile, et puis quand il eut trop froid, il endossa le kimono. Il était cinq heures.

D'autres prostitués débarquèrent au fur et à mesure, les hommes en noir retrouvèrent leur poste, il fut occupé à se caresser l'intérieur des cuisses dans une vitrine, concentré à ne pas regarder les badauds dans une fausse attitude orgueilleuse. Quand les doigts de Dienthal effleurèrent sa nuque, il se leva sans mot dire, suivant simplement le mouvement. Il regardait la ville. Coupoles, immeubles, poteaux électriques, couleurs chaudes, vaisseaux. D'en bas, tout cela nous restait inconnu. Une fois monté dans un Speeder, projeté à plus de vitesse que n'importe quelle paire d'ATs, tout devenait... inférieur... La preuve, il avait les yeux baissés sur ces petites particules. On ne prenait pas la peine de le faire se rhabiller, il sortait toujours de la voiture débraillé alors qu'il se trouvait dans les beaux quartiers, les voisins devaient penser que Dienthal Amalia entretenait une catin, ce qui n'était pas faux.

Les bains coûtent cher, il est vrai. Eren émergea du sien en crevant la surface, suivi par une masse visqueuse de cheveux noirs, qui vinrent bientôt se coller à son visage. Il avait bu la tasse. Juste bu la tasse. Il ramena ses genoux contre lui dans la vasque, recroquevillé comme un enfant pris en faute, les yeux à nouveau tristes. Du moins le visage triste. Ses yeux n'exprimaient jamais rien. Il avait vidé quelques bouteilles de produits pour se noyer dans la mousse, ça le piquait. A chaque fois qu'il se posait dans cette baignoire, il ne pouvait pas s'empêcher de s'entrevoir cinq ans plus tôt, gamin de 16 ans alignant des mots avec difficulté, épuisé et faisant peur à voir. L'eau chaude avait délassé ses membres, il regardait le jet d'eau comme un ennemi alors qu'on lui appuyait sur la tête pour l'obliger à se tenir tranquille. Dienthal était encore gentil. Maintenant, Eren avait grandi, et n'inspirerait plus ce genre d'envies à un père potentiel.

- Viens par là... J'ai un haut à manches longues pour toi. Il commence à faire froid.

- Ah... Mais ça m'met les épaules à l'air. Ca sert à rien ton truc.
- Au moins c'est mignon.
- J'ai 21 ANS !
- Roh... On n'est même pas sûrs de ton anniversaire, alors à 10 ans près... Hey ! Pourquoi tu t'en vas ?!

Il avait donc eu droit à un pull gris clair, ouvert au niveau des épaules, pour changer de l'éternel débardeur. Tenue d'hiver. Ses cheveux se perdirent dedans, se chargèrent d'électricité, volèrent dans tous les sens et ça l'énerva jusqu'au repas où il se gava sans ménagement.
La nuit, il eut chaud. Dienthal avait depuis toujours réservé un lit à son protégé, qui ne manquait pas de se cacher sous les couvertures apaisantes. Il avait chaud. Il ne parvenait pas à dormir, il s'en voulait, il désirait être au dortoir, à tenir Shane-kun contre lui, à se faire pardonner d'être parti ici alors que là-bas, on l'attendait. Culpabilité qui étreignit sa poitrine un instant, lui bouffa l'estomac, avant qu'il ne se roule en boule. Il ne voulait pas voir Shane. Il ne pouvait pas.






Il remettait lentement son kimono. Le plus dignement possible. Derrière lui, des yeux impurs suivaient les écailles de sa colonne vertébrale. Il ne se retournerait pas, resterait raide et fier. Son regard était droit, vrillait le mur tout le temps que son client prit pour se relever et fermer la porte derrière lui. Dès que ce fut fait, il se laissa retomber dans les draps, froissant les billets avec douceur, petite bête de luxure. Toute petite. Ces mecs lui inspiraient du dégoût. Plus qu'à son habitude. C'était normal. Il finit par sortir aussi de la chambre, ramenant des pans de sa tenue contre sa peau. C'était normal, parce que pendant l'acte il pensait à autre chose. Il voulait autre chose. Il s'y réservait, inconsciemment. Et tous ces pourris qui venaient le salir...

Il faillit rentrer dans Shane, en oubliant de prendre le sens de l'escalier. Rentrer dans Shane. Dans Shane. Shane. L'hybride ramena un peu plus son kimono sur lui, et resta planté là, immobile, jusqu'à ce qu'on le dévisage. Alors ainsi, tu n'as pas changé. Yeux bleus immenses dans lesquels je vais me noyer. Ha, si, il y a une petite lueur accusatrice là-dedans. Tu es horriblement beau. Moi j'ai la bouche qui tremble, les jambes flageolantes, et déjà on me traîne. Je tremble de tous mes membres. Honteux, affolé. Il faut partir, partir. Non, reste, reste. RESTE. NE PARS PAS. Il entendait plus qu'il ne l'écoutait, les yeux ouverts sur le plafond, bouche mi-close. La petite ampoule grésillante, au fond là-bas, elle ressemblait à un soleil. Il fut parcouru d'un frisson comme un sanglot, ne pleura pourtant pas, gardant obstinément les pupilles loin de Shane.
De ses bras qui l'avaient entouré, sa bouche dans son cou qui le rendait peu à peu fébrile. Déesse. Déesse.


- Laisse-moi tranquille... Arrête...

Et en même temps que la conviction dans ces mots s'envolait, la voix se faisait plus basse. Il se passait les mains sur le visage. Voix un peu rauque.

- Arrête................

Eren posa amoureusement ses lèvres sur celles de Shane.
Et là, ils s'embrassèrent.
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MessageSujet: Re: De nouveau "ici"   De nouveau "ici" Icon_minitimeJeu 6 Nov - 22:04

[mais non ^w^... fais donc]

Il était un peu fébrile. Il serrait dans ses bras la personne qu'il aimait. Pas trop fort, pour ne pas lui faire mal, mais assez fort pour qu'il ne parte pas, qu'il ne disparaisse pas comme ces derniers jours, c'est quatre derniers jours où je ne t'ai pas vu. C'est immensément long tu sais? Une heure sans toi ça devrait même pas exister. Alors penses, quatre jours, quatre jours... tout seul.

- Laisse-moi tranquille... Arrête...

Juste un sursaut, un tressaillement en réponse. Il ne partirait pas, non il ne le lâcherait pas, même si eren ne voulait plus de lui pour une raison obscure, même s'il le détestait, il avait besoin de le serrer, maintenant, tout de suite, surtout si c'était la dernière fois... Il respirait son odeur en de lentes et profondes inspirations. La fragance d'Eren avait toujours été apaisante pour lui, puisque synonyme de sa proximité, comme pouvait-il croire qu'il allait s'en priver pour le restant de ses jours ? Vivre sans lui alors que tout son corps et les choses éthérées qu'il avait à l'intérieur de lui criaient que c'était lui, avec lui qu'il voulait passer toute sa vie... ou au moins un long moment, un peu plus que quelques minutes, assez de temps pour que la totalité de la peau de l'hybride soit délavée d'avoir trop reçu ses lèvres.

Il tremblait, ses mains, ses lèvres aussi, comme celle du petit garçon vierge qui était venu quelques semaines plus tôt ici. Il tremblait et d'autres lèvres étaient posées contre les siennes. Non je ne pleurerais pas... même si j'en ai envie, et même si je ne comprend rien. J'ai peur de te faire fuir encore, reste avec moi, ne pars plus jamais, regarde moi dormir, dors contre moi, déteste tous les autres, restes avec moi.
Ses petite mains de chat étaient crispées sur le kimono, et dans sa tête le temps passait, à la fois figé et coulant entre ses doigts, et contre ses lèvres les autres, et leurs blessures infimes, leur relief mystérieux, si réel et si tangible, qui ne sera plus rien, un souvenir fade une fois que le temps passé aura séparé leurs bouches.

Il se recula finalement, pour respirer, mais de quelques millimètres, assez pour que les yeux d'Eren occupent une vaste, vaste partie de son champs de vision.

- Je... je t'aime...


Il passa lentement sa langue sur ses lèvres sèches, en ayant le sentiment qu'il n'arriverait jamais, jamais à articuler autre chose. Dans sa tête la notion d'avenir n'allait pas plus loin que le moment où Eren répondrait. Plus loin que ce moment, ça n'existait pas, c'était le noir.

- Ne me laisse pas tout seul...


C'était pitoyable mais il préférait inspirer le mépris plutôt que d'être laissé de nouveau, de revivre des jours semblables. Des jours touts seuls, des nuits à pleurer, et se confronter à sa situation, au glauque quotidien. Parce que quand il y avait Eren... Tout allait, tout irait. Et même si un client un jour l'avait pris à lui faire mal, lui avait fait subir des choses qui auraient pu le briser, ça n'aurait pas été plus important que de la poussière tant que son sempaï l'aurait gardé dans son lit, l'aurait regardé, lui aurait parlé.
Et il pensait à ça en regardant Eren, de ses grand yeux bleu dans lesquels il essayait de faire passer tout ce qu'il ne disait pas. Rien de tout ça n'aurait eu de l'importance, parce que toi tu as pouvoir sur tout, sur moi, sur mon existence. Le monde n'est supportable que parce que tu es là, le monde n'est beau que parce que tes yeux gris le parcourent puis se posent sur moi, le monde a pour seule raison d'exister le devoir d'être notre jardin, notre royaume, notre cage, notre chambre, c'est parce qu'il existe que je t'aime et parce que tu es là que le monde existe. Tu comprend alors ? Quand tu es avec moi l'univers fonctionne à la perfection, quand tu pars c'est une abération, une planète qui explose, le Big Bang.

- Je ferais tout ce que tu voudras...


Il était toujours aussi près, la bouche toujours aussi sèche. Il s'en voulait de dire de telles choses, il se tuerait de perdre son amour par sa propre faute. Là, maintenant, il était près à faire tout ce qu'Eren aurait pu dire ; s'arracher un oeil, ramper sous ses pieds, lui faire une fellation...
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