Ca commence comme ça. [PV Geetali]

Invité

Bam.
Siiiiifflement des roues sur le béton usé, oh, un creux, saut, schbom un peu plus loin, long voile de cheveux noirs qui claquent sur les passants, ombre qui slalome, et court, et accélère, et glisse, toujours plus loin. Bon. On ne précisera pas qu'il ne savait pas absolument pas où il allait. En attendant, tout ça était joli, et lui donnait une belle impression de fuite éperdue, tout en sachant que personne ne le poursuivait à l'heure actuelle. Au début, si. Il se souvint des "Revieeeeeens !", des mains bêtement tendues vers lui alors qu'il était déjà hors de portée, ses Air Trecks l'emmenant là où il le désirait. En l'occurence sur un toit, puis un autre, en plus des petits moments où son estomac se nouait au-dessus du vide, si facilement atteint. Un mètre trop court et il se ramassait au milieu de la benne, dans les sacs poubelles. Etrangement, cette simple pensée le poussait à rester en l'air. Ca faisait... deux jours ? Deux jours depuis le gros porc suintant de minuit, les douze coups sonnés, et il s'était barré, laissant en plan capotes, lit défait, vêtements aguicheurs. Il faisait nuit. Il avait un peu ridé, avait trouvé une de ces plaques d'évacuation libérant de l'air chaud à l'orée des restaurants, s'y était endormi comme un clochard, roulé en boule. Le lendemain, les douces lois de la nature lui rappelèrent qu'il avait faim. Ce fut le premier vol. Un croissant froid. Après, Dieu créa le sandwich, les pommes et le fromage. Rien ne lui laissa de grand souvenir, il devait même avouer que les fruits, ça puait du cul.

Surtout celui qu'il essayait depuis deux minutes de croquer dans le bon sens, là. Et depuis deux minutes, il insultait copieusement les entités sodomites sans réfléchir à son propre cas, tout en tapant des roues sur le sol d'une manière tout à faaait adorable. Devant le pathétique de la scène, un gamin jugea bon de lui venir en aide. Essayez d'imaginer. Vous avez un jus acide sur la langue. Ah, ça y est, cette grosse p*te, vous l'avez eue. Maintenant quelques bouchées et c'en est fini, les pépins avec, ça ne fait aucune différence, elle ploie, elle ne peut rien. D'un coup, on vous bouscule. Vos doigts glissent insidieusement de la surface gominée de la pomme, d'autres les remplacent, ce ne sont pas les vôtres. Vous vous en rendez compte. C'est trop tard. Là-bas, très loin, masqué par la foule, le gosse court avec votre butin durement gagné. Et là...

- PUTAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAIN !!!!!!!!!

Et puis là, l'incroyable patience d'Eren refait surface.
D'abord c'était LUI qui avait fait l'effort de la piquer avec beaucoup de remords, et voilà qu'à son tour quelqu'un le prenait pour le pigeon de service. Non, non, non, ça n'allait pas du tout. Perdre la face devant un petit truc lui arrivant à la taille, et de conne façon, vraiment, très peu pour lui. Actuellement, il fonçait à toute allure, les yeux fixés sur la couleur particulière d'un T-shirt délavé, quelques mètres devant lui. Le môme n'avait rien aux pieds. Dès qu'il y aurait moins de monde dans cette saleté de rue, il lui sauterait dessus, l'engueulerait peut-être un coup, et surtout récupèrerait son... sa... Mais pourquoi il le coursait, déjà ? Et voilà que l'enfant tournait, et que lui manquait de se manger un mur. Ouf, c'était pas passé loin... Le temps que les petits moteurs se remettent en marche, l'autre devait avoir pris quelques longueurs d'avance. Baaaah, une accélération et c'était réglé. Il s'engagea dans la rue. Et puis bloqua.

Pas tout de suite, bien sûr. Ce fut juste au moment où il relevait les yeux du sol. Il y avait toujours le petit, qui avançait au pas. Plus intéressant, le bâtiment devant lequel il se trouvait. Il fallait être idiot pour ne pas reconnaître ce qui servait à la religion, tant l'or était incrusté là-dedans. Sans doute que les humains avaient mis toutes leurs maigres forces dans des temples de ce genre. Dans sa pensée, il n'y avait rien d'autre d'assez noble dans la société surienne pour nécessiter de bons soins. Léger soupir. Il stoppa devant les portes. C'était une chic église avec quelques jeunes filles fraîches sur le parvis s'occupant de saligauds comme le gosse de tout à l'heure, et puis, pas grand-chose de plus... Quelques secondes lui suffirent à repérer la bestiole recherchée. Et il n'en avait rien, mais rien à faire qu'elle soit assez pathétique pour s'être attiré la pitié des prêtresses.

- Woh.

Voilà, assez pour que la petite chose se retourne...
Il souleva un peu sèchement le poignet, secoua autant que nécessaire, récupéra la précieuse boustifaille.

- Rends-moi ça. Merciiii. Apprends à courir avant de tenter des trucs de ce genre, oui voilà, recommence si tu veux mais entraîne-toi. Je te donne un 8 sur 20, non mais vraiment quoi.

Et puis au milieu de ce babillage, il y avait quelques aspirales curieuses, un enfant effaré la tête en l'air à écouter les paroles du Seigneur, et même des passants.

Invité

Elle se trouvait présentement au fond de son armoire. Bras allongés à l’extrême afin de saisir un vêtement qui semblait ne pas exister, ceci agrémenté de grognements furieux ; Geetali aurait pourtant juré l’avoir déposée là. Cette longue tunique aux allures de cape qui parvenait à lui conférer une décence trompeuse. Sa mère avait anéanti tout soupçon dirigé vers elle d’un regard tranchant, tandis que son père s’était depuis quelques heures installé à la table de la cuisine sans accorder d’attention aux minutes qui défilaient. La jeune femme se redressa dans une plainte de rage, cheveux devenus nid de cigogne, joues rouges par l’effort de recherche, respiration saccadée. Un juron, et elle se résigna à choisir un bête pull noir, pour finalement remettre de l’ordre dans sa coiffure. Un deuxième juron lorsque ses orteils heurtèrent le pied du lit, puis un troisième quand elle sauta dans ses chaussures et qu’elle manqua par la même occasion de s’étaler sur le sol. C’était indéniable, ces derniers jours, tout allait mal. Elle n’avait qu’une notion limitée des choses, couplée à l’impression de se perdre au beau milieu d’elle ne savait quoi. Un refus d’en parler à sa mère avait envenimé la situation, en plus d’une décision qu’elle avait prise et que son père n’approuvait que très modérément. D’ailleurs…

« Tu as réfléchi à ce que je t’ai demandé ? », interrogea-t-elle en contournant la table et en se plantant devant lui, telle l’enfant adorable qu’elle n’était pas. Pour cette raison peut-être qu’il maugréa aussitôt. « Pas encore… » Geetali haussa les épaules, préférant insister avec subtilité, et donc sur le long terme. Pourtant, avant de franchir la porte… « Tu vas prier parce que ça risque d’être dangereux ? Et après tu t’attends à ce que je te donne ma permission… ‘faut vraiment être gonflé. » Haussement d’épaules supplémentaire. « Je peux toujours essayer d’avoir les déesses de mon côté. » Sur ces mots, elle sortit de la cuisine, puis de la maison après avoir embrassé sa mère qui la darda d’un coup d’œil suspicieux. Oui, aujourd’hui, elle allait prier. Ça lui arrivait parfois, malgré sa tendance à ne croire en rien, un exercice de forme comme un autre auquel elle n’attribuait pas vraiment d’importance en apparence mais qui, elle ne pouvait le nier, la soulageait intérieurement.

Mains jointes nonchalamment derrière le crâne, paupières lourdes de lassitude, la jeune femme s’imposa un pas long, désireuse d’atteindre le temple au plus vite. Bâillement. Regard peu engageant à l’adresse d’un groupe d’adultes qui l’avait vue traîner tard la nuit – décidément, la mauvaise réputation se forgeait d’elle-même – enfin un soupir alors qu’elle s’extirpait des quartiers malfamés. Désagréable que de se sentir flotter ainsi.
Arrivée là où elle n’avait pas sa place, parmi la Haute, Geetali abaissa les bras afin de ne pas se faire remarquer inutilement, gardant pour repère le dôme du Temple situé à proximité. Juste là. Et elle aurait pu les dépasser, leur témoigner une royale indifférence, si seulement elle n’avait pas tout entendu. Recommence si tu veux. Instantanément, les yeux de Geetali glissèrent sur une aspirale qui s’était farouchement avancée, les autres préférant garder leur apparente curiosité. Encore un vol de pomme ? Décidément. Ses lèvres s’ourlèrent très perceptiblement en un sourire ironique, et elle s’apprêta à gravir les quelques marches lorsque cette même aspirale précédemment aperçue l’apostropha. « Dites donc, vous ! Je ne trouve pas ça drôle ! » Aux deux voleurs. « Et vous, ne bougez pas. » Geetali esquissa un autre pas et daigna enfin se sentir concernée. « Moi ? », marmotta-t-elle en se désignant innocemment de l’index. On lui intima d’approcher, ce à quoi elle dut se résoudre et, une fois au côté d’un des inconnus, le plus grand des deux, se permit un regard interrogateur en direction de l’aspirale qui gardait les mains liées sur son ventre.

« Il me semble que votre conduite soit à améliorer… », commença-t-elle sous l’œil investigateur de ses collègues. « A tous les trois. », finit-elle par insister en remarquant que le gamin observait déjà un point dans le vide, qui aurait dû se situer sur son visage à elle. Geetali tentait au mieux de modérer son incrédulité afin que celle-ci n’atteignît pas ses traits.
« Nous allons donc entrer et prier ensemble. » Que de réjouissances en perspective, songea la jeune femme qui en profita pour éclairer la prêtresse quant à ses projets.
« Justement, je suis venue ici pour p…
— Prier !, l’interrompit-elle. Parfaitement ! Vous l’avez tous déjà fait, n’est-ce pas ? Et vous donc, celui qui conseille à un pauvre enfant de reproduire un crime ? Avez-vous déjà prié ? »

En réalité, il s’agissait d’une aspirale trop heureuse d’avoir enfin trouvé l’occasion d’exercer son métier, plus ou moins intelligemment. Plus ou moins. Davantage moins que plus, paraissait hurler bien malgré lui le visage de Geetali, qui se retint de croiser les bras par profond ennui. C’était touchant, la naïveté d’une aspirale débutante. Après avoir certifié qu’elle avait déjà prié, la jeune femme crut bon de dévisager celui qui se trouvait à ses côtés, finit par déduire avec peine que c’était bel et bien là un homme. Ses yeux s’ancraient sans honte, dans l’attente d’une réponse quelconque.

Invité

Voilà, il avait fait son petit effet. Présentement, il y avait un groupe de jeunes prêtresses aux cous tendus sur lui, le gamin abasourdi qui le regardait d'en bas, et puis une bino... une fille avec des lunettes qui passait pour entrer dans le temple. Lâcha un sourire devant la scène.

- Dites donc, vous ! Je ne trouve pas ça drôle ! Et vous, ne bougez pas.

Nani ?
Très poliment, il laissa retomber son bras tenant la pomme le long de son flanc, le temps de pencher la tête sur le côté pour considérer son interlocutrice comme un ahuri. A côté de lui, le gamin s'était raidi. Suivant son exemple, il fit de son mieux pour tenir droit comme un piquet, dans une posture à la fois soumise, défensive et totalement ridicule. Et déjà la cheftaine s'approchait, pendant que la culpabilité de l'enfant pris en faute venait doucement lui tirailler les entrailles. Nooon, c'est pas moi, maman ne crie pas ! Je lui rendrai... Je lui rendrai ce que je lui ai volé... Ce n'est pas très dur de faire perdre sa superbe à Abel'. D'abord, il a horreur qu'on l'appelle par son nom. Si vous ne connaissez pas le nom en question, vous pouvez jouer sur votre statut d'humain et donc de supérieur, ça marche très bien aussi.
Pour peu, il aurait été se cacher dans les jupes de la fille qui était venue se placer à côté de lui. Ridicule... La situation était ridicule, il devait juste se barrer et voilà qu'il se retrouvait sermonné par une gentille petite aspirale zélée...

Tout le temps qu'elle parla, il avait baissé la tête, les yeux posés sur ses pieds chaussés d'ATs. Allez, c'était bientôt fini.

- Nous allons donc entrer et prier ensemble.

Kof, kof.
Quoiiiii ? criait son pauvre cerveau exténué et profondément perplexe face à l'évènement imprévu. Non mais... Jamais on ne le ferait entrer dans un temple, encore moins pour prier Mesdames de lui pardonner d'avoir commis un larcin. La brune à sa droite semblait partager le même avis : justement, je suis venue pour ça, alors laisse-moi prier ce que je... ce que je... ce que j'veux, ok ? Yeux gris arrogants plantés sur l'aspirale qui, finalement, était beaucoup plus petite que lui. Avec un peu de chance, l'intimidation ça marchait ?...

- Prier ! Parfaitement ! Vous l’avez tous déjà fait, n’est-ce pas ? Et vous donc, celui qui conseille à un pauvre enfant de reproduire un crime ? Avez-vous déjà prié ?

Jusqu'ici, seule la fille brune à côté de lui avait osé répliquer quelque chose - il fallait dire qu'elle avait plus de choses à faire dans le coin que deux voleurs, et était donc doublement ennuyée par la tournure des choses. Le gamin à gauche, il semblait s'être évanoui, ou du moins avait rendu sa présence quasi-indécelable tant il était silencieux et immobile. Lui, avec ses longues jambes dégingandées entre les deux autres, il avait réussi à se faire oublier tant bien que mal. Jusqu'à ce qu'on lui demande un avis. Qu'on lui adresse la parole directement.
Piquer une pomme, c'est un crime ?... Ha non, c'était trop. Violer une petite, peut-être que c'était un crime, en tuer une autre aussi, mais dérober sur un étal plein à craquer un petit fruit tout vert de rien du tout... Le marchand ne s'en était sans doute même pas rendu compte, trop submergé par tous ses biens. A ce stade-là, lui Eren était un bienfaiteur, le Robin des bois de Suria - sauf que ses vols servaient un but tout à fait égoïste, mais nous fermerons les yeux dessus pour préserver le côté héroïque du personnage. Un sourire avait en tout cas fendu son visage à l'entente du mot "crime". Le genre à dévoiler des dents.
Avez-vous déjà prié ?

- Heuuu...

Paires d'yeux braquées sur lui, boule dans la gorge. Non, jamais ? Je m'en branle de votre religion ? Je veux l'oublier ? Allez mourir ?
Ses lèvres se fermèrent humblement, illustrant un joli sourire effarouché pour rendre l'image qu'il voulait.

- Il y a très longtemps.

Menteur, menteur... Pas tout à fait ! Il avait bien été obligé d'apprendre à prier, avec les elfes. De le faire sans conviction aucune. Ca faisait presque six ans, maintenant... Ses mains se joignirent sur son ventre en une pause peu assurée, lui-même essayant de se rappeler les gestes à accomplir. Air dans le vague. Et voilà, il avait réussi à souler son agresseur, maintenant il fallait qu'on entre tous pour mener à bien le grand projet de purification. "Oh, j'oubliais... Pas les Air Trecks dans le temple". "Ha oui, pardon". Il était donc resté assis sur les marches, à jouer avec ses lacets pour ôter les ATs. Hm, c'était quoi le pire, rouler dans un lieu religieux ou s'y traîner nu pieds ?... Le carrelage était froid. Il y avait même de la poussière, ça collait à ses talons. Il repéra approximativement l'endroit où ses trois compagnons se dirigeaient, décida de les suivre de loin, le temps de jeter un coup d'oeil...

Mois d'octobre. Mois de la Terre.
Il était vraiment mal tombé...
Bâtonnets d'encens, larges tentures, dorures, il était servi. Une légère moue s'installa au coin de sa bouche. Depuis quand on amadoue les Déesses avec de jolies choses ? Il secoua la tête, oublia, et trottina un peu plus rapidement en direction de son groupe.

- Je suis là.

Vu le coup d'oeil désapprobateur de leur aspirale, ça n'était pas le moment de parler, ou du moins aussi fort. C'est vrai que maintenant qu'on y regardait de plus près, il y avait d'autres personnes là-dedans, et pas uniquement des prêtresses, en train de prier ou faire il-ne-savait-pas-bien-quoi. Suivant le mouvement, il s'agenouilla avec les autres. Pourquoi ce môme le faisait mieux que lui, d'abord ?

Invité

[Navrée de cet impardonnable retard, poussin.]

Pour Geetali, les surprises étaient rares. Lorsqu’elles survenaient, elles avaient de multiples effets : agréables, désagréables, amusantes, fascinantes… Mieux encore, il arrivait parfois qu’amusant et fascinant se mêlassent (miam). Au moment même où ses paupières allaient s’alourdir d’ennui, un éclat illumina son œil et elle dut courber la nuque un peu plus pour mieux considérer ce qu’elle venait d’apercevoir. Des dents. Vision trop courte cependant et elle pensa, après avoir vivement cligné des yeux, que cet hybride – évidemment – aux allures subites de grand dadais n’était guère généreux. Toutefois, l’expression s’était sensiblement éclairée, passant du visage totalement fermé à l’intérêt flagrant qu’elle nourrissait vis-à-vis de ces superbes dents sur pattes. Elle ne semblait pas se rendre compte du sourire railleur qui venait d’investir ses lèvres, car de nombreuses pensées aussi saugrenues les unes que les autres avaient contribué à son égarement intérieur. Mais n’était-ce pas toujours mieux que d’éprouver sa mauvaise langue ? A ce propos, ces dents devaient être un excellent moyen de couper le moindre petit détail inopportun.
Sans se soucier de son indiscrétion, la jeune femme guettait comme un rapace le moment où l’hybride rouvrirait la bouche. L’envie la prenait presque de l’y forcer, genre, y a ptêt une pomme qui s’est cachée d’dans, et elle dut effectivement se faire violence pour n’amorcer aucun geste d’agression envers le pauvre inconnu. L’entrée imminente à l’intérieur du temple l’y aida, non sans un regard malicieux vers lui qui devrait bientôt faire office de lingette dépoussiérante.

Les aspirales qui se tenaient en haut des marches s’écartèrent rapidement pour les laisser passer. Le petit garçon ouvrait la marche et se grattait royalement le nombril, tandis que Geetali, les bras croisés, le dardait de façon hautaine sans même prendre la peine d’incliner la tête. La drôlesse zélée leur emboitait fièrement le pas, tout en gardant un œil sur l’hybride.

A l’intérieur, l’odeur de l’encens lui chatouilla excessivement les narines. Elle retroussa brièvement le nez pour manifester son mécontentement, avant de s’agenouiller derrière l’aspirale qui, montrant l’exemple à merveille, leur tournait le dos. Geetali saurait bien tirer profit de cette initiative, et elle ne tarda pas à trouver comment. L’inconnu s’était installé de manière à ce que le gamin fût au milieu d’eux, ce qu’elle n’approuvait pas tellement pour le reste des opérations. Elle le contempla silencieusement, n’ayant rien manqué du regard que lui avait jeté l’aspirale.

« Gardez le dos droit, fermez les yeux, mains jointes devant votre poitrine ou à plat sur vos cuisses. Ne pliez pas les pouces. »

Elle chantonnait les directives avec ferveur, s’exécutant (si seulement) après avoir vérifié que ses trois élèves improvisés savaient s’y prendre. Naturellement, elle s’attarda un instant sur l’hybride, une lueur on ne peut plus significative dans les yeux. Quand enfin elle se retourna, Geetali se redressa discrètement, feignant cependant une certaine brusquerie dans le geste, de manière à justifier l’élan de sa jambe qui, innocemment, emporta le petit corps du gamin avec elle. Celui-ci s’était arraché de ses « prières » dans un hoquet de stupeur, pour ensuite se rattraper sans délicatesse sur la première chose qu’il fut en mesure d’attraper, soit les vêtements de l’hybride installé à son côté. Geetali ne leur épargna pas l’audace d’un « Pardon. » clairement articulé qui, elle s’en réjouit, soutira un claquement de langue à l’aspirale.
Le gosse s’était lui aussi excusé en reniflant, tandis que la jeune femme avait docilement pris place près de l’hybride sans le regarder. L’air de rien, elle réajusta ses lunettes, ferma les yeux, mains sur les cuisses et naturellement… pouces pliés.

Une paire de minutes s’écoula durant laquelle Geetali ne commit aucune incorrection. Elle semblait bel et bien prier, mais si on y regardait bien, il était possible de distinguer un léger mouvement de ses lèvres. Parlait-elle ? Assurément. Si bas toutefois que seule la terreur des mers pouvait « espérer » l’entendre. D’ailleurs, ça tombait bien…

« Vous avez déjà mordu la langue de quelqu’un par inadvertance ? Et la vôtre ? Comment vous mangez ? Et… Elle ressemble à quoi, votre brosse à dents ? »

Tout cela dit sans jamais dévoiler ses iris sanguins. Allons donc, pour quoi faire ? Elle priait.

» Comme un gosse... (Libre)