Suria
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 la Dame. [Mademoiselle Camille]

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MessageSujet: la Dame. [Mademoiselle Camille]   la Dame. [Mademoiselle Camille] Icon_minitimeMer 13 Mai - 19:49

Grotesques conversations que celles des bougres que Lawrence avait pour voisins à la cafétéria. Pourquoi diable ces tas de muscles s'évertuaient-ils à imposer leur bêtise à tous? Sans doute les microscopiques pois qu'ils avaient pour cerveau baignaient-ils dans une mer de testostérone. Les hormones débordaient d'ailleurs par les oreilles de l'un d'eux, par les narines d'un autre et par chaque parcelle de peau visible de celui-là. D'après leurs dires, les femmes raffolaient des mâles, des vrais, comme eux, des imbéciles qui enchaînaient onomatopées, monosyllabes et vulgarités pour constituer de pitoyables discours éjectés avec balourdise sous le poids de leur péniblement pesante virilité.
Mais ces aimables réfléxions, le très récemment employé archiviste les gardait pour lui, le dos s'opposant à moitié aux ours qui s'étaient installés à sa table quelques minutes après lui. Dans une main il tenait l'un des nombreux dossiers qu'il avait empilés devant lui, et de l'autre, il enserrait un verre contenant du café, le soulevant à intervalles irréguliers pour le porter à ses lèvres. Une scène souvent répétée dans le quotidien du jeune homme, moment habituellement agréable où il profitait de son temps libre pour siroter le corsé et chaud breuvage tout en s'adonnant à la culture de son esprit. Les feuilles sur lesquelles il s'efforçait de se concentrer depuis le début de sa pause constituaient divers rapports effectués à la suite de maintes missions de Sentinelles. Certaines informations avaient véritablement de la valeur, mais la lecture s'était transformée en joute. Joute contre le bruit, contre les principaux responsables de ce vacarme composé de débilités de toutes sortes, mais surtout, contre sa propre personne qui, malgré ses efforts, se laissait glisser vers l'improductivité de la déconcentration. Et puis...

Le mécanicien aux oreilles velues avait dit quelque chose qui, chez ses comparses, avait provoqué les grondements de leurs rires rugissants. Celui à la forte pilosité répandue, sous le coup de l'impulsion, avait frappé avec un percutant entrain son poing contre la table, ce qui avait provoqué l'ébranlement de nombre de choses, et parmi ses choses, le verre de Lawrence, abandonné le temps d'une seconde dont le jeune homme profita pour distraitement gratter le lobe de son oreille droite, subitement pris d'une légère mais pas moins dérangeante démangeaison précisément délimitée. Mais il suffit d'un coup d'oeil, attiré par l'agitement soudain de la table, pour qu'une suite de vifs et nets mouvements ne s'enclenche, sous la direction de nul autre que Lawrence. Quiconque fut témoin de la scène songea sans nul doute que le verre chancelant allait inévitablement s'échouer en répandant tout son contenu autour de lui. Cependant, il en fut tout autrement, car une main vint s'emparer avec adresse du vaçillant godet, alors qu'une autre, dans un semblable élan, souleva la pile de dossiers. Point de fâcheux incident, qu'un silence à la table des gorilles, tout d'étonnement devant l'efficace prestation offerte par celui dont ils remarquaient par le fait même la présence pour la première fois depuis leur arrivée. L'un d'eux poussa une sorte de grognement admiratif, suscitant par la même occasion un genre d'éveil chez les autres mais, avant qu'ils ne se mettent à retraçer le réçent événement avec émotion et exagération, Lawrence se leva, tourna les talons, dossiers sous le bras, café bientôt jeté dans la première poubelle en vue, et poussa de sa main libérée l'une des portes battantes de la cafétéria, disparaissant dans un couloir.

Rapidement, il sembla à Lawrence, alors qu'il avançait d'un pas d'abord soutenu, qu'il allait à contre courant du reste du personnel se trouvant dans le couloir. Des Sentinelles le croisaient les unes après les autres et toutes affichaient des airs préoccupés, ou plutôt feignant une quelconque préoccupation. En fait, elles fuyaient, et Lawrence fonçait droit vers la source de leur fuite, sans pour autant savoir de quoi il s'agissait, mais des indices ne tardèrent pas à se faire entendre.

« Excusez-moi mademoiselle, pouvez-vous me dire ce qui se passe, par là?
-Une grande dame vient de débarquer...
-Pardon? »

Sa sarcastique réponse donnée, la Sentinelle ne s'était pas plus attardée et avait poursuivit son chemin. Désormais stationnaire et seul au milieu du couloir, le stratège hésita, songeur, jusqu'à ce que des voix en provenance du hangar non loin devant ne le sortent abruptement de ses réfléxions. Une en particulier avait retenu son attention, éveillant des souvenirs qui n'avaient pas trouvé leur place dans sa nouvelle vie. Par réflexe, sa main vint se plaquer à la poche de son veston, mais ses lunettes n'y étaient pas. Elles n'y étaient plus depuis quoi, presque deux ans aujourd'hui, mais le geste s'était dirigé de lui-même et, comme pour se convaincre du contraire, Lawrence laissa glisser sa main le long du vêtement, de la même manière qu'il l'aurait fait pour le défroisser.

« C'était inévitable. »

Tel qu'il l'avait prévu. Un jour ou l'autre, il en viendrait à devoir poser le pied sur le chemin de celui qu'il aurait été s'il n'avait pas quitté la demeure familiale. Il en avait constamment été conscient, mais maintenant que le moment était venu, son corps devint moins manoeuvrable, engourdi par des émotions dont il ne savait que faire. Cette faiblesse, cette incapacité à se montrer maître de lui-même l'exaspérait. Il fallut à Lawrence prendre un temps pour souffler, pour rassembler ses esprits et faire taire la voix de l'irrationnalité. Et lorsqu'il fut à peu près décidé à entrer en scène, la porte s'ouvrit d'elle-même, sur un jeune homme à l'air angoissé.

« C'est vous!
-C'est moi... »

Mauvaise réponse. Ce n'était pas lui. Non seulement il n'était pas le pilote tant espéré, mais aussi, il n'était probablement pas le Lawrence auquel l'on se serait attendu si l'on avait su, de l'autre côté, à qui l'on aurait à faire dans la seconde qui suivrait. La main du jeune homme s'empara du bras du pseudo pilote pour l'entraîner dans le hangar.

« Votre pilote. »

Lawrence n'eut pas le temps de souligner l'erreur. Lorsqu'il tourna la tête, l'autre s'était déjà envolé.
Le hangar était immense et les chasseurs fort nombreux, enlignés en deux longues files près des murs, se faisant face en laissant un grand espace au centre, une piste sans doute. Devant lui, quelques mètres plus loin, deux individus, deux silhouettes familières. Ça y était, il venait d'atterrir, on passait au tableau suivant, dans lequel il interprétait Lawrence Bell, unique héritier d'une fortunée famille de Suria, disparu quelques années plus tôt pour des raisons méconnues. Si ce n'était de l'absence de lunettes et de cravate, ainsi que de la coiffure qui, à l'image de la tête qu'elle chevauchait, avait connu au fil du temps ce que certains auraient qualifié de « laisser-aller », le fils unique de monsieur Bell était le même.
Mais elle, cette jeune fille, n'était plus l'enfant qu'il avait connue. Elle avait grandit, ses cheveux étaient courts, et ses traits avaient mûrit, un peu. Lawrence avait toujours soupçonné la soeur d'Artémis d'être de ces gens qui ne savent pas vieillir, qui le feignent. Ce n'était pas un défaut, simplement une constatation, et lui-même était la cible d'un semblable phénomène, étant aux prises avec l'un de ces visages dont les traits étirent l'enfance.
Il eut aimé s'approcher avec élégance, les saluer comme il savait si habilement le faire, mais il en fut incapable, car ses pieds ne lui obéissaient plus. Ses dossiers dans les bras, Lawrence sourit le plus naturellement possible de son extrémité du hangar.

« Bonjour Camille. Butler... 'Heureux de vous revoir, tous les deux. »

Simples salutations, les mots n'y étaient pas, les traîtres. Ou alors c'était sa voix qui s'éteignait, étranglée par le caractère inattendu de la situation, malgré tout, et surtout malgré lui.
« Camille », il avait dit « Camille », c'est comme ça qu'il l'appelait, depuis leur première rencontre. « Lawrence, je te présente ma petite soeur, Camille. » Elle était petite, mignonne, comme une poupée de porcelaine mais qui, en vint rapidement à soupçonner Lawrence, devait cacher sous sa peau pâle une armure de métal. « Bonjour Camille. » Rien ne semblait pouvoir l'arrêter.
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MessageSujet: Re: la Dame. [Mademoiselle Camille]   la Dame. [Mademoiselle Camille] Icon_minitimeMar 19 Mai - 11:00

- Butler
- Oui Mademoiselle ?
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi, Mademoiselle ?

Le regard rubis coula sous le haute-forme pour se poser sur la frêle silhouette blanche de la jeune fille. Cette dernière avait une petite moue assimilable à une bouderie. Elle releva son visage, laissant voir une paire d'yeux bleu azur sous son élégant chapeau. Non. Mademoiselle n'était pas contente du tout. Elle pousse un soupir exaspéré alors qu'elle tend ses deux bras pour englober la salle dans laquelle ils se trouvaient tous les deux.

- Pourquoi personne n'est là !

C'est ce qu'on appelait un cri du cœur. La voix stridente de Mademoiselle Camille se répercuta sur les murs, renvoya le son comme s'il s'agit d'une balle. N'est là… n'est là… n'est là… Butler n'avait forcément pas la réponse. Il reste donc silencieux, ses mains liées dans son dos comme à son accoutumé. Il observe Mademoiselle faire ses soudains allers et retours en pestant.

- C'est inadmissible ! A la Tour Mirage même, il n'y a personne pour m'accueillir ! Inacceptable, intolérable ! Il n'y a personne !

Ce qui n'était pas tout à fait juste en soi. Dans le hall principal de la Tour, il y avait du passage en ce début d'après-midi. Des secrétaires, des bureaucrates, des Sentinelles, des vigiles, des visiteurs… Il y en avait du monde ! Des grandes personnes qui surplombaient facilement la jeune fille et qui pourtant détournaient les yeux, devenaient sourdes et perdaient la parole. Un petit cercle s'était gentiment dessiné et dont le centre n'était rien d'autre que Mademoiselle Camille elle-même. Les bras croisés, le regard colérique, elle tournait dans ce hall, agaçant et désespérant les quelques employés présents.

Mettez-vous à sa place ! Elle s'est terriblement ennuyée ce matin ! Elle avait enchaîné un cours de mathématique avec un professeur aussi bête et moche qu'un pirate, un cours de piano avec un vieux tordu qui sent aussi bon qu'un cheval et pour terminer une leçon de maintien… Celle-là, elle l'a passé à courir dans tout le manoir à tenter d'échapper à Butler et quand ce dernier a réussi à lui mettre la main dessus – c'est qu'elle court vite et agile comme une souris Mademoiselle Camille ! – les nerfs de la vieille chouette avaient lâché et elle était partie pour toujours semblait-il. Tant mieux. Camille n'avait pas besoin de ce cours-là, elle avait naturellement le maintien et la classe des nobles. Non ?

Quoiqu'il en soit, elle n'avait pas passé une bonne matinée. Et l'après-midi commençait très mal ! Mademoiselle Camille arrêta ses ronds et se posta devant le comptoir de l'accueil les mains sur les hanches tout en prenant son air le plus noble qu'elle put.

- Vous savez qui je suis ?

Vu le soupir étouffé, ça ne devait pas être la première fois qu'elle posait la question. Le secrétaire feuilletait quelques dossiers, feignant d'être débordé de travail, mais sous le regard azur particulièrement insistant il dut les lâcher et centrer son attention sur la demoiselle.

- Ecoutez Mademoiselle Aybara, j'ai fait chercher une Sentinelle. Mais elles ont beaucoup de travail ! Chasser les pirates, veiller à l'ordre dans la ville… Ce n'est pas une mince affaire… vous comprenez ?
- Je veux me rendre à la section anti-piraterie pour voir les chasseurs ! Ce n'est pas compliqué quand même !!

Intérieurement, Camille souriait de toutes ses dents. Non elle ne se lassera jamais de jouer le rôle de la petite peste de noble. C'est à mourir de rire de voir les visages soudain paniqués ou suppliants. Le pouvoir qu'elle exerçait sur les gens était tout simplement incroyable et quelque peu enivrant. Quand on y pense, elle exigeait et on obéissait. Pourquoi s'arrêter dans ce cas ? Elle en était déstabilisée. Quelqu'un lui parlerait comme ça, elle lui enverrait un aller-retour sans avertissement, noble ou pas. Mais non. Jamais personne n'avait levé la main sur elle, même si elle poussait les gens à bout. Des moutons. Voilà ce qu'ils sont. Des moutons qui s'effraient de quelques aboiements d'un chaton qui se prend pour loup.

Le secrétaire ne masqua pas son soupir cette fois-ci. Il craque. Cette gamine lui tape sérieusement sur les nerfs. Il s'empare alors d'un microphone et demande une Sentinelle à l'accueil de la tour. Le sourire victorieux de la petite peste l'acheva. Mademoiselle le gratifie d'un charmant sourire et d'un merci avant de retourner vers son Grand Méchant Loup d'un pas sautillant. Elle n'eut pas à attendre longtemps. La malheureuse Sentinelle volontaire arriva rapidement, se demandant bien ce qui nécessitait sa présence de toute urgence.

- Mademoiselle Aybara désire visiter la section Anti-piraterie, et plus précisément le hangar des chasseurs. C'est vous qui aurez l'honneur de servir de guide à la fille de notre principal mécène…

Le secrétaire eut presque cette joie malsaine de voir les traits de la Sentinelle s'embrunir. Avec un tel argument, elle ne pouvait pas refuser. Cette dernière, en brave soldat, ne répliqua pas, ne râla pas mais se tourna vers l'innocente enfant. Innocente enfant qui avait tout l'air d'un ange pour l'instant avec son sourire enfantin et son regard adorable sous son grand chapeau blanc. La Sentinelle n'avait jamais connu personnellement la cadette des Aybara, et elle se dit que toutes ses rumeurs qui trainaient à son sujet ne sont sans doute pas fondées… Du coup, face à cette adorable bouille, elle ne put que s'adoucir et lui rendre son sourire, avant de lui intimer d'un léger geste à la suivre.

Hurler, crier, sourire… des armes redoutables pour obtenir l'objet de ses souhaits. Le pouvoir des mots et des expressions étaient sans doute plus efficace que les armes. Mademoiselle Camille savait bien qu'elle ne maîtrisait pas le dixième de cette discipline, mais pour le moment, cela lui suffisait amplement. Suivant docilement la Sentinelle, la jeune fille ne s'assura pas que le loup trottait derrière elle. Butler avait suivi l'échange d'un pas en retrait ne se manifestant pas beaucoup. Il ajusta son haute-forme afin de dissimuler ses belles oreilles avant d'emboiter le pas, terminant la petite file. Etrangement, Mademoiselle Camille se comporta en ange. Adorable, charmante, distribuant ses sourires. Vraiment, la Sentinelle ne comprenait pas d'où lui venait cette terrible réputation de peste.

Elle finit par le comprendre.

Arrivée dans le hangar après une rapide visite des autres locaux, les yeux de Mademoiselle Camille se mirent à pétiller et un brin de malice démoniaque se glissa sur son visage de porcelaine. Elle voudrait monter dans un chasseur et faire un tour dans les airs. S'il vous plaît. Non. Comment ça non ? Mademoiselle n'a pas du tout l'habitude d'entendre ce mot. Devant la mine soudain sombre, la Sentinelle essaie d'adoucir ce refus en lui expliquant que oui, voilà, en fait c'est pas possible parce que, en fait…

- Je veux monter dans un chasseur et voler.

Le conditionnel s'est transformé en impératif, mais le ton est resté très correct. Aha. La Sentinelle se justifie une deuxième fois. Forcément, cela ne convient pas à Mademoiselle qui change dès lors de stratégie. Son visage de porcelaine fond pour laisser place à des traits tirés par la colère, les yeux azur bien sombre jettent des éclaires et ses petites mains se ferment rageusement en poing.

- Je veux monter dans un chasseur et voler. Je suis une grande Dame et une grande Dame se doit de faire un tour dans un chasseur au moins une fois dans sa vie ! Et je veux le faire maintenant !!

Inutile d'ajouter un sinon. Mademoiselle prend soudain la poudre d'escampette et file vers le premier chasseur. Elle n'avait plus les manières et les airs des grandes dames… Elle fait le tour, essaie d'ouvrir ce qui peut être ouvert, appuie sur tous les boutons à sa portée, grimpe sur n'importe quoi. Au passage de cette tornade blanche, quelques objets tombent sans réel gravité, mais imaginer un seul instant que quelque chose de précieux se brisent est intolérable pour la Sentinelle. Quelques cris ne suffisent pas à l'arrêter et la Sentinelle ne va pas employer les méthodes fortes tout de même ! D'autant plus que l'ombre géante observe la scène d'un regard rubis à seulement quelques pas derrière elle.

- Je… je vais faire venir un pilote ! Tenez-vous tranquille, je vous en prie, je vais chercher un pilote !

Je vous en prie. Ah qu'il est agréable d'être suppliée. Camille ne comprendra jamais pourquoi on suppliait un enfant… c'était ridicule et pourtant. La Sentinelle court un peu partout, mais bizarrement le hangar s'est peu à peu vidé de ses occupants. Pas de pilote. Et Mademoiselle qui s'impatiente ! La Sentinelle la voit du coin de l'œil, cet étrange sourire aux lèvres, qui l'observe de ses grands yeux azur. Devant l'absence de réponse à son message d'urgence, le jeune homme décide d'aller lui-même cherché ce maudit pilote en voyant Mademoiselle se diriger vers un autre chasseur d'un pas sautillant.

La porte s'ouvre sur le couloir où ses collègues ont lâchement fui. Pas tous. Devant la Sentinelle, se tient son sauveur, peut-être.

- C'est vous !
- C'est moi…

Attrapant le gaillard aux cheveux noirs ébouriffés, la Sentinelle ne chercha pas à en savoir plus ou même à se demander pourquoi un pilote censé faire un tour de vol n'avait pas sa tenue ou avait des dossiers sous le bras. Il le jette littéralement à l'intérieur du hangar avec un "votre pilote" lancé à l'adresse de la demoiselle. Si tôt après, il disparut derrière la porte, s'échappant dans le couloir.

Butler avait instinctivement tourné le regard vers el nouveau venu mais ne se manifesta pas auprès de Mademoiselle. La personne qui se tenait près de la porte ne représentait aucun danger potentiel. Mademoiselle par contre n'avait pas réellement fait attention à l'arrivée d'un soi-disant pilote, bien trop préoccupée par une question existentielle : Que se passe-t-il si j'appuie sur ce bouton-ci ? Un gros bouton rouge avec écrit attention autour. Hm… c'est une question qui mérite réflexion et expérimentation ! Un doigt innocent s'avance alors vers le sujet de ses troubles, mais l'expérience fut distraite par une voix reconnaissable entre mille.

- Bonjour Camille

Les yeux azur se tournent lentement vers la source orale, le doigt figé dans son mouvement. Lawrence ? Elle n'y avait cru qu'à l'instant où sa silhouette s'était dessinée dans son champ de vision. Il avait disparu depuis… depuis longtemps ! Lawrence ? Elle se souvenait que trop bien de cet étrange rêveur au regard perdu derrière de grosses lunettes très laides.

- Lawrence !!

Abandonnant définitivement le bouton rouge, elle détale en sens inverse mais au fur et à mesure qu'elle s'approche, elle ralentit sa course, arrivant jusqu'à lui d'un pas digne et noble. Elle n'est plus une enfant et même si elle doit lever la tête pour le regarder, elle le fait avec un maintien et une grâce qui semble naturelle de telle sorte qu'il semble que ce soit lui qui est trop grand et non elle qui est petite.

- Quel heureux hasard ! Je ne pensais pas que tu étais devenu pilote !

Elle se doutait qu'il y avait eu erreur. Vu sa tenue et les dossiers, elle l'imaginait plutôt dans la paperasse. Lawrence… Comment l'oublier ? Ami proche de son frère, explorateur des étoiles, dévoreur de livres, qui… comme elle est une grande dame, elle empêche ses joues de se colorer à ses multiples souvenirs qui assaillent son esprit. Lawrence lui avait apprit les échecs. De longues séances de tête à tête qu'elle voyait à présent avec une certaine nostalgie et … elle ne sait quoi de plus qui ressemble curieusement à de la tendresse. Mademoiselle trouva étrange d'éprouver de la tendresse pour un événement passé.

- C'est Artémis qui sera content de te revoir !

Ou pas. Son frère avait été mort d'inquiétude dans un premier temps. Abattu dans un deuxième et pour finir très coléreux. A présent il ne voulait plus qu'on parle de Lawrence devant lui. Mademoiselle n'en avait tenu compte. Personne ne lui donne d'ordre de toute façon. Mais elle se rendit compte avec un temps de retard qu'elle pouvait mettre mal à l'aise Lawrence en abordant ce sujet. Après tout, personne ne sait pourquoi il était parti ! Et Mademoiselle ne voulait pas en parler.

- Qu'as-tu fait à tes yeux ?! Où as-tu attrapé ces lucioles ?

C'est vrai qu'il avait des yeux étranges. Mais que c'étaient mignon !! Mademoiselle se hisse sur la pointe des pieds pour mieux les admirer. Ohlalala ! Qui sait ce que Lawrence était parti faire, mais si ça lui a permit d'attraper ses deux petits insectes il avait bien fait ! Luciole verte, luciole violette ! Quelle belle idée !

- Tu as vu Butler ! Tu as vu ses jolis yeux ! Je veux les mêmes ! Demain !

Butler soudain pris à témoin acquiesça d'un simple signe de tête. Il s'était rapproché mais comme à son habitude restait silencieux. Demain, hein ? Si elle s'en souvenait d'ici là. Mademoiselle a une mémoire très sélective.
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MessageSujet: Re: la Dame. [Mademoiselle Camille]   la Dame. [Mademoiselle Camille] Icon_minitimeLun 25 Mai - 20:55

Aucun danger potentiel, Lawrence? Pas très imposant de sa personne peut-être, ni bien intimidant par sa présence toute de bienséance mais, ne demeurait-il pas l'auteur de sa propre et mystérieuse disparition? Ah mais que dis-je, n'avait-il pas renfilé le passé, en pénétrant dans le hangar? Ne redevenait-il pas aussitôt celui qui avait toujours été là, qui avait toujours eut pour mère la très émotive Eliade? La pauvre, elle avait dut pleurer toutes les larmes de son corps, en constatant l'absence de son unique fils. Après tout il le fallait, cela était de l'ordre du bon sens, comme disent les gens du peuple. Une mère pleure son fils et forcément, on excuse une mère de sa propre folie si son chagrin en est la cause. Mais cela était sans importance. Il y avait toujours eut plus important que la famille et le nom, et il en était toujours ainsi. Aujourd'hui, on construisait des chasseurs capables de faire exploser des maisons en appuyant sur un simple bouton, et bien que Lawrence aspire au final à mettre fin au règne des possesseurs de ces armes, il songea qu'il valait mieux éviter que mademoiselle Camille Aybara ne se blesse. Il le songea, mais le désira tout à la fois. « Bonjour Camille » Un fâcheux incident avait été évité.

Il suffit que la voix claire de Camille résonne dans la spacieuse pièce pour que le naturel du sourire de Lawrence se manifeste définitivement. La pression tombait tout en l'ébranlant d'un nerveux bonheur. Le genre de bonheur qu'il ne se permettait même que partiellement étant enfant ou alors, le sentiment de perdre le contrôle l'envahissait, et il devenait quelqu'un d'autre, quelqu'un qu'on ne lui avait pas enseigné à être. C'était terrifiant, ce vertige. Alors non, il ne cédait pas, bien qu'il souriait comme rarement il le faisait. Il la laissa venir à lui, mais fit tout de même deux pas pour s'approcher, et baissa la tête pour la regarder.

« Quel heureux hasard ! Je ne pensais pas que tu étais devenu pilote !
-Il y a eu méprise. Il se trouve que je suis archiviste. »

Il disait vrai, mais omettait simplement quelques précisions. Que dirait-elle, si elle savait qu'il avait rejoint le camp de ceux contre qui oeuvrait sa famille? En vérité, Lawrence estimait, du moins la dernière fois qu'il l'avait vue avant aujourd'hui, que Camille n'était pas encore suffisamment mature pour se faire sa propre idée des véritables enjeux politiques. D'un autre côté, il se disait qu'elle était assez jeune pour être sauvée des idées préconçues que lui imposaient les siens mais, risquer de lui révéler ses intentions rimait à s'exposer à l'échec possible de ses projets, l'aboutissement de tous ses espoirs. Il ne pouvait sacrifier ses ambitions, qu'il considère tel que ses devoirs, pour l'intérêt d'une seule personne, qu'il s'agisse de son intérêt ou de celui de Camille.

Artémis. Il n'avait pas encore cherché à le revoir, et Lawrence s'était dit qu'il le laisserait venir à lui, alors il l'attendait toujours. Cela ne saurait probablement tarder, maintenant que sa soeur l'aurait revu, et d'ailleurs cette hasardeuse rencontre avec Camille lui serait fort probablement utile. Non seulement il aura expérimenté la confrontation des sentiments qu'un tel retour dans sa vie d'antan éveillait en lui, mais en plus, si son amitié avec Camille se rétablissait de ses années de silence, telle qu'elle paraissait le faire déjà, alors regagner la faveur d'Artémis serait chose relativement aisée.
Tout de même, à la mention de l'héritier des Aybara, Lawrence afficha un air un peu gêné, souriant cette fois que timidement. Son aisance à être lui-même, enfin, ce Lawrence-là, l'étonnait lui-même, mais le temps n'était pas aux constatations de ce genre, non, il fallait plutôt... Se laisser prendre au jeu mais, avec méthode, tient. Voilà qui résumait bien la situation. Et puis, il reste qu'au fond, rien de ce qu'il ressentait n'était complètement faux, au contraire, il se devait seulement de demeurer en surface, d'être l'archiviste et rien de plus, rien de moins.

« Oh! Je... »

Elle s'était soudainement rapprochée pour fixement darder ses yeux sur les siens. Si les grandes dames de la trempe de Mademoiselle Camille n'éprouvent pas de difficulté à chasser le rouge de leurs joues, et bien les grands hommes tel Lawrence, eux, au contraire mènent au pourpre une lutte perdue d'avance. Par contre, précisons que la demoiselle touchait là une corde sensible, bien qu'en temps normal, c'est-à-dire au sein des confrères pirates du stratège, la chose était devenue commune. Retrouvant l'esquisse d'un sourire, il répondit aux interrogations de Mademoiselle Camille.

« Merci... En vérité, mes yeux ont toujours été ainsi, commença-t-il d'un ton hésitant, mes lunettes en corrigeaient la couleur plus que la vue puisque... je n'ai aucun problème de vision. Pressentant qu'il ne s'en tirerait pas aussi simplement, il crut plus avisé d'ajouter quelques explications improvisées. Eliade craignait que les autres enfants se moquent. J'ai donc pris l'habitude de les porter mais, entre nous, je soupçonne plutôt ces énormes binocles d'être les vrais coupables des torts que quelques gamins ont pu me causer par le passé... conclut-il d'un air amusé. »

Loin de lui l'intention de s'attirer la pitié de qui que ce soi, mais il n'était pas faux que jadis, l'on s'était moqué à plusieurs reprises des fond-de-bouteilles qu'il avait sur le nez en permanence. Qui ne l'aurait pas fait... Et puis de toute façon, il n'en ressortait visiblement pas particulièrement affecté, du moins pas distinctement.
Lawrence se surprit à noter une erreur dans son discours. Il ne devait pas se laisser aller à raconter de telles histoires, qui n'étaient au fond rien de moins que des mensonges. Il ne savait pas, après tout, ce qui avait été dit à la suite de son départ. Il mentait et risquait par le fait même de se retrouver en une fâcheuse situation. Il ne s'agissait là que d'un mensonge anodin, mais il ne devait en aucun cas risquer de compromettre sa crédibilité. Mentir était à éviter le plus possible, cela faisait partie des règles qu'il s'était imposées en infiltrant la Tour Mirage, et même si une partie de lui désirait plus que tout se dévoiler à cette petite dame qu'il estimait grandement, il devait se garder d'un trop dangereux enthousiasme. Et donc, calme et amabilité étaient de mise, sans plus.

« Camille... Je crains ne pas avoir les qualifications requises pour t'amener dans le ciel mais, je peux à tout le moins te le montrer de plus près...si tu le souhaites. »

Elle apprécierait, cinq à dix secondes peut-être, mais elle apprécierait tout de même, se disait Lawrence, ce qui tout de même n'était pas rien, considérant la grande dame à qui il avait à faire.

~

Un étage au-dessous du hangar no.8 s'affairait depuis le matin un jeune homme à diverses occupations. Il avait d'imminents personnages de la scène politique à contacter, et puis cette deuxième secrétaire à embaucher, heureuse élue parmi toutes ces demandes d'emplois, en plus de cette conférence à organiser... Et au milieu de toute la paperasse qui couvrait le bureau, il y avait cette photographie, ressortie depuis peu des méandres d'un tiroir aux souvenirs oubliés. Deux jeunes garçons y figuraient, l'un aux cheveux foncés, l'autre plus pâle. Ce dernier tenait son voisin par les épaules et souriait avec enthousiasme, tandis que celui aux lunettes se faisait plus discret.
Il n'avait jusque là toujours pas trouvé le temps d'aller à sa rencontre, ou plutôt de ravaler sa colère. Et pourquoi fallait-il que ce soit lui, qui fasse les premiers pas!? Pourquoi Lawrence ne se manifestait-il pas? Il le savait réservé et peu bruyant mais, à ce point! Peut-être éprouvait-il une gêne terrible à l'idée de devoir s'excuser et s'expliquer? Il devait avoir honte, forcément... Après tout ce temps, et surtout, après tous ces projets d'avenir qu'ils avaient élaborés! Qu'il avait élaboré, pour eux... Mais qu'importe, il aurait put au moins lui dire pourquoi il partait. Artémis ignorait ce qu'il en était mais, il aurait compris. N'étaient-ils pas amis, après tout? La secrétaire, entre ses inlassables plaintes et demandes pour enfin avoir ses fins de semaine, lui avait conseillé d'accorder le bénéfice du doute à cet « ex-ami » dont il lui parlait tant récemment. Elle disait qu'en plus d'être moins stressant pour lui, et donc moins pénible pour son entourage, il pourrait en bout de ligne être agréablement surpris des réponses qu'aurait à lui offrir le dit « ex-ami »... Peut-être n'avait-elle pas complètement tort. Reste que, il avait été ingrat, et ça, il n'hésiterait pas à le lui dire. Enfin, si jamais il se décidait à le revoir, bien entendu.
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