Le chien de garde. [Libre à qui voudrait faire avancer le réçit]

Tic-tac, tic-tac, tourne, tourne, petite horloge.

Des jumelles scrutant la rue avec attention, un bouche mordant fébrilement une cigarette. Une tronche qu'on aurait cru enfermée depuis des années dans une cave. C'était le boulot du jour. Il posa les jumelles on ne sait où et se laissa tomber sur un lit de camp à l'autre bout de la petite pièce, le genre bourré de vermine, dont même un clodo ne voudrait pas. Y avait des jours comme ça où vous vous demandiez dans quelle merde vous vous étiez encore mis, vous lavant au passage les mains de toute culpabilité. Jusqu'à vous rappeler du pourquoi et du comment. Alors vous vous sentiez con, abruti, débile tout ce que vous voulez, mais pas innocent. Vous vous rendiez compte que vous deviez votre situation à vous et vous seul. Qu'à vous regardez vous étiez le seul fautif de votre galère... Alors pourquoi en être arrivé là ?

Un temps.

Ah oui... La paie ?

Un temps.

Et surtout comment ?...

Un temps.

Une réminiscence, il se revoyait ouvrir sceptiquement l'épaisse enveloppe brune, éparpillant tous les documents sur sa vieille table en bois, l'air hésitant. Putain qu'il se disait. Quelle truc c'était.. Un morceau trop gros pour une racaille dans son genre. d'habitude il refusait purement et simplement de tremper dans les trucs d'une telle envergure. C'était pas pour lui. Non monsieur. Mais cette fois quelque chose avait semble-t-il... Changée. Le fric qu'on lui verserait pourrait lui assurer un moment de tranquillité. Il avait hésité. Longuement. Putain ouais... Avant de décider que quelqu'un dans son genre n'avait pas d'éthique à faire valoir face à un prix aussi conséquent... Il avait accepté. Ouais. Pour le meilleur, à savoir la paie, et surtout, pour le pire...

Un temps.

Le quartier était pourris. Le genre parfait pour le boulot. Le lieu le plus dégueulasse de toute la capitale, regroupant le gratin de la pire merde sociale qu'il ait pu jamais existé. C'était pour ainsi dire pire que le pire des coupes gorges qu'il jamais vu. Et putain, il exagérait pas... On y trouvait de tout, assassins, escrocs, voleurs, catins diverses, ivrognes etc etc... Pas une seule personne à peu près saine. C'était habituellement quand on arrivait dans ce genre d'endroit que les gens remettaient en question leur conception de l'enfer.

Et c'était malgré tout, et pour ainsi dire, son actuel lieu de travail. Le job du jour consistait à jouer le "chien de garde", pas d'action, pas de mouvement, il devait simplement surveiller une bande de connards, lesquels exportaient leur drogue un peu partout dans la cité. Une sorte de filature en somme. Le genre de truc que les sentinelles se coltinaient parfois sous le manteau... L'intention aurait presque louable si l'appât du gain n'était pas là, s'il ne bossait pas pour "le mauvais camp". Ouais, non pas qu'il aurait rechigné à voir toute cette vermine disparaître, mais il avait d'autres priorités. Le genre qui l'amenait à bosser avec une vermine encore pire : le crime "organisé", la piraterie. C'était con mais comme ça. Au lieu d'être un bon citoyen, il était le larbin de connards qui étaient sûrement en train de se marrer en pensant à lui, à bord de leurs aéronefs. Au fond ça lui était égal, il était une sorte "d'électron libre" et s'en lavait les mains de toutes ces conneries. Tant qu'on le payait...

Un temps.

...Mais en arrivant dans la planque, ou plutôt dans le trou qu'il allait habiter, il se remit en question, oh pas beaucoup, juste une fraction de seconde. Le temps de se demander si le coup en valait la peine. Et surtout d'y apporter bien vite une réponse : Ouais. Pour une telle somme il irait au bout du monde. Quoique... Peut être pas, au vue de la pièce. C'était le genre de truc là où le soleil ne brillait jamais, et il ne déconnait pas. On aurait eu l'impression que la nuit s'était posé dessus, façon éternelle. Le décor participant grandement à l'illusion : Quatre murs pourris par l'humidité, un plancher grinçant, des fenêtres à moitié condamnées tellement dégueulasses qu'on aurait du mal à croire un jour propre, Un lit de camp tout aussi crade, quelques caisses de ration militaire sûrement avariées. Et... C'était à peu près tout. Ah oui, il oubliait la vieille radio à moitié morte et marchant une fois sur quatre. Fin voilà, vous comprenez, c'était pas la joie. Et le vieux conard devait rester le cul vissé sur une chaise la moitié du temps à boire du café et observer les alentours avec des jumelles.
Parfois il s'autorisait une petit sortie, histoire d'aller se saouler au bar miteux du coin. Quelque chose qu'il avait prévu de faire ce soir là. Un soir en apparence tout ce qu'il y avait de plus "ordinaire"...

Bon on ne va pas y aller par quatre chemin, les pirates ne sont pas très amis-amis avec les autres hors-la-loi, on pense là tout de suite aux mercenaires. Il y en a plusieurs sortes, mais parlons plutôt des dealers ceux qui vendent des substances aux effets particuliers, vous savez ces trucs qui vous déchirent toute une journée, vous emmenant dans un trip psychédélique ! Exact, la drogue. En effet il n’y a pas longtemps Leila a envoyé une demande de surveillance à un certains… Grey. Effectivement, cette demande est assez paradoxale, des pirates qui demandent que l’on surveille des dealers, des pirates qui demandent que l’on surveille des bandits. D’abord il y avait une raison assez particulière de la demande du clan Momiji envers un citoyen. La plupart des espions étant pris, cette demande a été faite à quelqu’un extérieur au clan. Mais qui sait peut être y avait-il autre chose derrière cette demande ?
Cet homme assis dans un coin d’un bar miteux, cet homme portant des habits assez extravagants admire tranquillement son verre d’eau. L’eau crasseuse n’était pas totalement claire, il sourie. Peut être à l’idée de se demander combien y avait-il de chance que dans ce ver d’eau se trouvait un ver de médine ? Vous savez ces petites bêtes qui après être dans votre corps se dirigent vers votre jambe pour grandir d’environs soixante centimètres … ? Répugnant dites-vous ? Effectivement.
Je soupire. Bordel. Quelle mission ennuyeuse, aucune fille dans le coin, ou alors toutes édentées ; affligées de maladies dues à leur métier déplorable. Des prostituées. Même pas un jeune-homme digne de ce nom. Et je suis là à surveiller cet homme. Cet imbécile de son coin regarde ces dealers avec des jumelles. Amateur !
Effectivement rien pour nourrir la faim insatiable de cet homme, Rowen. Il ajuste son chapeau haut de forme qui cache ses yeux uniques, sans pupille, dorés, envouteurs. On se demande assez bien comment quelqu’un comme Rowen peut être un espion, effectivement il ne passe pas inaperçu n’est-ce pas ?
Ce qui est bien, c’est qu’ici on a l’habitude des pirates, dans nos costumes spéciaux. On ne nous pose pas de question, on nous laisse tranquille, ça laisse une marge d’erreur aux calculs. Mes chers calculs… Je parie que cet homme va aller dans un bar ce soir. Tant mieux, rien ne vaut un bar miteux pour une rencontre comme la notre.
Soudain, Rowen se lève brusquement. Il se déplace entre les tables, évitant les mains baladeuse avec une simple vision d’un couteau à sa jambe, ce petit chéri est bien aiguisé, tranchant la chair comme du beur. Main baladeuse ? Voyons combien y a-t-il de voleur dans cette salle à votre avis ? Cinq, dix, tous ? C’est ainsi qu’il s’assoit à une table.
« Bonjour, on m’appelle Hansel. Je me demandais, qu’observez-vous dont avec ces jumelles ? Enfin ce n’est pas le but de ma visite, rassurez-moi je ne vous dérange pas ? Je m’ennuie légèrement, vous êtes surement la seule personne intéressante aujourd’hui dans cet endroit ! »
Hansel, j’adore ce nom, reste à savoir si il a compris pourquoi je suis là. Je suppose, il ne faut pas être stupide pour avoir survécu, pour mes petits calculs il me fallait quelques informations sur lui. Mais mes calculs atteindront la perfection comme d’habitude, et en tant que trésorier je devrais faire moi-même les comptes après avoir rafler la mise des charmants personnages qui s’activent dans la rue...
Et voilà sa nature, vil escamoteur. Mais son plan ne se résume pas qu’à ça. Il parle de perfection, attendons-nous à apprécier. Il reste fourbe et rusé, un pirate…

Hs: Tu auras tout ce que tu demandais dans ta demande de rp =3.

Alors que la canaille s'abîmait dans la contemplation inconsciente de la barmaid, qui avait visiblement été bercée trop près du mur, noyant ce qui lui restait de dignité dans un platine liquide douteux travestie en alcool, il se sentit vraiment con. Peut-être étais-ce parce qu'un camarade anonyme de lent suicide collectif s'était écroulé à ses pieds, ramenant par une éructation monstrueuse l'équivalent d'une marmite de porridge à l'air libre, ou peut-être parce que la dite tenancière défigurée lui avait tendu son numéro accompagné d'un clin d'œil (si mal exécuté qu'il cru un instant à un anévrisme). En réalité c'était sûrement la somme de toutes ces saloperies s'ajoutant à une impromptue apostrophe suivie d'un envahissement de son espace vital qui l'avaient fait lancer un si magnifique et gracieux : « hein ? ».

Et parce que, évidemment, la raclure avait pourtant bien entendu la demande sur vitaminée du botté et couleur pastel, il eut un vague mouvement de recul, se mis à se balancer sur sa chaise le détaillant d'un regard sceptique et dégoûté et finit par lâcher un grognement mécontent.

« T'éspère que j'porte des jupons et m'appelle Grettel ? »

Un temps.

Songeant au double sens possible des dernières phrases de l'inconnu il blêmit et ajouta :

« Je crois qu'il y a erreur, j'mange pas de ce pain-là. »

En bon homophobe il fit claquer sa langue contre son palais en signe d'agacement et détourna ses yeux gris vers la porte qui claquait à la suite de nouveaux arrivant. Il s'apprêtait à accoupler un « va deux pâtés de maison plus loin et tu trouvera ton bonheur » à sa dernière réplique mais le brouhaha de la pièce semblait s'être revigoré et il abandonna, par flemme, ignorant la question sur les jumelles avec autant de flegme que possible. Il baragouina d'obscures insultes à l'intention de son verre après avoir réalisé qu'il s'agissait entre autre de mules, sous-merdes tenues par le manque et les couilles, chargés du transit entre quartier de toutes les saloperies possibles et imaginables si tendre à nos veines et naseaux.

Un temps.

Allez savoir ce que ces organismes primaires, des gosses au visage de vieillards, venaient foutre dans un bar. Il semblait presque obscène de les imaginer, en plus, se bourrer joyeusement à coup de détachant de bonne ménagère. Certains, quatre jugea rapidement Dust, prirent une table tandis que d'autres, moins nombreux, partirent paître dans ce qui servait d'urinoir derrière une porte vermoulue.

Un temps.

Il s'apprêtait à commander une nouvelle bouteille à l'androgyne faisant mine de serveur lorsque l'un des attablés balança les verres au sol d'un leste geste incontrôlé avant de s'affaler en convulsant sur la table.

Un temps.

Puis plus rien. Juste un peu d'écume au lèvre, un silence de plomb des regards surpris puis dégoûtés puis carrément hostiles. Puis chacun retourna à son fond de bouteille tandis que l'on faisait sortir le gosse les pieds devant. Notre tendre héros secoua la tête, les yeux aux ciels, puis fit pris d'une macabre curiosité : qu'allez-t-il faire du corps ?

Un temps.

Et si on retournait jouer avec les jumelles ? Il s'apprêtait à se lever mais ses yeux se posèrent sur le prétendu Hansel. Eh ben merde.

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